L’ONU met en garde contre une offensive du M23 dans l’est du Congo après l’échec des pourparlers de Kampala. Les représentants de l’ONU dans la région ont fait part au Conseil de sécurité d’un renforcement militaire du côté du M23 comme des forces armées congolaises autour de la ville de Goma.
Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Dans le huis clos du Conseil de sécurité, les représentants de l’ONU en République démocratique du Congo et dans les Grands Lacs ont rejeté la responsabilité de l’échec de Kampala sur le M23. Le chef de la Monusco, Martin Kobler, et l’envoyée spéciale de l’ONU pour les Grands Lacs, Mary Robinson, ont confié que le M23 n’était manifestement pas prêt à conclure un accord avec Kinshasa et a fait traîner les négociations.
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Sur place, la force de l’ONU, la Monusco, s’attend maintenant à une reprise des combats. L’ONU constate déjà un renforcement militaire autour de Goma, aussi bien du M23 que des forces gouvernementales.
La Monusco s’inquiète aussi d’une avancée des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) si le M23 reprend son avancée. Si cette offensive se produit ce sera un nouveau test pour la brigade d’intervention de l’ONU mise en place pour neutraliser les groupes armés dans l’est de la RDC.
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L’ONU maintient également la pression politique. Ban Ki-moon a appelé le président rwandais, Paul Kagame, et son homologue ougandais, Yoweri Museveni, pour leur demander de pousser le M23 à accepter un accord. Le président rwandais a également reçu un coup de fil du secrétaire d’Etat américain John Kerry.
A Kampala, trois points de blocage A Kampala, les discussions doivent normalement reprendre ce mardi matin. Le M23 et le gouvernement congolais ont publié un communiqué lundi soir pour réaffirmer leur volonté d’avancer, mais au bout de dix mois les points de divergence restent réels. Des deux côtés, chacun se dit prêt à reprendre les négociations. En même temps, chaque camp s’accuse du blocage des pourparlers à ce jour. Pour le gouvernement congolais, le M23 fait preuve de mauvaise foi avec trop peu d’avancées au bout de dix mois de discussions. En face, le mouvement rebelle souligne au contraire les points d’accord qui ont été trouvés. Huit sujets sur onze, parmi lesquels la transformation du M23 en groupe politique, la libération des prisonniers ou encore le rapatriement des refugiés. Reste trois sujets qui coincent : la question du désarmement, celle de l’amnistie des rebelles, mais surtout le problème de la réintégration des ex-rebelles dans l’armée. Le gouvernement congolais refuse un engagement global, le M23 lui ne veut pas d’une intégration dans l’armée sur critères sélectifs au cas par cas. Au final dix mois plus tard, les positions de base restent très éloignées. Kinshasa veut absolument éviter tout risque de récidive comme par le passé, c’est-à-dire qu’un traité de paix soit suivi d’une nouvelle rébellion. Le M23 ne veut pas d’un accord qui propose comme seule option le démantèlement complet de son mouvement sans contrepartie. Résultat : personne ne semble prêt pour la paix. Sur le terrain, chaque camp s’est d’ailleurs largement réarmé ces derniers jours. |