Au terme d’un long processus de sélection et de formation, elle a décroché une formation de 5 semaines pour renforcer ses compétences en leadership féminin

Près de six mois après avoir été lauréate du « Concours des femmes leaders au Mali et aux Etats Unis » en janvier 2015, Rabiatou Cissé s’est envolée vendredi pour Washington où elle a débuté dès samedi 27 juin une formation de 5 semaines qui verra ses compétences renforcées en leadership féminin.
Organisée par l’ambassade américaine, cette compétition a enregistré la participation des dizaines de Maliennes. Mais elles sont seulement 5 à avoir été retenues, pour participer à la formation. Les critères, explique la Tombouctienne de 23 ans, étaient l’engagement citoyen et la maîtrise de la langue anglaise. En classe de maîtrise unilingue à la Faculté des lettres, langues et sciences du langage, son chemin semblait tout tracé.
« C’est l’occasion pour moi d’exprimer toute ma reconnaissance à la coopération suisse, à « Formation sans frontières » et à l’ensemble de ses formateurs qui m’ont aidée à atteindre ce résultat », a-t-elle dit à l’occasion de la remise, le 12 juin dernier, du trophée « Coup de main », un concours d’élaboration de plans d’affaires par les jeunes maliens, organisé par le Club entreprenariat Mali (CEMA). Elle a remporté le premier prix de ce concours d’une valeur de 3 millions de FCFA, grâce à son projet avicole à Tombouctou. « L’idée de ce projet m’est venue lors de la formation de « Formation sans frontières», confie la lauréate. La société Fofi industrie se serait engagée à financer ce projet pour un montant de 10 238 500 FCFA.
La formation dont a bénéficié Rabiatou Cissé dans le cadre du Programme de construction et de compétences pour le développement local (PCDL), n’est sans doute pas étrangère à sa consécration. Exécuté par « Formation sans frontières », le PCDL est initié et financé par la coopération suisse au Mali, depuis 2005, avec l’objectif « d’apporter un début de solution à la forte pénurie de ressources humaines au niveau des collectivités territoriales (communes, cercles, régions). « Il s’agit aussi de renforcer les capacités des organisations socioprofessionnelles paysannes, d’artisans, des ONG nationales », ajoute Samba Doucouré, le coordinateur de « Formation sans frontière ».
Rabiatou Cissé a suivi une formation du PCDL sur « la décentralisation, les méthodes de recherches en sciences sociales, la communication, l’informatique, la gestion des projets, la création d’entreprises, la planification (Gestion axée sur les résultats), les techniques de recherche d’emploi, les cours de soutien en français, l’élaboration de plans d’affaires… »
Le PCDL est orienté vers le développement local qui demeure une des problématiques constantes de la décentralisation au Mali, souligne Samba Doucouré. De ses débuts à maintenant, il a permis à au moins 180 étudiants dont 45% de filles issus du milieu rural et de familles défavorisées de suivre leurs études dans un contexte favorable.
À la fin de leur formation rémunérée, les étudiants effectuent des stages d’une année dans leurs communes d’origines. La coopération suisse prend également en charge les frais de stage et d’encadrement. Les acteurs locaux, à travers les comités consultatifs locaux, s’impliquent dans la mise en œuvre du PCDL à travers l’information, le recrutement et le suivi des étudiants sur le terrain.
Par exemple, 107 diplômés du PCDL constituent le premier vivier d’agents de développement local capables d’accompagner et de soutenir les actions de développement des cercles concernés par le programme (collectivité territoriale, secteur privé…)
À la fin de la formation, les jeunes sont mis à la disposition de leurs collectivités locales. Il s’agit des régions bénéficiaires du PCDL : Sikasso (Bougouni, Kadiolo, Koutiala, Yorosso), Mopti (Youwarou) et Toumbouctou. « Je lance un appel à tous les bénéficiaires de ce programme à oser entreprendre des projets utiles pour leurs communes », écrit Rabiatou. Pour assurer la formation, « Formation sans frontière» fait recours des cabinets de consultants comme Tatima-développement.
Rabiatou Cissé qui se définit elle-même comme honnête, engagée et persévérante est une fille joviale. « La réussite n’est pas liée au diplôme. Mais plutôt à la persévérance, au courage individuel et à l’esprit d’entreprendre. Je souhaite que les jeunes comprennent qu’il est possible de faire autre chose que la formation initiale », conseille cette célibataire sans enfant qui affiche sa détermination.

source : L Essor