Le rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) publié hier jeudi fait d’abord un constat : le Mali a atteint «un niveau d’insécurité sans précédent».
Certes, il est impossible de réécrire l’histoire et de savoir quelle aurait été la situation, en 2017, si les troupes françaises n’étaient pas intervenues quatre ans auparavant. Mais les «385 attaques qui ont coûté la vie à au moins 332 personnes, dont 207 civils, dans le nord et le centre du pays» en 2016, ainsi que les «621 cas de torture, enlèvements, détentions arbitraires et extorsions de tous types» répertoriés par l’ONG montrent que les actes de violence augmentent au lieu de diminuer.
Barkhane est rarement mise en cause directement dans ces exactions, mais l’approche quasi exclusivement sécuritaire suivie par la France – pendant le mandat de François Hollande, le ministère de la Défense a largement pris la main sur le dossier malien – montre ses limites. Sur le volet politique, la mise en œuvre de l’accord de paix signé en juin 2015 «a pris un retard considérable», note la FIDH. Ainsi, «en dépit des avancées sur son financement, le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) peine à être effectif. […] Les huit camps de cantonnement construits par l’Onu sont encore vides à ce jour».
RECRUDESCENCE DES ATTAQUES
117 Maliens tués dans des combats civils en 2016 et 2017
Depuis deux ans, l’insécurité s’est propagée à de nouvelles zones, en particulier le territoire peul, dans le centre du pays. Les attentats jihadistes s’y sont multipliés, mais aussi les affrontements intracommunautaires: au moins 117 Maliens ont été tués dans des combats civils en 2016 et 2017. Souvent, l’étincelle est la suspicion d’appartenance à un groupe jihadiste, ou, au contraire, celle d’une collaboration avec les forces armées maliennes (Fama). Dans son rapport, la FIDH décrit l’un de ces épisodes de violence extrême : «Le 11 février 2017 à Ké-Macina, un boutiquier bambara est assassiné. Rapidement, le bruit court qu’il est soupçonné d’être un informateur de l’armée. Des hameaux peuls sont alors attaqués par des dozos (en majorité bamabara) en représailles à cet assassinat [les Peuls sont suspectés d’accointances avec les islamistes armés, ndlr]. Nos organisations ont comptabilisé 22 personnes décédées durant ces affrontements, dont une femme enceinte égorgée, quatre personnes brûlées vives et les autres personnes tuées par balles.»
Rassembles par MD
Source: L’Indicateur du Renouveau