La MINUSMA a inauguré, les 05 et 06 janvier 2018, deux projets de Réduction de Violence Communautaire (RCV) au profit des populations de Goundam et Bourem Sidi Amar, cercle de Diré. Le premier concerne l’extension du réseau d’adduction d’eau potable de la ville de Goundam. Le second quant à lui est relatif à l’aménagement de 40 hectares pour la culture du blé, de l’oignon, de l’anis et du cumin. La section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS-DDR) de la MINUSMA les a financés à hauteur de plus de 110 Millions de FCFA. Cette action vise à réduire les tensions liées à l’accès à l’eau potable et contribuer au retour de la paix et de la sécurité. Au plan socio-économique, ces projets permettront également de relever les communautés bénéficiaires.
À Goundam, le projet d’extension du réseau d’adduction d’eau, financé à plus de 55 millions de francs CFA par la Mission onusienne au Mali, a permis de combler les attentes de 30 milles personnes. Les travaux confiés à l’ONG locale, CAID (Cellule d’Appui aux Initiatives de Développement) ont concerné d’une part, la réhabilitation du château à travers la fourniture d’une pompe de 50 kW ; l’installation d’une nouvelle cuve de 150 mètre cube métallique sur des supports de 12 m de hauteur en IPN de 110 ; la réhabilitation d’une partie du réseau et de son extension. D’autre part, le projet a aussi doté la ville de cinq nouvelles bornes fontaines installées dans les quartiers périphériques. « Les onze quartiers de Goundam ont suffisamment d’eau, grâces à ce projet. Cela contribuera à diminuer les corvées d’eau des femmes et filles, surtout celles scolarisées et, nous permettra de vaquer aisément à nos activités, » s’est réjouie Bintou Walet Assika, habitante de Goundam.
Appuyer le retour de la paix et de la sécurité et assurer le relèvement socio-économique
L’ancienne adduction d’eau de Goundam date de 1992 et avait été conçue pour 12 milles personnes. Avec l’accroissement démographique des populations, le déplacement de certaines communautés des communes voisines de Goundam vers cette ville, du fait de l’insécurité la demande en eau potable s’est accrue. Les puits sont à une profondeur pouvant atteindre 120 mètres de profondeur et les communautés peinent souvent à avoir l’eau de consommation. Le seul point d’eau potable disponible reste cette adduction d’eau défectueuse, dont l’utilisation crée souvent des tensions entre les populations. « Il y a des gens, de par la topographie de leurs habitations qui ne reçoivent l’eau qu’à partir de 3h00 du matin. En pleine journée des fois les coupures d’eau interviennent. Cela perturbe les activités de construction et génèrent généralement des mésententes entre l’employeur et l’employé. Avec cette réalisation qui complète les forages à trois, c’est un problème important qui se résout, » a souligné Talfi Ag Hamma, Président du Conseil de cercle de Goundam.
Le Président du Conseil Local des Jeunes de Goundam, Attaher Ag Mohamed Emaouloud, n’a pas manqué de rappeler les retombées dudit projet sur la jeunesse. « Pendants l’exécution de ces travaux ce sont plusieurs jeunes issus des ménages vulnérables, retournés, déplacés, qui ont bénéficié des emplois temporaires, pour lesquels ils ont été payés en espèces chaque jours pendant la durée des travaux. Avec l’installation des bornes fontaines ce sont d’autres qui vont aussi bénéficier des emplois permanents pour la gestion de ces points d’eau, » a-t-il souligné.
À Bourem, Sidi Amar, ce sont 300 exploitants, dont 160 jeunes ex-combattants parmi lesquels 25 femmes, tous originaires des huit villages qui composent cette commune, qui ont bénéficié du projet d’aménagement d’un périmètre de 40 hectares, en s’adonnant à la culture du riz pendant la saison normale, du blé, de l’oignon et du cumin pendant la contre saison. « Aujourd’hui, exploitants et ex-combattants se retrouvent ensemble sur cette pleine pour les activités, en oubliant leurs différences. Tous ne pensent qu’à ce qui les uni, cela nous réconforte et nous rassure, » s’est réjouie une habitante de Bourem Sidi Amar.
La MINUSMA a également financé ce projet pour un montant de plus 55 millions de Francs CFA, confiée à l’ONG RADEL (Recherche, Action en Développement Local). Sa mise en œuvre a duré quatre mois. Les travaux ont concerné la réalisation d’un bassin de réception d’eau, la construction d’un canal principal et des canaux tertiaires, d’un ouvrage de franchissement (pont), un magasin de stockage, un bloc de deux latrines. Les bénéficiaires ont aussi reçu un lot important d’équipements adéquats et de semences, un groupe motopompe de quatre cylindres marque HATZ de 40 chevaux, 120 litres de gasoil, 12 tonnes d’engrais dont huit tonnes d’urée et quatre tonnes de DAP, de quatre tonnes et demi de semences, ainsi que la formation du comité de gestion en outil de gestion de des périmètres irrigués villageois (PIV).
En 2012, cette Commune, comme les autres localités du septentrion malien, a été durement affectée par le conflit armé du nord. Celui-ci a causé le déplacement de la plupart des populations vers l’intérieur et l’extérieur du pays. Un grand nombre des jeunes désœuvrés de ce village se sont fait enrôler par les différents groupes armés présents sur place. Avant la crise, ils s’occupaient de l’agriculture villageoise à travers l’accompagnement de leurs parents dans l’exploitation des PIV, sur lesquels ils cultivaient le riz pendant la saison normale, le blé, l’anus cumin et l’oignon pendant la contre saisons.
En effet, la coopérative agricole de Ganganibeeri, qui signifie la grande plaine, a mis 40 hectares de terres aménagées à la disposition des ex-combattants, afin de permettre leur réinsertion socio-économique et de contribuer au relèvement économique de la commune. « Cette action nous a permis de déposer les armes… À présent, avec ces activités nous sommes déterminés à contribuer au renforcement de la paix et de la confiance entre nos communautés, tout en contribuant au relèvement économique de notre localité. Malgré la faible pluviométrie de cette année, le rendement a été de six tonnes à l’hectare et la gabelle de riz est passée de 650 FCFA à 300 FCFA. Nous commençons la contre saison pour la culture du blé, de l’anus cumin et l’oignon, que nous commercialisons à travers les régions de Tombouctou, Mopti et Ségou. C’est une véritable source de revenus pour nos communautés,» a expliqué Youssoufi Abdoulaye Maiga, ex-combattant et membre du comité de gestion.
Les projets de Réduction de Violence Communautaire (RVC), sont mis en œuvre dans toutes les régions du nord du Mali, avec l’appui technique et financier de la Section RSS-DDR MINUSMA, en partenariat avec des ONGs locales, internationales et des agences des Nations Unies. Au cours de l’exercice 2016-2017, 13 projets CVR ont été réalisés dans les régions de Tombouctou et de Taoudéni. « Ils sont réalisés pour soutenir le processus du cantonnement et du DDR, mais aussi pour contribuer à soulager la souffrance des communautés affectées par le conflit de façon impartiale, » a rappelé le Chef de Bureau par intérim, Mamane Sani Moussa.
Les deux cérémonies se sont déroulées, en présence des autorités locales, politiques et administratives, ainsi que des représentants des leaders des femmes et des jeunes de ces différentes localités, ainsi que des leaders des mouvements armés, aux côtés d’une délégation composée du Chef de Bureau par intérim, des représentants des Sections substantives RSS-DDR, Affaires Civiles, de la composante Police des Nations Unies (UNPOL) et de la Force.