Après l’échec des tractations entreprises avec 5 membres du gouvernement pour tenter de calmer la tension, le Collectif des femmes travailleuses compressées de l’HUICOMA de Koulikoro a décidé de mettre en exécution son mot d’ordre de marcher «torse nu» sur la Présidence de la République, à Koulouba, demain mercredi.
Pour la circonstance, elles seront soutenues par leurs sœurs venues de Koutiala, de Kita, de même que le Collectif des travailleurs compressé ainsi que le Mouvement des jeunes pour la restauration de l’HUICOMA de Koulikoro.
L’Information a été donnée, hier lundi, au cours d’une conférence de presse, animée par la présidente du Collectif des femmes des travailleurs compressés de l’HUICOMA de Koulikoro, Mme TOURE Mama CISSE, à la Maison de la presse du Mali.
Elle était entouré de Mme DJIGUIBA Assétou COULIBALY, membre de la société civile de la cité du Méguétan ; du Porte-parole du Mouvement de lutte pour la restauration de l’HUICOMA, Alassane SARR ; du Porte-parole du Collectif des travailleurs compressés de l’HUICOMA, Ibrahima DIARRA ; de la représentante des épouses des travailleurs de l’HUICOMA, Mme Fofana Kamissa KOITA, etc.
Cette marche qui a un caractère particulier, selon ses initiateurs, vise deux objectifs, à savoir : le payement des droits (plan social) des travailleurs compressés ; et la relance des activités de l’unité industrielle.
Selon la conférencière, Mme TOURE Mama CISSE, la décision de cette marche a été prise lors d’une assemblée générale ayant regroupé plus de 200 femmes.
Au total, a-t-elle fait savoir, ils sont plus de 1200 travailleurs à avoir été compressés de cette usine en mai 2005. Depuis plus de 10 ans maintenant, ces derniers courent, sans succès derrière le payement de leurs droits, conclus dans le plan social de liquidation de la société.
En effet, a souligné la conférencière, le protocole d’accord, signé le 30 mai 2010 entre le gouvernement, l’UNTM, le CNPM et HUICOMA, prévoit l’engagement de l’Etat à prendre en charge les fonds de réinsertion destinés aux travailleurs et à supporter les arriérés de salaires jusqu’au 31 mai 2010. Et Mme TOURE de préciser, ledit protocole d’accord a été signé par le ministre du Travail, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat à l’époque, le président du Conseil national du patronat du Mali, Moussa Balla COULIBALY, le secrétaire général de l’UNTM.
Le coût total de ses indemnités de licenciements est estimé à plus de 8 milliards de F CFA.
Pour le Porte-parole du Collectif des travailleurs compressés de l’HUICOMA, Ibrahima DIARRA, la marche de demain vise à exiger du gouvernement, le payement des droits des travailleurs d’une part, et d’autre part la relance des activités de l’usine pour le bien-être des populations de la région.
Selon lui, la décision de cette marche émane essentiellement de la volonté des femmes de venir en aide à leurs maris meurtris depuis plus de 10 ans.
De 2007 à nos jours, M DIARRA dit avoir personnellement participé à plusieurs forums au plan régional et international qui se sont penché sur la question sans succès. De même, a-t-il rappelé, la question a été posée à deux éditions (2012 et 2013) de l’EID (Espace d’interpellation démocratie) sans parvenir à un dénouement.
Selon DIARRA, le gouvernement actuel n’est pas un bon interlocuteur sur la question dans la mesure où le Président IBK, lui-même, s’était engagé lors de sa dernière visite à Koulikoro au mois de juin 2017 à prendre à bras-le-corps le dossier devant une manifestation des femmes.
A l’issue de cette rencontre avec le chef de l’Etat, des émissaires ont été envoyés le mois suivant pour échanger avec les «insurgés». Après la visite des émissaires du Président IBK, le Premier ministre a, lui-aussi, été interpelé sur la question un mois plus tard, le 3 aout 2017 précisément en marge de l’inauguration du siège de la Chambre de commerce de la localité.
Malheureusement, a-t-il déploré, cet engagent présidentiel n’a pas été suivi d’effet escompté.
«Au lieu de prendre des mesures concrètes, le gouvernement a plutôt tenté de jouer aux pompiers en dépêchant le 27 septembre dernier 5 ministres à Koulikoro pour apaiser les populations.
A l’issue de cette rencontre, les représentants des populations étaient invités à venir discuter du problème avec la mission gouvernementale à Bamako.
Là également, les engagements n’ont pas été respectés ; puisse que les interlocuteurs étaient introuvables à Bamako. Ainsi au bout de deux tentatives, les populations se sont résolues à changer de fusil d’épaule en décidant de marcher sur Koulouba, ce mercredi 11 octobre 2017.
Quant au Porte-parole du Mouvement de lutte pour la restauration de l’HUICOMA, Alassane SARR, il dira «trop c’est trop» et il est temps de passer à la vitesse supérieur. «Nous n’allons pas fléchir, advienne que pourra, nous allons marcher», a-t-il martelé.
Par la même occasion, il a invité l’ensemble de la jeunesse malienne à se joindre à la manifestation qui partira de l’ex-ENA pour rejoindre le Palais présidentiel de Koulikoro.
Par Abdoulaye
OUATTARA
Source: info-matin