Dans un communiqué, le 5 août 2020, Amnesty International a dénoncé la «répression sanglante» des manifestations et exigé l’ouverture d’une «enquête approfondie» sur les tueries dont une dizaine par balles.
Notons que situation a dégénéré, le 11 juillet, après des rumeurs ont fait état de l’arrestation de la figure emblématique de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko. «Des manifestants et des habitants se sont rassemblés près de son domicile», a expliqué dans un communiqué, Ousmane Diallo, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty. «Des agents de sécurité et des policiers ont alors tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant quatre personnes», a dit le même responsable d’Amnesty.
L’ONG affirme également que plusieurs personnes ont été tuées par des balles perdues alors qu’elles ne participaient pas aux manifestations. Elle cite le cas d’un homme de 25 ans atteint dans une mosquée et celui d’un laveur de voitures de 21 ans. Amnesty estime à «au moins 11» le nombre de manifestants et de passants tués. Dans son communiqué, l’ONG réclame aussi une «enquête approfondie» sur le rôle qu’aurait joué la Force spéciale antiterroriste (Forsat) dans ces événements. Cependant, selon des témoins cités par Amnesty, «des hommes encagoulés et lourdement équipés et armés et soupçonnés d’appartenir aux Forsat sont arrivés à bord de deux bus banalisés afin d’interrompre (un) rassemblement» de l’opposition. Ils sont également soupçonnés d’être intervenus aux abords du domicile de l’imam Dicko.
En attendant, les protagonistes, « Régime et le M5-RFP » s’accusent mutuellement. Alors que du côté du régime, on regrette « les scènes de violence et de saccage » en violation des règles de l’Etat de droit pour le M5, le principal responsable de ces massacres n’est autre que le régime. « Les manifestants étaient à mains nues », ont-ils noté dans un communiqué. Et d’annoncer le dépôt de plaintes auprès des juridictions nationales et de la Cour pénale internationale pour situer les responsabilités dans les tueries et les blessures lors de la manifestation des 10, 11 et 12 juillet 2020. «Nous ne pouvons pas accepter que l’argent du contribuable utilisé pour équiper nos forces armées et de sécurité pour combattre le terrorisme que ces armes soient retournées contre les Maliens à mains nues», ont protesté les responsables du M5-RFP.
Amidou KEITA