Plusieurs personnes ont été tuées mercredi à Kamango, dans l’est de la République démocratique du Congo, par des rebelles ougandais présumés qui ont pris le contrôle de cette localité, a-t-on appris auprès de la Société Civile.
« Pour le moment, le bilan fait état de dix personnes enlevées, 11 blessés civils, cinq blessés militaires et plusieurs morts du côté des civils, ainsi que plusieurs maisons brûlées par ces assaillants », a déclaré à l’AFP Teddy Kataliko, président de la société civile du territoire de Beni, dans l’Etat du Nord-Kivu, où se trouve Kamango.
Dans l’après-midi, le calme était revenu dans la localité vidée de ses habitants.
La société civile accuse les Forces alliées démocratiques-Armée nationale pour la libération de l’Ouganda (ADF-Nalu) d’avoir mené cette attaque en collaboration avec l’armée ougandaise. « Ces assaillants sont en train de se diriger vers la localité de Nobili », située à la frontière avec l’Ouganda où se sont réfugiés plus de 150.000 personnes, selon M. Kataliko.
« Nous croyons qu’un massacre risque d’avoir lieu c’est pour cela que nous demandions un couloir humanitaire », a-t-il encore souligné.
Kamango « a été attaqué vers 04h30 (02h30 GMT) (…) Déjà autour de 05h00 locale, les agresseurs avaient pris le contrôle de la quasi-totalité de l’agglomération. Et vers 08h00, après d’intenses combats contre les FARDC (armée régulière), l’ennemi a réussi à récupérer la localité voisine de Bwisegha », écrit la société civile du Nord-Kivu dans un communiqué.
Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a confirmé à l’AFP l’attaque et la prise de Kamango, sans donner plus de détails. En revanche, il a expliqué que « les FARDC se réorganisent car il n’y avait pas d’effectif » dans la zone, seulement une « trentaine de militaires ».
L’ADF-Nalu sévit dans le nord de la province du Nord-Kivu. Aujourd’hui uniquement composée d’islamistes, elle est dirigée depuis 2007 par Jamil Mukulu, un chrétien converti à l’islam. Les États-Unis l’ont placée sur leur liste d’organisations terroristes dès 2001 et Jamil Mukulu est visé par des sanctions de l’ONU depuis 2011, et de l’Union européenne depuis 2012.
La mission de l’ONU (Monusco) avait dénoncé qu’ »au moins 21″ personnes avaient été tuées avec une « extrême brutalité » les 13 et 14 décembre dans les villages de Musuku et Mwenda, dans le territoire de Beni. Elle n’a pas cité les auteurs présumés mais la société civile avait attribué ce « carnage » aux ADF-Nalu et demandé une action urgente de l’armée et de la Monusco.
En juillet, dans la région de Kamango, des combats avaient opposé l’ADF-Nalu à l’armée congolaise. Des dizaines de milliers de personnes s’étaient alors réfugiées en Ouganda et plusieurs bâtiments publics avaient été pillés. L’armée avait par la suite repris le contrôle de cette localité.