La Russie ne veut pas de guerre nucléaire et juge inapproprié de parler du bouton rouge dans le contexte du dossier ukrainien, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Sky News Arabia, qui a également parlé de l’évolution des liens entre Moscou et le continent africain.
Risque de guerre nucléaire
“Nous parlons de lignes rouges, comptant sur le fait que nos évaluations et déclarations seront entendues par des preneurs de décisions intelligents. Dire que nous appuierons sur le bouton rouge demain si vous ne faites pas ce que je vous demande n’est pas sérieux. Personne ne veut de guerre nucléaire. Nous l’avons dit à maintes reprises”, a-t-il souligné.
Emploi d’armes occidentales à longue portée contre le territoire russe
Dans le même temps, le ministre a comparé les responsables occidentaux à des enfants jouant avec des allumettes, rappelant que les Ukrainiens ne pourraient pas utiliser seuls les armes à longue portée que l’Occident compte leur livrer.
“Aucune escalade [de notre part-ndlr]. Vous avez raison, ils sont en train de jouer […] bien que ces adultes occupent des postes de responsabilité: ceux de ministres, de Premiers ministres, de chanceliers ou de Présidents”, a ajouté M.Lavrov.
La décision de l’Occident de mener des frappes en profondeur sur le territoire russe signifierait une guerre directe de l’Otan contre la Russie, a-t-il poursuivi, assurant que Moscou avait de quoi riposter.
“Nous disposons d’armes qui auront de graves conséquences pour les responsables du régime ukrainien. Ces armes sont disponibles et sont pleinement prêtes au combat”, a assuré le ministre.
Relations Russie-États-Unis
La Russie ne se fait pas d’illusions sur les rapports avec Washington, a poursuivi M.Lavrov.
Il a rappelé que les États-Unis n’ont cessé d’adopter des sanctions contre la Russie pendant la présidence de Donald Trump, en dépit de ses rencontres avec Vladimir Poutine.
“Nous avons donc conclu qu’il ne fallait compter que sur nous-mêmes. Nous n’allons plus jamais espérer qu’une ‘bonne personne” arrivera au pouvoir à la Maison-Blanche ou dans une autre capitale et qu’on pourra alors tout régler”, a expliqué le ministre.
Il a qualifié de plaisanterie la phrase de Vladimir Poutine qui avait récemment exprimé son soutien à Kamala Harris, candidate à la présidence américaine, lors d’un récent forum économique.
“Il a un bon sens de l’humour. Il plaisante souvent lors de ses discours et interviews. Je ne vois aucune différence ni par rapport à la campagne électorale actuelle ni par rapport aux campagnes électorales futures aux États-Unis à long terme. Parce que le fameux ‘État profond’ y opère”, a déclaré le ministre russe.
Relations Russie-Afrique
Sergueï Lavrov a par ailleurs précisé qu’un prochain sommet Russie-Afrique aurait lieu dans deux ou trois ans sur le continent africain.
“Nous avons organisé deux sommets Russie-Afrique [en 2019 à Sotchi et en 2023 à Saint-Pétersbourg-ndlr]. En novembre, la première rencontre Russie-Afrique au niveau des ministres des Affaires étrangères se tiendra à Sotchi. Ce sera fait conformément à une décision du sommet de l’an dernier. Nous envisageons d’organiser un nouveau sommet avec nos collègues africains dans deux ou trois ans sur le continent africain”, a déclaré le ministre.
Selon lui, la Russie et les pays africains ont un plan d’action à l’horizon 2026 élaboré par une commission de l’Union africaine et le gouvernement russe.
“Ce plan porte sur tous les domaines de notre collaboration: de l’économie au secteur sociale, à l’enseignement et aux échanges culturels. Nous voyons que nos amis africains sont sincèrement intéressés à promouvoir notre coopération”, a conclu M.Lavrov.