Dans le déroulé des différentes journées qui ont rythmé cette dernière semaine, une tension palpable, clairement perceptible par tous les observateurs, a plané. Elle a donné le sentiment d’un scénario catastrophe qu’il fallait coûte que coûte juguler, ou du moins en arrondir les angles pour en minimiser les impacts, sinon les dégâts.
Laissons à d’autres le soin de faire le récit de la marche du 5 juin et de ses résultats supposés ou réels. Cet éditorial s’attardera plutôt sur le vent de panique qui a troublé l’Etat et la République.
Plusieurs actes nous disent que la marche du 5 juin, annoncée comme décisive du sort du Président de la République (sa démission devait y être réclamée), a obligé l’agenda gouvernemental à un aiguillage en urgence.
Est-ce l’urgence de la réponse/riposte à cette menaçante marche ou est-ce une inquiétude inhibant des capacités de l’Etat, qui a mené à cette désastreuse gestion de la situation ?
Tout compte fait, le déplacement d’une délégation du premier ministère à Nioro, dont l’objectif était l’annulation de la marche, a donné le ton de cette série d’impréparations. Les sorties plus qu’hasardeuses de la Cour Constitutionnelle, dans la chronologie des faits, ont amplifié le sentiment de peur généralisé. La lecture « solennelle » d’un simple communiqué par le tout nouveau Président de l’Assemblée nationale à la télévision nationale, au-delà du fond correct du message, avait dans sa forme toute l’expression du malaise.
S’il fallait s’en arrêter là, ce film n’aurait pas eu notre intérêt. Le vent de panique a soufflé dans les bois de Bozola, où durant 48h, la télévision nationale a manqué le coche totalement. Les reportages orientés ainsi que les lectures des communiqués sans aucun regard sur ses signataires ont désolé les téléspectateurs. Sur internet, les relais improvisés de la communication gouvernementale ont joué leur partition, comme toujours avec autant de maladresses.
Le camp d’en face a sans doute pris suffisamment de confiance face à la fébrilité apparente du gouvernement mais n’a certainement pas fait preuve de grande sérénité non plus. La conclusion de cette journée annoncée décisive suffit à comprendre leur impréparation également face à la détermination du peuple et des forces de l’ordre.
Au-delà de cette guerre des nerfs, il est attendu une mûre réaction des autorités afin d’éviter à la population une situation crisogène et donc une situation d’anxiété et de panique générale.
Y.KEBE