Une rébellion vite réprimée et qui a attendu les années 1990 pour se manifester de nouveau.
Depuis, des centaines de morts et des blessés, des destructions de biens publics et privés ont été enregistrés dans le nord du Mali, freinant le développement de la
zone.
Un énorme gâchis, à cause d’une histoire falsifiée à dessein.
Pour mieux apprécier le phénomène, un géographe chercheur au Centre Ahmed Baba de Tombouctou et un éminent historien de la ville des 333 Saints, nous a édifié sur ce que c’est que l’Azawad et comment certains de nos frères en sont venus aux armes pour une portion de terre où toute vie humaine est impossible.
En effet, selon San Chirfi Alpha, géographe chercheur au Centre Ahmed Baba de Tombouctou, l’Azawad ou “terre de pâturage”, existe bel et bien, mais seulement du point de vue géographique.
C’est une sorte de région naturelle, une bande désertique située au nord de Tombouctou entre Araouane et Taoudéni.
L’Azawad donc n’est qu’une composante du relief malien dans le nord du pays, tout comme les
falaises de Bandiagara ou les monts mandingues ou encore les collines de Koulikoro dans d’autres parties du territoire national.
Aussi, parallèlement à l’azawad qui se limite à Araouane, commence une autre vallée sèche dénommée Azawak qui s’étend de Ménaka à Ansongo.
L’Azawad donc, selon le chercheur San Chirfi n’est qu’un élément du sahel où jadis, deux types d’activités étaient pratiqués : l’élevage autour des oasis et une agriculture insignifiante des nomades.
Quant à une population dite de l’Azawad, soutient le chercheur, elle n’existait et n’existe toujours pas dans la mesure où, 80% de ceux qui occupaient l’Azawad étaient des nomades, donc en constant mouvement.
Toutefois, explique pour sa part l’historien Abdourahamane Abdou Maïga, l’Azawad n’a jamais constitué historiquement un terroir, car ne constituant depuis toujours qu’une de zone de transit pour les caravanes commercialisant le sel gemme entre l’Algérie et Tombouctou.
D’ailleurs, ajoute l’historien, du point de vue concentration humaine, l’Azawad n’avait jamais été habité et ne l’est pas encore, en dehors de ses limites que sont Taoudéni et Araouane.
Quelle lutte pour quelle libération ?
Pourquoi donc, pour une zone désertique, inhabitable, des frères touaregs et autres ont-ils pris les
armes ?
L’histoire remonte selon Abdourahamane Abdou Maïga en
l’an 1957, trois ans avant l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, quand, désespéré,
le colonisateur français tentait de créer l’organisation commune des Etats sahariens.
C’est alors qu’un Cadi d’Arouane Mohamed Maouloud avait été coopté par le colon qui faisait ses bagages et qui avait alerté : “Bientôt le Soudan ira à l’indépendance. Si les touaregs ne luttaient pas, ils seront sous la domination noire. Il faut créer un Etat saharien entre l’Algérie et la Mauritanie”. C’est-à-dire un Etat dans l’Etat malien.
Le colonisateur français venait de semer les prémices d’une division dans notre pays. Et ce sera, grâce aux efforts conjugués de plusieurs patriotes maliens notamment Mahamane Alassane (premier président de la première Assemblée nationale du Mali) que l’idée sécessionniste avait été combattue et le dessein de création d’un Etat saharien était tombé dans l’oubli.
Ce ne sera hélas pas pour longtemps car, trois ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, en 1963, des groupuscules touareg s’étaient organisés dans l’espoir de pouvoir créer un
Etat à part entière dans un autre : le Mali.
La rébellion naissante avait été systématiquement démantelée par la 1ère République conduite par Modibo Kéita. Mais, après, explique l’historien Maïga, d’autres groupuscules, touaregs et arabes, aidés par certains Etats voisins, se sont réorganisés à partir de juin 1990 pour reprendre les armes.
Boubacar Sankaré