En dépit de la réquisition des magistrats par le gouvernement, les syndicats de magistrats entendent poursuivre leur grève. Du moins, jusqu’à satisfaction de leurs revendications.
Entre les syndicats des magistrats et le gouvernement, c’est le dialogue de sourds.
Au cours du journal télévisé du 09 octobre dernier, le ministre du Travail et de la Fonction Publique chargé des relations avec les Institutions, Racky Talla, annonçait la réquisition temporaire des magistrats.
En grève illimitée, depuis le 25 juillet dernier, les magistrats refusent de se plier à cette injonction du gouvernement. Malgré les menaces de retenues opérées sur leurs salaires et indemnités, les syndicats n’entendent pas lever leur mot d’ordre de grève.
« Nous pensons que c’est du bluff. Mais, ce n’est pas avec les syndicalistes de la magistrature qu’il faut se comporter ainsi », prévient Hady Macky Sall, secrétaire général du SYLIMA.
Pour lui, le Premier ministre ne peut pas « réquisitionner les magistrats ».
« Membre d’un autre pouvoir, en l’occurrence l’exécutif, Soumeylou Boubeye Maïga ne peut pas réquisitionner les personnes d’un autre pouvoir », précise-t-il.
Et de poursuivre : « Même s’il veut, il ne peut pas. Le premier blocage de sa volonté est la loi sur la réquisition des personnes et des biens ».
En clair, l’Etat ne peut réquisitionner des personnes ou des biens que lorsqu’il est en guerre ou dans un état d’exception. Ce qui, selon lui, n’est pas le cas.
Dans ce dialogue de sourds, ce sont les usagers de la justice qui paient les pots cassés. Les cellules des brigades de gendarmerie et des commissariats de police sont bondées. Les prévenus, qui devraient être libérés de prison, continuent de croupir en prison.
Pour le Premier ministre, le gouvernement n’a pas les moyens financiers pour satisfaire aux revendications des magistrats. Notamment, la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires, la relecture de leur statut et la valorisation de leur grille salariale.
Oumar Babi
Source: Le Canard Déchaîné