Les Egyptiens se rendent aux urnes depuis ce matin pour se prononcer sur le nouveau texte constitutionnel. Le troisième depuis la révolution de 2011. Dans les bureaux de vote, la grande majorité des électeurs disent être en faveur du oui. Oui à la stabilité du pays, et oui au général Sissi. Les derniers sondages donnaient d’ailleurs le oui largement en tête, avec plus de 70% des suffrages.Voter non, selon les messages diffusés depuis des semaines par les médias, c’est faire le choix du terrorisme et du chaos. Pendant la campagne, au moins 7 militants ont été arrêtés parce qu’ils collaient des affiches prônant le non. Mais tout cela n’a pas dissuadé certains d’aller, malgré tout, exprimer leur rejet de ce projet de Constitution dans les urnes.
Avec notre envoyé spécial au Caire
Pas de files d’attente ni de chants patriotiques dans cette école, transformée en bureau de vote, du quartier de Nasr City. Amina Chalaby, 57 ans et fonctionnaire au sein du ministère de la Justice, vient de déposer son bulletin dans l’urne. Elle a dit non au projet de Constitution. Et explique :
« Je vote devant Dieu, je dois dire la vérité ! Et il y a des choses qui ne me plaisent pas dans la Constitution. D’abord les articles sur les libertés qui sont insuffisants, et l’article qui protège le ministre de la Défense. En disant non, je demande à ce que soient modifiés ces articles. »
Aucune illusion sur la victoire du non
Cette Egyptienne assure que ses enfants et certains de ses collègues ont eux aussi voté non. Dans les files d’attente, elle fait pourtant figure d’exception. Mais assume : « ça ne me dérange pas d’être seule à voter non. Les Egyptiens ne sont pas des gens qui sont manipulés par les médias ou la propagande. On doit comprendre et réfléchir avant de donner son point de vue. J’ai entendu dire que ceux qui votent non sont maltraités, qu’il y a de la répression. Mais je n’ai pas vu ça. »
La campagne des opposants au texte a pourtant été quasiment impossible et l’issue du vote ne fait aucun doute. D’ailleurs, officiellement, rien n’a été prévu en cas de victoire du non. Même Amina Chalaby ne se fait pas d’illusions : « Il n’y a pas d’espoir que le non l’emporte mais je ne suis pas triste ! En fin de compte, c’est Dieu qui décide. »
rfi