Ils représentent 3% du poids des déchets ménagers. Produit par millier à la minute, un sachet plastique abandonné dans la nature reste en l’état pendant plus de 400 ans
Perdue dans le feuillage du Parc national de Bamako, la Maison de l’environnement est depuis lundi, le théâtre des festivités de la Quinzaine de la communication sur l’environnement. Après une démonstration mardi sur les leçons d’identification des arbres par les élèves du primaire dans le cadre de l’éducation environnementale, elle a accueilli, hier, un débat sur le thème de la lutte contre les sachets plastiques non biodégradables et l’assainissement urbain.
L’ouverture des débats était présidée par chef de cabinet du ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Diallo Salimata Ouattara. C’était en présence du représentant de la commission, développement durable et environnement de l’Assemblée nationale, Mamadou Sagara, du directeur national de la DNACPN, Mahamadou Kaya, et du président du conseil d’administration de Seco-ong, Sidiki Dembélé.
Puisqu’il est question d’information et de sensibilisation, la méthode était originale. La troupe artistique et culturelle « Klenza arts et culture » a ouvert le bal avec un superbe numéro sur l’assainissement urbain à travers la lutte contre les sachets plastiques non biodégradables, la coupe du bois, la destruction de la biodiversité et la dégradation des sols. Dans leur message, les comédiens ont souligné le danger que représentent les emballages plastiques pour la santé humaine et animale. Ils ont mis en exergue la difficulté de combattre le phénomène du fait des enjeux économiques qu’ils représentent et de l’accoutumance des usagers, tant les sachets sont faciles d’accès, imperméables, manipulables à souhait et jetables. Toutes ces commodités ont crée dans le public, en particulier chez les ménagères, une habitude qu’il faut nécessairement changer aujourd’hui. Mais seules, l’information et la sensibilisation ne suffisent pas. Il faut aussi proposer des alternatives. Dans ce cadre, la troupe Klenza a fait ressortir les résultats tangibles obtenus par des acteurs tels les Ong et les opérateurs privés, avec le recyclage pour ce qui est des sachets plastiques et la création d’activités génératrices de revenus par la valorisation des ressources forestières, dans la lutte contre la déforestation.
Notre pays compte environ 14 millions d’habitants. Le taux d’urbanisation est très élevé et les 2/3 de la population résident dans les grandes villes, notamment du sud, dont la capitale Bamako. Les ouvrages d’assainissement (dépôts de transit et décharges finales pour l’évacuation des déchets solides) sont rares ou insuffisants. Selon les statistiques, les déchets plastiques représentent 3% du poids des déchets ménagers au Mali. Produit par millier à la minute, un sachet plastique abandonné dans la nature reste en l’état pendant plus de 400 ans. Les dégâts de ses sachets sur l’environnement sont inestimables. Ils détruisent les sols, obstruent les caniveaux et les collecteurs dans les villes. A la faveur du vent et des eaux de ruissellement, les sachets plastiques envahissent les lits des cours d’eau, empoisonnent les poissons et favorisent les maladies hydriques.
Le rapport sur l’environnement au Mali en 2005 indique que, sur 17 089 tonnes de déchets plastiques importés et produits dans le pays, seuls 10% sont recyclées. Au regard de ce chiffre, on se rend vite à l’évidence que le recyclage n’est pas la panacée et qu’il faut donc renforcer le dispositif de lutte.
C’est pourquoi en 2014, sur initiative du ministère de l’Environnent, de l’Assainissement, l’Assemblée nationale a voté la loi d’interdiction de produire, d’importer, de détenir et de commercialiser les sachets plastiques non biodégradables au Mali. En appui, le Seco-Ong, avec l’aide de ses partenaires (DNACPN, PNUD, PMF/FEM et GIZ), a élaboré un document de stratégie de plaidoyer pour l’amélioration de la gestion des déchets plastiques au Mali. Au plan national, il doit servir à diminuer la production de sachets plastiques par la diminution de son utilisation par les populations.
La stratégie promeut la consommation des produits issus du recyclage et une politique plus souple de taxation de ces produits. Au plan local, il s’agit d’amener les élus municipaux à développer des activités de tri et de collecte et stockage des déchets plastiques dans les communes et d’inciter les GIE de ramassage à adopter le tri des déchets à la source.
C. A. DIA
source : L Essor