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Retour des dogons à Nana-Kenieba au Mandé : L’Union Européenne finance un film sur cette expérience

Ce film en réalisation est relatif au retour de deux milliers de dogons à Nana-Kenieba dans la commune de Siby au Mandé. Ce retour est en cours depuis avril 2016.

 

En effet, lors du cinquantenaire de l’école de ce village, l’ancien honorable Lanceni Balla Kéita qui en est un natif a invité les honorables députés de Bandiagara, Douentza, Koro et Bankass notamment Elias Goro, Amadou Dièpekilé, Oumar Tapily et quelques maires et talibés du pays dogon à participer au cinquantenaire de cette école. C’était le 10 octobre 2010. Ils ont été séduits par la nature verte du paysage et les montagnes verdoyantes tout autour de ce village, qui en plus ressemble au paysage du pays dogon des années lointaines.

Ils venaient de découvrir une partie du Mandé profond.

Forts impressionnés par l’environnement ainsi découvert, ils ont demandé au chef de village s’il y avait une possibilité que certains de leurs compatriotes viennent s’installer à Nana-Kenieba disposant d’énormes milliers d’hectares de terres arables.

Les responsables du village ont promis de leur répondre bientôt. Six années se sont passées sans réponse de la part du village de Nana-Kenieba. Mais en réalité, le chef de village pensait que ladite demande était une simple formalité d’appréciation de l’environnement dans lequel ils venaient de se trouver. C’est donc en 2016, après un rappel de la part des députés dogons ayant effectué le voyage de 2010 que les populations de Nana-Kenieba ont donné leur accord.

Pour ce faire, la chefferie a fait procéder au parcellement de 2 mille parcelles au profit des dogons. C’est ainsi qu’une quinzaine de nouveaux quartiers ont été créés. Certains quartiers portent des noms dogons notamment les quartiers Hogonbougou, Abirébougou, Sekousalabougou, Hassanabougou etc….

Le premier contingent venu prospecter les lieux comptait 66 membres et le deuxième contingent de prospection comptait 365 membres. Ces contingents étaient composés en grande partie de fonctionnaires et d’une centaine de paysans. C’est à leur retour que les paysans dogons plus intéressés sont arrivés par vagues successives avec familles pour certains et seuls pour d’autres, le temps de construire leurs habitations.

De nos jours, environ 2000 âmes sont venues du pays dogon pour Nana-Kenieba, qui a doublé en quatre ans de population. Parmi ces arrivants, il y a des volontaires et des déplacés comprenant des femmes veuves, orphelins à bas âge démunis à cause de la guerre du centre. L’avantage que ces arrivants ont eu est le fait qu’une parcelle d’habitation a été affectée à chaque foyer. Une fois l’habitat construit, chaque foyer a bénéficié de deux hectares de terre comme champ de culture. Pour une meilleure intégration, 24 dogons ont été admis au conseil villageois de Nana-Kenieba. Ceux qui ont voulu faire du commerce ont eu gratuitement des parcelles de part et d’autre de l’artère principale menant au village. Les boutiquiers et autres entrepreneurs dogons ont fait de cette artère une rue marchande, toute chose qui a donné une certaine vitalité au village. L’école du village qui était en manque d’élèves a vu ses effectifs passés du simple au triple en quatre ans.

Egalement, cet apport d’enfants a évité à l’école du village d’être fermée. Aussi au niveau du Centre de Santé Communautaire, les activités étaient presque inexistantes, mais avec la présence des dogons, le Centre de Santé Communautaire a eu un nouveau souffle qui fait qu’il est rentable depuis. Avant leur arrivée, la consultation prénatale ne comptait qu’une ou deux femmes par mois. Mais actuellement, elle compte au moins 30 femmes.

Sur le plan religieux et cultuel, les adeptes de l’islam ont bénéficié d’une mosquée dont l’Imam est dogon, tandis que les adeptes de l’église protestante ont fini, il y a un an, de construire leur paroisse. Depuis le mois de juillet 2020, un pasteur a été affecté à cette paroisse.

Quant aux catholiques, ils continuent de prier dans une salle en secco en attendant d’avoir les moyens pour ce faire. Les féticheurs et les donsos dogons ont fait leur intégration dans les différentes confréries.

Il faut noter que toutes ces religions vivent en symbiose totale, surtout lors des événements sociaux. Sur le plan agricole, leur présence à Nana-Kenieba a permis de stabiliser le prix du maïs pendant la période de soudure. Avant leur arrivée le prix du sac de 100 kg de maïs coûtait à cette période 20 000 à 25 000F CFA.

Par leur production de maïs, le prix a chuté à 15 000F CFA pour le sac de 100 kg. Le jardinage le long du marigot s’est intensifié. Les principales cultures dans les jardins sont les aubergines, les papayes, les gourches, les salades, les carottes, l’igname etc…

Ces produits sont entièrement vendus dans le village. Concernant la culture, le village a fait fabriquer des masques dogons afin de créer une troupe folklorique en 2017. Cette troupe des dogons, jointe à celle mandingue du village de Nana-Kenieba, a fini par créer un site d’attraction pour les touristes désormais dans le village de Nana-Kenieba. Cette expérience unique en son genre mérite d’être connue. Heureusement que l’Union Européenne a accepté de financer un film sur cette expérience unique au Mali pour en faire une large diffusion.

Cette expérience procède de la cohésion sociale, du combat contre l’exclusion sociale et la discrimination surtout en ce qui concerne les femmes. Elle contribue à la paix et à l’élimination de la pauvreté car ceux qui étaient devenus pauvres au pays dogon ont refait leur vie dans le bon sens. Il en est de même pour ceux qui étaient dans l’insécurité.

Une nouvelle vie s’est créée à Nana-Kenieba avec l’arrivée massive des dogons comme l’avait prédit au 14ème siècle le prédicateur Abiré Goro. Cependant l’épine de la rose est le manque d’eau potable. Aujourd’hui certaines familles vont jusqu’à 1km pour avoir de l’eau potable. C’est une difficulté majeure à résoudre car l’eau, c’est la vie.

ND 

Source : L’Alerte

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