Le récent remaniement à la tête du gouvernement malien, marqué par la nomination du Général de Division Abdoulaye Maïga comme Premier ministre, en remplacement de Dr Choguel Kokalla Maïga, témoigne d’une transition politique mouvementée. Cet épisode met en lumière des rivalités profondes et une gestion complexe des équilibres de pouvoir au sommet de l’État. Mais au-delà des apparences d’une passation harmonieuse, ce changement est révélateur d’un contexte politique tendu, où les divergences et les luttes d’influence dominent.
Des rivalités latentes : une fracture au sommet
Bamada.net-Le départ de Choguel Kokalla Maïga et l’accession d’Abdoulaye Maïga à la Primature ont été précédés par une série de tensions perceptibles. La cérémonie de passation de services, bien que marquée par des gestes de courtoisie, a laissé transparaître une froideur. Les échanges entre les deux hommes, empreints de politesses forcées, traduisent une relation difficile, alimentée par des désaccords sur la gestion de la transition et les priorités nationales.
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La fracture semble avoir atteint son paroxysme lors du meeting organisé par le M5-RFP, où Choguel Maïga a exprimé son désaccord avec les autorités de transition. Ses critiques, particulièrement sur le report des élections et le rôle de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), ont creusé davantage le fossé avec le camp militaire. Ce discours, perçu comme un acte de défiance, a accéléré son éviction.
La stratégie des militaires : une consolidation du pouvoir
La nomination d’Abdoulaye Maïga, qui jouit d’une confiance apparente des autorités militaires, s’inscrit dans une volonté claire de renforcer le contrôle sur la transition. En reconduisant certains proches collaborateurs et en écartant des figures associées à Choguel Maïga, le nouveau gouvernement semble répondre à un double objectif : marginaliser l’ancien Premier ministre et consolider un exécutif plus homogène et aligné sur les priorités des militaires.
Le maintien d’Abdoulaye Maïga à la tête du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en plus de son poste de Premier ministre, est également stratégique. Cela lui confère un rôle central dans l’organisation des élections, une étape cruciale pour la légitimité de la transition. Cependant, cette concentration de pouvoir suscite des interrogations sur l’indépendance et la transparence du processus électoral à venir.
Les implications pour la transition
Ce remaniement intervient à un moment critique où le Mali est engagé dans une transition politique délicate. Les tensions entre acteurs civils et militaires pourraient compliquer davantage un contexte déjà marqué par des défis sécuritaires, économiques et sociaux.
L’éviction de Choguel Maïga et la marginalisation de ses soutiens risquent d’affaiblir le camp civil de la transition. Parallèlement, l’attitude combative de l’ancien Premier ministre, qui s’emploie à rassembler ses alliés du M5-RFP et à préparer les futures échéances politiques, augure de nouvelles confrontations. Ces rivalités pourraient polariser davantage le paysage politique et ralentir les réformes indispensables à la refondation du Mali.
Un avenir incertain
Le retour d’Abdoulaye Maïga à la Primature, cette fois en qualité de Premier ministre titulaire, marque un tournant dans la transition. Toutefois, les défis demeurent immenses. Le gouvernement devra restaurer la confiance des citoyens, garantir la tenue d’élections crédibles et inclusives, et relever les nombreux défis économiques et sécuritaires.
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La coexistence tumultueuse entre civils et militaires au sein des institutions de transition laisse entrevoir une période d’instabilité politique. L’avenir du Mali dépendra de la capacité des autorités à surmonter ces divisions et à travailler dans l’intérêt supérieur de la nation, en tenant compte des aspirations du peuple malien pour un Mali Kura véritablement inclusif et démocratique.
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MLS
Source: Bamada.net