Le président de l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI), Cyril ACHCAR, était, mardi dernier, l’invité du 1er numéro de l’Emission télévisée «Les décideurs» de Renouveau TV. Notre confrère Alexis KALEMBRI, Directeur de publication du Journal «Les Echos» et son invité ont débattu sans détour de la problématique de l’industrie malienne et proposé quelques pistes de solutions.
A l’entame du débat, le président du Groupe «Ami», Cyril ACHCAR, a fait sienne cette citation d’Abraham LINCOLN: «Lorsque nous achetons un bien à l’étranger, nous avons le bien et l’argent à l’étranger. Mais lorsque nous achetons un bien chez nous, nous avons le bien et l’argent». Et cela pour montrer la nécessité d’investir dans l’Industrie pour valoriser le «consommez-malien».
Tout au long du débat, il a insisté sur la nécessité pour nos autorités d’appliquer effectivement les mesures prévues dans le document de réflexion de l’OPI appelé «Livre Blanc». En effet, après avoir dénoncé les principales tares de notre économie, caractérisée par une faible industrialisation, M ACHCAR a invité l’Etat malien à mettre en œuvre les dispositions prévues dans le «Livre Blanc» élaboré par son organisation.
« Le poids de l’industrie manufacturée dans le PIB est de 4% seulement. 76% des industries au Mali sont en activité, les 24% sont soit liquidées ou à l’arrêt. Bamako concentre les ¾ des industries du Mali et les autres régions se partagent le reste », a-t-il fait savoir.
Comme conséquence de cette sous industrialisation, déplore-t-il, notre pays est le 1er importateur de produits industriels de la zone UEMOA avec une balance commerciale fortement déficitaire de plus de 380 milliards de FCFA.
Le Mali compte environ 80 industries, selon l’OPI qui précise qu’il y a environ 100 industries « si l’on rajoute les petites unités qui sont plus proches de l’artisanat (huileries, boulangeries, petites imprimeries…) ».
Pour faire comprendre la gravité de cette sous industrialisation, le président de l’OPI a fait une comparaison avec 2 pays de la sous-région ouest africaine: La Côte d’Ivoire qui possède environ 6000 industries, 12 fois plus d’industrie que le Mali et le Sénégal qui a environ 4000 industries, 8 fois plus d’industries que le Mali qui compte environ 500 industries.
«Et on demande à notre pays de faire la concurrence avec ceux-ci. C’est comme si vous mettez sur le ring deux boxeurs de 100 et 50 kg en leur disant de se battre. C’est illégal et injuste… », a schématisé Cyril ACHCAR, président de l’OPI pour qui le Mali peut sortir de cette situation si les propositions faites dans leur «Livre blanc» sont prises en compte.
Les 20 solutions pour relancer l’industrie malienne
«Pour trouver des solutions, il faut connaître les problèmes », rappelle M ACHCAR. L’OPI, dont il est le président actif, en a énuméré quelque uns dont entre autres, l’insuffisance d’infrastructure de base ; l’accès difficile au financement ; le coût élevé de certains facteurs de production ; le taux élevé de l’impôt sur les sociétés; le coût excessif de l’emploi ; la vétusté des équipements et matériels de production.
Dans le «Livre blanc de l’industrie», l’OPI propose 20 solutions pour relancer l’industrie au Mali. Elles sont reparties en 8 solutions conjoncturelles et 12 structurelles.
Pour les solutions conjoncturelles, l’OPI propose la réduction de la TVA à 5% uniquement pour les produits manufacturés et non importés (elle est aujourd’hui à 18% pour tous les produits) ; la suppression de la taxe sur les activités financières (TAF) ; l’implication de l’OPI dans le processus d’attribution de parcelles à usage industriel via le Conseil d’administration de l’AZI ; etc.
Quant aux solutions structurelles, elles ont trait, entre autres, à l’accélération de la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles ; à la suppression de l’entrepôt privé à l’entrée des produits finis qui concurrencent l’industrie nationale ; à la réduction du coût de cession des parcelles des zones industrielles.
Si ces réformes préconisées sont appliquées, la part de l’industrie de la manufacture s’élèvera à plus de 10%.
Notons que le Groupe AMI est composé de 7 sociétés, à savoir: Grande Confiserie du Mali, SA (GCM) ; Grands Moulins du Mali, SA (GMM) ; Société des Eaux Minérales du Mali, SA (SEMM) ; Compagnie Malienne de Développement de la Culture du Blé, SA (CMDB) ; Groupe Achcar Mali Transit, SARL (GAM Transit Sarl) ; BAGAMI Sarl ; Fondation Emile Achcar (FEA).
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin