Figurant au sein du groupe des pays à Développement humain faible, le Mali est classé 188è sur 193 nations dans le Rapport mondial de développement humain 2023-2024.
Le Rapport mondial de développement humain a été lancé, le 17 octobre dernier, à l’Hôtel Azalaï de Bamako au cours d’une cérémonie présidée par le Secrétaire général du ministère de la Santé et du Développement social, Dr Abdoulaye Guindo, en présence du Représentant-Résident du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), Maleye Diop. Ce rapport est intitulé : «Sortir de l’impasse : Repenser la coopération dans un monde polarisé».
Le Représentant-Résident du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) au Mali a souligné que ce rapport a été lancé au niveau global le 13 mars 2024 et a déjà fait l’objet de débats dans plusieurs fora. « Ce lancement au niveau national intervient à la suite de la publication de la version française intégrale du rapport dont la disponibilité nous parait essentielle pour faciliter l’appropriation nationale », a précisé Maleye Diop. Selon son Représentant-Résident, le PNUD invite dans ce rapport à interroger notre lenteur à asseoir une gouvernance mondiale qui évite de naviguer en permanence au bord du gouffre malgré l’existence d’un savoir-faire sans précédent, des richesses et des technologies spectaculaires. A ses dires, la persistance des crises qui se succèdent et s’entremêlent engendre de graves conséquences sur le développement humain, auxquelles le Mali n’échappe pas. «En dépit des efforts inlassables des autorités nationales, la quiétude des populations Maliennes continue d’être gravement perturbée dans bien de contrées par des individus sans foi ni loi et l’accès adéquat des populations aux services sociaux de base et à des moyens de subsistance durables continue d’être obstrué alors que des milliers de personnes sont affectées ou à risque d’être touchées par l’insécurité alimentaire », a avoué le responsable du PNUD.
Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et du Développement, le Rapport mondial sur le Développement Humain (RDH) ces rapports constituent « des outils de plaidoyer et de sensibilisation à l’intention de différents publics-cibles, décideurs, organismes de développement, collectivités territoriales, secteur privé, société civile, milieu universitaire et médias ». « Le Rapport sur le développement humain 2023-2024 trace les contours de ce que l’on pourrait appeler une vision émancipatrice du développement qui met en lumière cette notion de développement en tant que liberté d’agir sur le grand défi de notre époque : l’humanité et la planète en crise commune ». De l’Avis de Dr Guindo, le Mali, à l’instar des autres pays, a inscrit le développement humain durable au cœur de ses préoccupations avec surtout l’adoption en 2015 de l’Agenda 2030 pour le développement durable.
L’économiste principal du PNUD, Roland SERI, dira que l’insécurité est liée de manière étroite à la polarisation et 2/3 des pays montrent une augmentation de cette polarisation. Selon lui, « 69% de la population mondiale est disposée à apporter une contribution financière personnelle pour la mise en œuvre des actions de lutte contre les changements climatiques ». L’économiste principal du PNUD est d’avis que la fourniture des biens publics mondiaux réduit les inégalités et génère des bénéfices nets.
Le Mali, a fait observer Roland SERI, fait partie du groupe des pays à Développement humain faible et occupe le rang de 188è sur 193 pays classés avec un IDH de 0,410. L’Indice de développement humain du Mali, en dépit de son redressement progressif, n’a pas encore pu totalement recouvrer son niveau d’avant Covid-19, a-t-il argumenté.
Selon Diakaridia Kamaté, Directeur général adjoint par intérim de l’Observatoire du développement humain durable et de la lutte contre la pauvreté (ODHD/LCP), « ce classement du Mali s’explique en partie par la crise multidimensionnelle que connait le pays qui impactent fortement l’accès aux services sociaux de base et la stabilité macroéconomique du pays …L’évolution du DHD au Mali, quoique lente, est sur une pente croissante. Sa progression est entravée par de multiples facteurs qui jouent négativement sur ses composantes : l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’instruction et le niveau de vie décent, calculé à partir du RNB par habitant en tenant compte de la parité du pouvoir d’achat (PPA). Un autre facteur entravant est l’effet des aléas climatiques qui affectent les activités de production caractérisées par la prédominance du secteur primaire et la faible transformation structurelle de l’économie».
Le PNUD, a reconnu son Représentant résident, apprécie l’engagement démontré par les autorités du Mali dans la préparation et la participation au Sommet sur le Futur qui a permis d’échanger sur les voies et moyens de sortir de l’impasse mondiale. Maleye Diop a l’entière disponibilité du PNUD à poursuivre la collaboration fructueuse avec le gouvernement du Mali en vue d’aider à relever les défis communs et promouvoir le développement humain durable.
Pour inverser durablement la tendance, note Maleye Diop, le Rapport mondial sur le développement humain nous invite à faire des choix audacieux en faveur de la paix et du développement humain durable et inclusif en suggérant trois pistes de solutions. La première piste, a-t-il fait savoir, vise à mettre en place une architecture des biens publics mondiaux adaptée au XXIe siècle afin de créer des conditions plus prévisibles pour évoluer dans un monde incertain. La deuxième piste de solution concerne la baisse des températures et la lutte contre la polarisation, a-t-il souligné. « Enfin la troisième piste de solution consiste à combler les déficits de capacité d’agir à travers des institutions centrées sur les personnes, collectives et tournées vers l’avenir ».
Source: Le Challenger