A cause de l’insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire national, nous avons l’impression que le Mali se résume désormais à la ville de Bamako et à la région de Sikasso. Actuellement plus de 10 000 gendarmes et policiers sont nécessaires pour assurer la sécurité quotidienne des maliens sur l’ensemble du territoire national.
Bien que des éléments des forces de sécurité soient déployés sur l’ensemble des routes du Mali, dans plus de 200 commissariats, et 400 postes de contrôle de gendarmeries, la sécurité des maliens n’est pas encore assurée, sans compter que les FAMAS sont déployées dans plus de 20 camps militaires occupent plus de trois cent points de contrôle. Chaque jour que Dieu fait, il y a des attaques contre les citoyens, les forces de sécurité, les soldats, les administrateurs voir même contre les forces étrangères venues pour nous aider à restaurer une paix qui n’existe pas réellement. C’est donc dans ce paysage sécuritaire très confus et perplexe, que le Général Salif TRAORE, Ministre de la sécurité et de la protection civile, se donne comme mission fondamentale de réduire jusqu’à une proportion réduite l’insécurité. Le défi est de taille dans la pratique.
Déjà sa proactivité ayant permis d’élaborer une loi d’orientation du secteur de la sécurité pour la période 2017-2021 pour un montant de 446 milliards F CFA est une avancée en la matière, car cette loi parait être une première au Mali. Il est le seul Ministre de la sécurité à programmer et à parler de cela depuis l’avènement de la démocratie. Nous avons l’impression que les autres ministres naviguent à vue. Même dans le domaine aéronautique, la navigation à vue à une limite, à plus forte raison dans le domaine de la sécurité nationale. C’est là qu’il faut louer sa clairvoyance, même si nous doutons de la bonne volonté du chef suprême des armées à mettre les moyens à la disposition de son Ministre de la sécurité.Signalons il y a eu la loi de programmation militaire en 2015. Elle a été votée par l’Assemblée Nationale en février 2015 dont le budget programmé prévoyait en 2015 un montant de 104 milliards F CFA.En 2015 elle est de 104 milliards F CFA, en 2016 elle est de 109 milliards F CFA, en 2017 elle est de 97 milliards F CFA, en 2018 elle est de 111 milliards F CFA, en 2019, elle est de 93 milliards F CFA.
Notons que ces dépenses d’investissements représentent 34,75% du coût total du programme. Elles semblent être dans les normes. Pour marquer sa détermination, le Chef suprême des armées a affirmé en ces termes :« J’engagera et poursuivra l’équipement de mon armée, quoiqu’on fasse, je le ferai. J’ai été élu pour ça’’ disait-il devant les troupes en août 2015 à Sikasso.
Trois ans après le vote de cette loi, le malien lambda se pose la question de savoir à quoi ont servi les dépenses militaires durant ses trois dernières années ?
Bien que cette loi ait été votée, depuis trois ans, les FAMA dans les zones de crises ne sont pas dans les conditions de travail et de séjour.
Jusque-là, les conditions indispensables pour l’efficacité afin de faire face à la mission régalienne confiée aux FAMAS, ne sont pas remplies.Le manque de matériel notamment les aéronefs de surveillance et de combats, de transport rapide pour les troupes, en est la raison fondamentale bien que 324 milliards F CFA programmés pour les années 2015, 2016 et 2017 aient été dépensés en principe.
Les FAMAS continuent à se faire tuer quotidiennement par le manque de bonne planification de proactivité. Depuis déjà deux semaines qu’une colonne de 24 pick-up ait été signalée à Nara et au environ de Nampalla, rien n’a été fait jusqu’au jour où nos éléments sont tombés dans une embuscade entre Nampalla et Dogofri. Notre système de gestion de la crise est lourd et passe par une chaine longue de prises de décisions. Les renseignements sont essentiels dans la lutte contre l’insécurité à condition que ceux qui informent soient sécurisés sans possibilité d’être démasques après mission. Le maillage solide en terme de sécurité sur les zones sécurisées doit évoluer progressivement surtout avec une couverture sécuritaire solide, toujours prête à secourir ceux qui sont en danger. Pour réussir cela, il faudra des effectifs suffisants pour mettre en œuvre, les mailles sécuritaires bien équipées, à la condition que les éléments constituants ces dispositifs, aient le reflexe sécuritaire à tout moment.
Comment peut-on comprendre que les djihadistes aux frontières du Mali et du Burkina parviennent à égorger douze de nos éléments s’ils ne dormaient pas tous à la fois ?
Avec un tel budget, la sécurité doit pouvoir revenir, si jamais si le chef suprême des armées laisse les mains libres au Général en charge de la sécurité.
Ivette GUINDO