Référendum : IBK n’a rien cédé
Le débat sur la révision constitutionnelle entre dans une nouvelle phase de polémique et de controverse. Le Président a-t-il promis de retirer son projet ou a-t-il, par respect dû à leur rôle de régulateur social, accepté à la demande des familles fondatrices et des leaders religieux, un simple sursis afin de leur permettre de poursuivre la médiation qu’ils ont entreprise à leur initiative.
Tandis que les partisans du ‘’Non’’ à la réforme constitutionnelle brandissent les communiqués de leur Directoire et celui des autorités traditionnelles et religieuses comme une victoire grandiose due à leur détermination, le camp présidentiel, furieux du choix et de l’exploitation insidieuse du terme ‘’surseoir’’, dénonce une énième manipulation de ses adversaires et leur mauvaise foi.
Le recours au lexique
S’agit-il de sursis ou de retrait ? Quelle différence entre surseoir (sursis) et retirer (retrait) ?
Si on comprend bien la langue de Molière, «surseoir», veut dire «reporter», différer, mettre à plus tard.
Par exemple, en matière de procédure civile la décision de “surseoir” s’applique, soit à la date à laquelle l’affaire en état d’être jugée (sursis à statuer), soit à la mise en œuvre des voies d’exécution (sursis à l’exécution).
Il s’agit de la décision d’un juge de suspendre la procédure dont il est saisi, et ce, jusqu’à l’accomplissement d’une formalité ou jusqu’à ce que soit rendue la décision d’une autre juridiction devant laquelle se trouve engagé un autre procès qui n’est pas encore jugé, lorsque la décision attendue doit avoir une influence sur le sort de la cause dont le Tribunal est actuellement saisi.
A la lecture des différents communiqués, pas de confusion possible ; il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien de sursis. Et la Plateforme et les notabilités, tous parlent de « surseoir » et non de retrait ou retirer.
Quid de « retirer » ?
Ceux comprennent bien français nous expliquent que ça veut dire ‘’enlever, faire disparaître quelque chose du secteur d’activités où il se trouvait’’ (retirer un produit du marché) ou bien ‘’annuler l’engagement, la décision qu’on avait prise’’ (retirer sa parole, retirer sa participation).
Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’inverser le sens d’un mouvement, revenir en arrière, se rétracter.
En effet, le retrait est l’action de se retirer, de revenir en arrière, de se retirer ou d’abandonner une action que l’on a engagée.
Par exemple en droit, le retrait est la possibilité donnée à une personne, par la loi ou par un contrat, de renoncer à un droit, à un avantage ou à l’exécution d’un contrat.
Aucune partie dans cette affaire ne dit que le Président IBK a retiré ou même promis de retirer le projet de révision constitutionnelle.
C’est pourquoi les partisans du Président IBK, disent qu’il est loisible aux ’’nonistes’’ de retourner comme ils veulent le terme ‘’surseoir’’ à leur fin d’intoxication, mais qu’ils savent très bien qu’il n’y a aucune équivoque sur la volonté du Président IBK de tenir ses engagements au nom du Mali. Pour eux, les politiciens de mauvaise foi peuvent se méprendre sur son sens profond du respect et de la considération qu’il a toujours accordés aux autorités morales de notre pays. Mais pas celles-ci qui connaissent l’homme et son sens aigu de l’honneur.
Homme de conviction et de fermeté, sûrement ; mais jamais fermé au souffle poreux de l’échéance, de la conciliation et du consensus. Ouvert au dialogue, le Président IBK n’a jamais fermé la porte à l’écoute. Ce qu’il a refusé, c’est la malice, le chantage, le diktat illégitimes de la part d’adversaires politiques nombrilistes tapis au sein d’un mouvement de contestation citoyenne qui pensent régenter ce mouvement pour en imposer à la République et prendre en otage les attentes du peuple malien. C’est à cela qu’il dit non.
En phase
C’est pourquoi, en phase avec le Président IBK, le Dr Bokari TRETA, président du RPM et de la Majorité présidentielle, a, au cours de sa conférence de presse de ce mardi, apprécié le sujet sur l’ouverture des concertations par le Président avec diverses catégories socioprofessionnelles suite au report de la date du référendum avant de saluer cet esprit d’ouverture du locataire de Koulouba en vue de rassembler les Maliens autour des grandes préoccupations de la Nation.
« Au cours des concertations, différentes propositions sont remontées et continuent de remonter au Président de la République », fait savoir le Dr Bokari TRETA. Les familles fondatrices et les leaders religieux ont apprécié l’esprit d’écoute du Président de la République. Ils se sont assigné une mission importante qui est de lancer le dialogue entre l’Opposition et la Majorité… En tant que gardiens des us et coutumes, les dignitaires coutumiers et religieux se sont sentis interpellés et se sont mis en mission de recherche de la paix et de restauration du dialogue entre le camp du ‘’Oui’’ et celui du ‘’Non’’.
Pour le Chef de la Majorité présidentielle, le débat peut porter sur les améliorations à apporter au texte, mais il n’y a aucune alternative à la révision constitutionnelle. Car, a-t-il fait comprendre, la révision constitutionnelle ne se fait pas pour un homme, une génération, mais pour le Mali, la paix au Mali, la sauvegarde de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale.
Comme on le voit, sous cet angle le retrait est loin d’être à l’ordre du jour.
Par Mohamed DIAWARA
Source: info-matin