Après des mois, de pilotage à vue et d’indécision dans la gestion des affaires publiques, le Président de République SEM Ibrahima Boubacar Kéita a procédé le jeudi 15 juillet 2016 au remaniement de l’équipe gouvernementale. 5e du genre de l’ère IBK, ce remaniement gouvernemental devrait permettre au Président de la République son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta de donner une nouvelle impulsion à ses actions en ouvrant le gouvernement à des nouvelles personnalités dignes de la confiance des maliens.
Force est de constater que nous sommes restés sur nos faims, tant les espoirs ont été déçus. La montagne a accouché d’une souris. Selon certains observateurs, la plus grande surprise de ce remaniement est sans doute le maintien du Premier Modibo Kéita. Fatigué, trempé dans le scandale des logements sociaux et incapable d’insuffler une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale, le Premier Ministre s’est illustré par son immobilisme depuis quelques mois déjà.
Le fiasco du forum de Kidal, le retard dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et de certaines reformes institutionnelles sont autant d’éléments qui illustrent les limites d’un chef de gouvernement en panne d’inspiration et de vision. Par ailleurs, le gouvernement reste truffé d’incompétents et d’opportunistes, s’acoquinant avec tous les régimes.
Il reste pléthorique 34 membres deux plus que l’ancienne équipe. Le nombre des femmes passe de 6 à 8. Sur le plan de préséance la première femme occupe la 17e position. 7 personnalités quittent l’équipe gouvernementale et 9 nouvelles personnalités font leur entrée, dont 2 au moins des groupes armés.
Sur ces 9 nouvelles personnalités au moins 3 ont été ministres. Il s’agit du président de l’ADEMA-PASJ, le Pr Tiémoko Sangaré qui dévient ministre des mines en remplacement de monsieur Cheickna Seydi Ahamad Diawara qui quitte le gouvernement, de monsieur Malick Alhousseini qui prend la tête du département de l’énergie et de l’eau, montrant du coup la porte de sortie à l’ancien titulaire du portefeuille monsieur Mamadou Frankaly Kéita, de monsieur Mohamed El Moctar (proche de la plate forme) qui dévient ministre de la Réconciliation Nationale à la place de monsieur Zahabi ould Sidi Mohamed qui quitte le navire gouvernemental.
C’est ce qu’on appelle faire du neuf avec de l’ancien. Les autres personnalités sont : monsieur Mohamed Ali Ag Ibrahim qui hérite d’un nouveau département celui du développement industriel diminuant ainsi les prérogatives du gabelou Abdoul Karim Konaté. Madame Traoré Seynabou Diop en prenant le portefeuille de l’équipement, des transports et du désenclavement évince Mamadou Hachim Koumaré du gouvernement, madame Nina Walett Intalou(ministre issu du MNLA) en récupérant le portefeuille de l’Artisanat et du Tourisme diminue les prérogatives de madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, désormais ministre de la culture seulement. Idem pour Mahamane Baby qui voit ses prérogatives diminuées par la création du ministère de la jeunesse et de la construction citoyenne confié désormais au transfuge de l’opposition, monsieur Amadou Koita. L’accord pour la paix ne sera plus critiqué. Me Mamadou Ismael Konaté dévient ministre de la justice, garde des sceaux en remplacement de madame Sanogo Aminata Mallé qui prend la porte de sortie. Me Konaté est le quatrième détenteur de ce portefeuille de l’ère IBK. Cela traduit le manque de clairvoyance du régime en matière de justice.
La nomination de Me Konaté traduit l’incohérence du Président IBK. Loin de nous toute idée de douter de la compétence Me Konaté à diriger le département, mais sa nomination il y’a quelques jours à la tête du comité des Experts chargés de la reforme constitutionnelle ne pouvait présager son entrée au gouvernement en ce moment. Si IBK savait qu’il allait devenir Ministre de la justice pourquoi l’avoir choisi quelques mois auparavant pour une autre mission ? Le ministère de l’environnement, de l’assainissement et du développement durable connait le même sort avec la nomination à la tête de ce département de madame Kéita Aida M’Bo.
L’ancien titulaire du portefeuille prend la tête du département de l’Urbanisme et de l’Habitat, en remplacement du très encombrant Dramane Dembélé, qui prend la porte de sortie du gouvernement. Certains ministères ont été scindés. Le ministère de la solidarité perd son volet reconstruction du nord, l’emploi et formation professionnelle se détache de la jeunesse et la construction citoyenne, la culture se sépare de l’artisanat et du tourisme, le commerce devient orphelin de l’industrie et l’Enseignement Supérieur retrouve la Recherche Scientifique, 6 mois seulement après leur séparation. Le portefeuille échoit entre les mains du Pr Assétou Founé Samaké Migan, anciennement Ministre de la Recherche Scientifique.
Moutaga Tall qui a brillé par son incompétence à l’Enseignement Supérieur devient ministre de l’économie Numérique et de la communication, porte parole du gouvernement, en remplacement du très loquace Choguel KokallaMaiga qui prend la porte de sortie de l’équipe gouvernementale. Quant à Me Tall, il laisse derrière lui les universités et les instituts dans un état désastreux. En panne d’inspiration et de vision, l’homme s’est révélé incapable de gérer la grève des professeurs de l’IUG. Les acteurs de l’enseignement supérieur ne regretteront pas le départ de Me Tall. Lui qui fut en 2007, le porte-parole des 43 partis politiques pour le soutien à la candidature d’un certain ATT.
Ousmane Koné quitte l’environnement, l’assainissement et le développement durable pour prendre la tête du département de l’urbanisme et de l’habitat. L’ancien détenteur du portefeuille le très décrié Dramane Dembélé prend la porte de sortie du gouvernement. Pour le reste, il n’existe pas de grand changement. A part l’ordre de la préséance, car l’ancien n°2 devient n°1 après le Premier Ministre.
Abdrahamane Sissoko
Source: Le Pays
