«Restaurer les valeurs que regorge l’Afrique pour que les communautés retrouvent leur bien-être d’antan, notamment en matière de la santé de la reproduction», telle est la décision de la session des Premières dames tenue en marge du sommet Afrique France, confinée dans un document intitulé «l’engagement de Bamako » qui est une panoplie de décisions de la quinzaine de Première dame en faveur de la santé de la reproduction des jeunes et des adolescents. Qu’en est-il ?
Après avoir mis en exergue les pratiques traditionnelles éprouvées depuis des générations et intériorisées par les communautés sur la santé sexuelle et de reproduction pour le changement de comportement positif, les Premières dames dame venue à Bamako, ont échangé leurs expériences respectives pour contribuer à l’amélioration de la santé de la reproduction des populations en général et des adolescents. Et cela, à travers les meilleures pratiques traditionnelles et culturelles qui existent dans nos différents pays.
La montagne a accouché d’un gros gibier, c’est par ces mots que l’on peut qualifier les issues de cette rencontre continentale qui a été sanctionnée par une brochette d’engagements personnels pour leur pays respectifs.
Parties des postulats selon lesquels la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes est une composante importante du droit à la santé, des droits de l’homme, des programmes de développement et qu’elle est une partie intégrante des programmes d’action de la conférence internationale pour la population et le développement (CIPD), des objectifs de développement durable (ODD) ainsi que la position commune africaine Post-2015 ; la vision 2063 de l’Union africaine ; le cadre directeur continental pour la santé sexuelle et les droits liés à la reproduction, élaboré par la Commission de l’union africaine, les Premières dames s’engagent à :
Engagements
Poursuivre le plaidoyer en vue de la prise de mesures urgentes de la part des décideurs pour permettre un accès aux services de la santé de la reproduction conviviaux, de qualité y compris la planification familiale pour les adolescents et les jeunes ;
Plaider pour la prise en compte des cultures et des pratiques traditionnelles positives dans les programmes de santé de la reproduction des adolescents et des jeunes afin de les rendre conviviaux, accessibles et efficients ;
Inviter nos gouvernements, les institutions de recherche et les partenaires au développement à mener des études approfondies sur l’apport des cultures et des pratiques traditionnelles à l’amélioration de l’offre et de la demande en matière de santé de la reproduction des adolescents et des jeunes.
Promesses
Aussi, sachant bien que les jeunes constituent plus de la moitié de la population sur le continent africain et qu’ils sont non seulement un atout pour l’émergence de l’Afrique, mais peuvent constituer une entrave si les taux de dépendance restent élevés et s’ils sont exclus des politiques et programmes de développement, les Premières dames ont promis de plaider pour un partenariat consolidé entre les gouvernements, la société civile, les organisations internationales, les réseaux de jeunesse afin de saisir l’opportunité que constitue le dividende démographique pour la croissance économique accélérée à travers entre autres le soutien aux programmes d’autonomisation des femmes, l’amélioration de la demande en matière de planification familiale et des services de santé maternelle et infantile ; la mise en place de capacités nationales pour la sécurisation des produits contraceptifs, le soutien de l’engagement politique et le renforcement des capacités à élaborer ; mettre en œuvre et assurer le suivi et l’évaluation des politiques ; soutenir toutes les initiatives visant à la transformation des normes sociales et culturelles négatives et la promotion des celles positives, en particulier qui contribuent au bien-être des adolescents et des jeunes, réduisent leur vulnérabilité et contribuent à en faire des acteurs responsables pouvant contribuer au développement socioéconomique de l’Afrique.
Plaidoyer
Par ailleurs, sachant que les communautés africaines demeurent fortement attachées à leurs valeurs culturelles et leurs pratiques traditionnelles séculaires et que ces éléments étudiés, valorisés, mis en exergue et diffusés dans le domaine de la santé de la reproduction seraient des leviers importants de communication innovante pour le changement de comportement positif; les Premières dames ont convenu de plaider pour la diffusion des éléments culturels et traditionnels positifs identifiés dans chaque pays pour aider à la levée des obstacles à la santé de la reproduction afin de permettre un épanouissement harmonieux de la jeunesse africaine ; plaider pour l’introduction de programmes d’éducation formelle, non-formelle et informelle intégrant les déterminants culturels et les pratiques en matière de santé de la reproduction et une éducation civique et citoyenne culturellement sensibles à l’intention des adolescents et des jeunes, en vue de les doter de compétences de vie nécessaires à la prise de décisions réfléchies, pour prévenir les grossesses et rapports sexuels précoces, les infections sexuellement transmissibles y compris le VIH, la déscolarisation, etc.
Dans la même dynamique, dans « l’engagement de Bamako », les épouses des chefs d’Etat africains s’engagent une fois de plus à soutenir le leadership des adolescents et des jeunes en s’assurant que les gouvernements, les parlements et les institutions nationales appliquent les lois de la santé de la reproduction existantes, les améliorent ou les modifient au besoin en conformité avec les instruments juridiques sous régionaux, régionaux et internationaux de protection les concernant, à plaider pour le renforcement de l’allocation et la mobilisation de ressources conséquentes de la part des gouvernements, des partenaires au développement et du secteur privé en faveur des programmes de santé de la reproduction des adolescents et des jeunes.
« L’Appel de Bamako »
Pour la mise en œuvre efficace de ces engagements, les Premières dames ont sollicité l’accompagnement de leur époux dans le processus. Pour ce faire, elles ont lancé un appel solennel, qu’elles appellent « l’Appel de Bamako» aux gouvernements, aux partenaires au développement, au secteur privé, aux leaders communautaires, traditionnels et religieux et aux organisations de jeunesses et féminines, aux médias, à toute la société civile à mettre la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes au plus haut degré de leurs agendas. Car selon elles, le défi que cette santé de la reproduction pose à l’Afrique est d’ordre existentiel et ne saurait souffrir davantage d’attente et d’elle dépendront l’émergence et la sécurité de notre continent.
Signalons qu’en sa qualité d’hôte des Premières dames d’Afrique, Mme Keita Aminata Maïga assure la coordination d’ensemble de l’engagement dit de Bamako, en étroite collaboration avec ses paires Premières dames.
A ce titre, elle se chargera de partager ledit engagement, adopté et les principales conclusions avec les autres Premières dames.
Mme Keita fera le plaidoyer, afin de positionner « l’engagement de Bamako » au sein des ministères techniques respectifs des pays africains et commissions techniques de santé de l’Union africaine, de la Francophonie et d’autres mécanismes internationaux de la promotion de la santé.
Par Christelle KONE
Source: info-matin