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Ramadan : le jeûne et les interdits

Les médecins recommandent que les patients qui veulent jeûner s’assurent de leur état de santé, suivent scrupuleusement toutes les prescriptions et s’alimentent correctement pour éviter les surprises

 

Le ramadan est le 9è mois du calendrier musulman, le plus sacré de la culture islamique. Pendant le ramadan, les musulmans cherchent à renforcer davantage leur foi, en s’abstenant de médire, de mentir et de faire usage de la violence. Le jeûne est l’un des cinq piliers de l’Islam. Il nécessite des efforts physiques et spirituels, impose une discipline et des rigueurs au plan comportemental. Il s’agit d’élever nos vies et nos regards vers des horizons essentiels, maîtriser ses émotions, ses pulsions et ses tensions intérieures.

Selon Dr Djibril Sy, spécialiste en médecine interne au Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G, jeûner est une thérapie qui a fait ses preuves. En revanche, les patients présentant une maladie chronique et ceux qui prennent régulièrement des médicaments, sont souvent interdits de jeûne par leurs médecins traitants, même s’ils se sentent capables de le faire, explique le praticien.

Il arrive que certains patients observent le jeûne en dépit de l’avis médical qui les en dissuadent. Ces derniers finissent souvent aux urgences suite à une aggravation de leur état de santé. Les sujets malades qui ne peuvent pas jeûner sont, entre autres, les personnes atteintes du diabète : sous insuline, avec des complications chroniques ou dont les taux du sucre sont trop déséquilibrés. Sont également classés dans cette catégorie les patients souffrant d’ulcère gastrique évolutif, ceux qui ont une insuffisance cardiaque récente et rénale chronique. S’y ajoutent les patients cancéreux, les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes très âgées, énumère le spécialiste.

Toutefois, relativise le Dr Sy, le jeûne est possible dans bien des situations de maladie chronique, mais nécessite des ajustements de traitement et un investissement accru du patient et de son médecin. Selon lui, si le jeûne est contre-indiqué, il est du devoir du médecin d’informer clairement le patient des risques encourus. Le rôle du médecin de premier recours est d’aider le patient à assurer la sécurité du jeûne, y compris si celui-ci le pratique contre avis médical.

Le jeûne est une opportunité à saisir par le médecin afin de poursuivre l’éducation thérapeutique du patient pour améliorer la prise en charge de sa maladie chronique. Mais sans l’avis médical, ces patients après avoir commencé le jeûne, risquent de faire une déshydratation. Des vertiges, la palpitation, des chutes de pressions artérielles, la somnolence, et le malaise avec perte de connaissance (coma) peuvent aussi survenir.

LES INTERDITS EN ISLAM- À l’approche du Ramadan, il importe de tenir compte de plusieurs paramètres car, le jeûne peut aggraver certaines maladies. L’anorexie, l’hyperthyroïdie décompensée, l’épilepsie, la sclérose en plaque… sont des maladies incompatibles avec le jeûne du fait que ce dernier peut provoquer une hypoglycémie, des crises d’ulcère gastrique, la diarrhée ou la constipation, etc.

La prise de médicaments est aussi dangereuse quand on jeûne, parce que pour prendre certains médicaments, le malade doit manger et boire. Les médicaments diurétiques, les laxatifs, les sulfamides hypoglycémiants, ne doivent jamais être pris en cas de jeûne.

Quand on observe le jeûne du Ramadan, il est nécessaire de prendre ses précautions. Il s’agit de contacter le médecin devant certains signes comme une déshydratation qui se manifeste et dure plus qu’une demi-heure, une soif intense, des urines plus sombres et plus odorantes, des vertiges, des épisodes de fatigue, voire d’évanouissement, des maux de tête, des douleurs diffuses. Si l’on ne se sent pas bien le premier jour du jeûne, mieux vaut ne pas insister. Une évaluation médicale après la fin du Ramadan est conseillée, prévient le médecin. Elle permettrait, selon lui, d’observer l’impact du jeûne sur le bilan, le poids et l’état général du patient.

Abondant dans le même sens que Dr Sy, Cheick Hamahoullah Sow, islamologue et Iman à la «mosquée 3» de Hamdallaye, explique que « jeûner» signifie littéralement s’abstenir, selon la terminologie islamique. C’est le fait pour un musulman de s’abstenir de manger, de boire, d’entretenir «un commerce charnel» et de toute autre chose interdite pendant le jeûne entre l’aube et le coucher du soleil, avec l’intention effective de se rapprocher d’Allah.

Cependant, le jeûne est obligatoire pour tout musulman majeur, responsable et dépourvu de tout empêchement (apte à l’observer). Il n’est pas une obligation pour despersonnes qui sont en voyage sur un trajet de plus de 81 km, pour un malade mental. Il n’est pas aussi une obligation pour celui ou celle atteinte d’une maladie qui rend le jeûne impossible ou pénible. La femme enceinte ou allaitante n’est pas obligée d’observer le jeûne s’il est établi que le jeûne représente un danger pour sa santé ou celle de son enfant. L’enfant mineur n’est pas obligé de jeûner, mais il peut essayer, explique l’imam.

Pour Cheick Hamahoullah Sow, les personnes atteintes d’une maladie curable, les femmes enceintes ou allaitantes doivent rattraper les jours manqués après le Ramadan. Concernant les personnes atteintes d’une maladie incurable et les personnes âgées, incapables de supporter le jeûne, elles doivent offrir à un indigent un kilo et demi d’une nourriture pour chaque jour manqué.

REPAS LÉGER MATINAL- Poursuivant toujours ses explications l’islamologue précise que manger ou boire par oubli ne rompt pas le jeûne. La personne peut continuer et est libre de «payer» ce jour-là. Les vomissements spontanés, les injections, les analyses sanguines, les sérums ne rompent pas également le jeûne. Il est également permis de se doucher, de nager en évitant les plongées par crainte d’avaler de l’eau ou qu’elle ne pénètre dans les oreilles, d’utiliser le parfum et des gouttes pour les yeux. Utiliser les cure-dents ou les brosses à dents avec ou sans pâte dentifrice, faire un rêve mouillé, ne rompent pas également le jeûne.

S’il est possible d’échanger, avec modération, des baisers avec sa femme, l’iman rappelle l’interdiction formelle d’avoir des intimités avec son épouse pendant la journée du jeûne. Toute personne ayant franchi ce cap doit non seulement payer le jour manqué, mais aussi jeûner 60 jours supplémentaires après le Ramadan ou nourrir 60 pauvres, pour compenser la seule journée. Les personnes qui refusent de jeûner par paresse, doivent implorer le pardon de Dieu, se repentir et payer les jours manqués. Cela est également valable pour une personne qui rompt délibérément son jeûne avant l’heure de la rupture.

Qui dit mois de ramadan dit aussi celui de consommation de nourriture. Alima Traoré, médecin nutritionniste, à la direction générale de la santé, explique que le jeûne est bon pour la santé car, il permet à la chaine alimentaire de se reposer surtout le tube digestif. Ainsi il est bon de préparer le Ramadan en habituant l’organisme à bien se nourrir, non pas à trop manger car, plus de réserve crée de nouveaux problèmes nutritionnels.

C’est mieux de commencer le jeûne dans des conditions optimales (en bonne santé). En moyenne, les gens jeûneront entre 15 et 16 heures par jour, précise-t-elle. Pour la nutritionniste, avec cette forte chaleur, l’eau est le premier aliment et elle est plus que nécessaire durant le mois de Ramadan. Boire assez d’eau de façon intermittente et laisser de la place aux autres aliments.

Pour débuter le jeûne à l’aube, considérer comme le petit-déjeuner (habituellement appelé en bambara «soukouri»), le repas adéquat doit être un aliment léger pris avant le début du jeûne tous les jours. Ce repas, qui constitue un petit-déjeuner léger, doit comprendre des légumes, une portion de glucides comme du pain/des galettes de blé entier, des aliments riches en protéines tels que les produits laitiers (fromage non salé, lait).

Les glucides sont sources d’énergie donc dans le contexte malien, un repas à base de céréale peut être recommandé (riz, sorgho, petit mil et maïs). Il faut surtout consommer des aliments riches en fibre alimentaire qui protège la muqueuse intestinale et surtout des aliments, dont la teneur en eau est élevée car, le jeuneur passera plus de 15 heures de temps sans boire. Le repas de l’aube doit être aussi faible en sucre car, le sucre provoque une dépendance qui pourrait affecter la glycémie pendant la journée, donc risque d’hypoglycémie, prévient-elle.

En ce qui concerne les types de repas à prendre après la rupture du jeûne, le médecin recommande trois repas en heures décalées (environ 2 à 3 heures entre les repas). à la rupture du jeûne un repas léger comprenant une collation de dattes, lait/produit laitier, soupe et boisson chaude, ensuite un repas complet et solide (dîner ou déjeuner) comprenant un mélange de crudités, légumes, viande blanche : poulet ou poisson accompagné de céréale (riz, mil…), fruits et un un repas léger composé de salade, concombres et autres boissons.

Baya TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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