Après l’échec d’un premier chronogramme arrêté, lors de la 18e session du Comité de suivi de l’accord, le 6 juin dernier, les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale (gouvernement et groupes armés) se sont retrouvées, vendredi dernier, autour de la table à Bamako.
À l’issue de cette journée de discussion et d’évaluation, les participants sont parvenus à un nouveau calendrier, notamment en ce qui concerne le retour de l’administration et de l’armée à Kidal.
‘’Les acteurs maliens’’ au processus de paix étaient réunis, vendredi dernier, pour une journée d’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
La rencontre était présidée par le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga. C’était en présence du président du Haut conseil des collectivités, Mamadou Satigui Diakité ; du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord, Mahamadou Diagouraga; et de plusieurs acteurs de la société civile.
Membres du gouvernement, représentants de la Plateforme et de la CMA ont voulu mettre à profit le deuxième anniversaire de la signature de l’Accord de paix pour non seulement mesurer le chemin parcouru, mais aussi trouver des voies et moyens pour sa mise en œuvre accélérée et judicieuse.
Priorité du gouvernement
Au-delà de la symbolique de l’anniversaire, le contexte actuel, marqué par les tensions sociales, la recrudescence des conflits communautaires et surtout la répétition des actes terroristes et l’absence de l’État sur certaines parties du territoire, pour le chef de gouvernement, il était nécessaire de réfléchir à l’élaboration d’une feuille de route sur la base d’engagements précis des parties.
Le Premier ministre, tout en demandant l’engagement de tous, a insisté sur le fait que la mise en œuvre de l’Accord reste la priorité du gouvernement.
Aussi, a-t-il rappelé, les avancées enregistrées dans les quatre domaines prioritaires dudit Accord grâce aux initiatives du gouvernement et à la mobilisation de la communauté internationale dont il a loué l’action. Il s’agit, notamment de la mise en place de la Commission-vérité, justice et réconciliation ; l’élaboration et la mise en œuvre du Programme de développement accéléré du Nord ; et de la Stratégie spécifique de développement intégré des régions du nord du Mali.
Par ailleurs, il s’est réjoui du redéploiement du personnel judiciaire, de l’opérationnalisation du MOC (mécanisme opérationnel de coordination), de la création de nouvelles Régions dans la partie septentrionale du pays, de la tenue de la Conférence d’entente nationale et de l’élaboration de la Charte pour l’unité et la réconciliation nationale.
Un passage obligé pour la paix
Selon le chef du gouvernement, il n’y a pas de paix sans sécurité. À ce propos, il a insisté sur l’effectivité du cantonnement, du DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) et surtout le retour de l’administration à Kidal.
«Pour relever ces défis, la volonté et l’engagement des parties doivent être sans équivoque pour panser les douleurs et faire disparaître les cicatrices », a-t-il déclaré. A son avis, la mise en œuvre intégrale de l’Accord suppose nécessairement des moyens financiers. À ce niveau, le Premier ministre a soutenu que le gouvernement, en plus de son propre apport, va exploiter au mieux les instruments de mobilisation de fonds comme cela a été le cas en 2015 avec la conférence de Paris ayant réuni plusieurs donateurs.
Pour atteindre cet objectif, le chef du gouvernement a souhaité que soient validés des mécanismes comme la stratégie spécifique de développement des régions du Nord.
L’une des conclusions fortes de cette journée est que les trois parties (gouvernement, CMA et Plateforme) ont accepté, autour du Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’Accord, de fixer et d’adopter, dans un bref délai, un chronogramme réaliste et consensuel pour le retour de l’administration et de l’Armée à Kidal.
Relance du processus de paix
À l’issue de la journée, le gouvernement et les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger ont relancé le processus de paix avec la conclusion d’un nouveau calendrier d’application de l’accord, deux ans après sa signature.
«La Plateforme, la Coordination des mouvements de l’Azawad et le gouvernement ont discuté directement, et ça s’est bien passé», a assuré à l’AFP Mohamed Ould Matali, député de la majorité présidentielle et membre de la Plateforme.
Il a reconnu que les choses ‘’avaient traîné et nous avons fixé un nouveau calendrier pour appliquer l’accord ».
Confirmant « la bonne ambiance » des discussions, Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, a confirmé que les trois parties avaient « arrêté de commun accord un chronogramme d’application des tâches urgentes ».
« Nous voulons donner un nouveau souffle à l’accord de paix. D’ici le 20 juillet, le MOC (Mécanisme opérationnel de coordination qui doit organiser les patrouilles mixtes sur le terrain, entre les différents groupes armés signataires de l’accord d’Alger) y compris à Kidal pourrait être opérationnel », a précisé Ilad Ag Mohamed.
« Les autorités intérimaires y compris à Kidal et dans toutes les autres régions seront installées d’ici le 31 juillet. D’ici le 30 septembre, les questions de justice transitionnelle, notamment le rôle des kadis, ceux qui rendent la justice religieuse, devraient trouver une solution », a-t-il poursuivi.
Il a, par ailleurs, ajouté que les trois parties avaient décidé de l’installation de l’administration à Taoudéni, une des deux nouvelles régions administratives du nord du pays.
« D’ici le 20 juillet, les lignes vont bouger »
Interrogé par l’AFP, sur la date du retour de l’administration malienne dans la ville de Kidal toujours occupée par les ex-rebelles de la CMA, Ilad Ag Mohamed a déclaré : « d’ici le 20 juillet, les lignes vont bouger ». Selon lui, « dès la semaine prochaine », une commission technique composée des représentants des trois parties va se réunir « sur cette question, mais aussi sur le retour des réfugiés, l’aide urgente à apporter aux populations ».
Le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, qui avait participé à la rencontre, a lui aussi confié que les mesures annoncées par les groupes armés avaient effectivement été prises d’un «commun accord ».
Par Sidi Dao
Source: info-matin