Le suspens bat son plein aussi bien chez les membres du gouvernement actuel que chez de nombreux prétendants qui piaffent d’impatience d’occuper un fauteuil ministériel. En raison de l’hypothèse de remaniement gouvernemental, largement répandue depuis la mise en place des instances législatives de l’Assemblée Nationale. Cette situation risque de se perdurer, car ni le président de la République encore moins le premier ministre ne sait plus sur quel pied danser pour procéder ce remaniement.
Un seul nom sur le calepin des grands marabouts, charlatans et autres devins du pays : Oumar Tatam Ly. L’actuel premier ministre. Pour tous les prétendants et occupants des fauteuils ministériels, il reste le seul qui importe pour s’assurer de faire partir du prochain gouvernement. Les propos de confiance renouvelée formulés en son endroit par le président de la République au lieu de le renforcer l’ont plutôt mis dans une situation embarrassante.
En tant que technocrate n’ayant jamais occupé une quelconque fonction politique et maitrisant peu les enjeux politiques du parti du président de la République et ses alliés politiques, Oumar Tatam Ly, s’est brusquement retrouvé devant une équation avec plusieurs inconnus au sujet du prochain remaniement gouvernemental qu’il est appelé à opérer. Face aux défis de l’heure, effectuer un remaniement de grande envergure pourra constituer à ses yeux un retour à la case de départ après six mois de gestion collégiale entre les 32 membres de son gouvernement.
Aussi, s’entêter à ne pas prendre en compte un principe sacrosaint démocratique exigeant la formulation d’un gouvernement qui reflète la chambre du peuple (Assemblée Nationale) constitue un préjudice qu’il ne veut pas commettre. Au regard donc de ce couteau à double tranchant, l’actuel premier ministre se trouve face à un dilemme. Surtout, contrairement à ce que les uns et les autres estiment il n’est pas le seul maître du jeu.
Au pied du mur, l’actuel premier ministre même s’il jouit de la confiance entière du ‘’prince du jour’’ est condamné à prendre en compte aussi bien les choix du président de la République, que de son parti et ses alliés politiques, dans l’optique de la composition de son équipe gouvernementale. Partant, la marge de manœuvre d’OTL est d’autant réduite que contrariée. Sur un fil de rasoir, il risquera d’être à la tête d’un attelage gouvernemental composé d’hommes et de femmes qu’il n’est point sensé connaître ni leur capacité encore moins leur valeur dans l’ouvrage.
Oumar Tatam Ly de nos jours, est face à une épreuve rude, jamais confiée à un premier ministre dans notre pays. Pour preuve, sous Alpha Oumar Konaré, le premier PM avait un échantillon bien précis de personnalités de la ruche à placer, étant du milieu politique cette démarche n’a pas été compliqué pour lui, surtout que les leaders du COPPO en son temps avaient craché sur toutes les propositions. Sous ATT, il s’agissait d’un gouvernement de mission piloté par Ag Hamani qui se savait partant dès la mise en place de l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui, c’est un autre scénario qui se dessine.
Car, Oumar Tatam Ly, aussi bien qu’il n’est pas issu d’un milieu politique est appelé à rempiler avec des choix politiques. Qui peuvent être en porte à faux avec l’idéal qu’il s’est fixé dans la conduite de son PAG (Programme d’Actions du Gouvernement), courant jusqu’en 2018. Or, des proches du président de la République (de son parti et des alliances politiques) ont déjà commencé à mesurer les rideaux des fenêtres de leur cabinet ministériel. Ceux qui sont déjà au poste ont fini de tisser toutes les toiles autour d’eux, afin de ne pas être déboulonné après un petit temps de privilège (6mois seulement), jugé trop éphémère à leur entendement.
En attendant, dans la logique de faire une symbiose des différents intérêts en jeu, Oumar Tatam Ly a déjà perdu son latin, et de nombreux cheveux avec.
Moustapha Diawara
Source: Tjikan
