Après le divorce entre le religieux Mahmoud Dicko et le politique Ibrahim Boubacar Keïta, c’est désormais la guerre ouverte entre les deux personnalités.
Craint pour sa grande capacité de mobilisation, les mouvements d’humeur de l’Imam Dicko pesaient dans la balance ces derniers temps pour le choix du chef de gouvernement. Il était devenu l’homme qui faisait et défaisait les gouvernements.
On se rappelle de la marche du 5 avril 2019, à la faveur de laquelle l’Imam et les siens avaient appelé à la démission de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. L’objectif officiel de ladite marche était une protestation contre la recrudescence de l’insécurité au centre du pays. Dans les faits, certains responsables de cette manifestation dénonçaient la manipulation au centre pour opposer les Dogons aux Peulhs. Au finish, Dicko a eu raison de SBM. Car, sa mobilisation a contraint l’Assemblée nationale à déposer une motion de censure contre le Chef du gouvernement afin de sauver le régime. Sous la pression, avant même le vote de la motion de censure, Soumeylou démissionnera de sa fonction de Premier ministre, donnant satisfaction aux religieux qu’il qualifiait d’acteurs hybrides.
Ainsi, Boubou Cissé est nommé Premier ministre. Mahmoud Dicko semble être le plus grand gagnant. Car son fils, disait-il, dirige le gouvernement. Mais, il a fallu moins d’une année après la prise de fonction de son fils pour qu’il y ait des brouilles. Depuis quelques mois, l’Imam Dicko dénonce la gestion du Dr Boubou Cissé. Pour l’imam, non seulement le gouvernement manque de vision, mais il excelle aussi dans la délation, en opposant les uns aux autres. Ayant échoué dans ses démarches de corruption, ajoute-il, le régime dont le PM est un acteur clé, a utilisé la méthode forte. Notamment la répression pour faire taire toute personne qui oser s’opposer à sa façon de faire.
Dans l’une de ses réactions, Mahmoud Dicko précise que le Premier ministre Boubou Cissé était au centre de la conspiration visant à le mettre au gnouf en mars dernier. D’où sa colère contre son « fils ». Face à la grande mobilisation en réaction à sa convocation devant le juge, l’appareil judiciaire a fait marche arrière, donnant l’impression d’une justice à géométrie variable.
Suite à cette dénonciation de l’Imam, suivie de la grande mobilisation du 5 juin, l’opinion populaire imaginait le départ de Boubou Cissé. Mais, cette fois-ci, le Président de la République a décidé de défier son ami d’imam en renouvelant sa confiance au Dr Cissé.
Dans les coulisses, il se dit que cette décision de reconduction de Boubou Cissé serait encouragé par la communauté internationale qui jugerait inadmissible les changements récurrents de gouvernement pour satisfaire les désirs d’une personne fut-elle grand imam.
De toutes les façons, les analystes politiques s’accordent sur le fait que cette reconduction de Boubou Cissé est un désaveu pour Mahmoud Dicko et son clan. Mais pour combien de temps ? L’avenir nous édifiera.
Oumar KONATE
La Preuve