Les conflits intercommunautaires ont engendré de nombreuses violences basées sur le genre, avec des jeunes filles torturées et violées arrivant dans des sites avec des grossesses non désirées. Malheureusement, ces grossesses ne sont que rarement prises en charge.
Certaines jeunes femmes témoignent n’avoir reçu aucun suivi médical, depuis le début de leur grossesse jusqu’à l’accouchement. Elles soutiennent qu’elles dépendent de leurs parents déplacés internes qui peinent à subvenir à leurs besoins. Bien que des responsables d’ONG et de services sociaux affirment venir en aide à ces jeunes mères, celles-ci lancent un appel aux autorités et aux ONG pour obtenir un suivi médical et une assistance alimentaire afin d’assurer la survie de leurs bébés.
Reportage :
Après avoir fui les violences à Mougué pour se réfugier à Dialassagou, Halima Dio, une déplacée interne à Badiangara, nous révèle les conditions précaires dans lesquelles elle vit sa grossesse. Elle n’a reçu aucun suivi médical pour le bébé qu’elle attend. « Nous payons les frais des consultations à l’hôpital ainsi que les ordonnances. Ce sont les parents qui nous aident. On souffre beaucoup, on a fui la guerre, on a besoin d’assistance », témoigne-t-elle.
C’est la même situation pour Aminata Houssey du site Tarfa dans le cercle de Diré. « Elle a accouché sans aucune assistance sanitaire, selon sa grande sœur Agaicha Dicko . Elle souffre d’anémie et manque de tout pour subvenir à ses besoins et ceux de son bébé. Agaicha Dicko déclare que « depuis leur arrivée sur le site d’accueil, elles n’ont reçu aucune aide et manquent de tout ». Elle témoigne avec mélancolie que « sa petite sœur Aminata a accouché à la maison, sans consultation prénatale ni assistance médicale, et qu’elle est malade et a besoin de soins ».
À Sikasso, la prise en charge des grossesses sur les sites de déplacés est interrompue
Malado Dicko, la responsable du site, affirme que « le service développement social envoyait auparavant les femmes enceintes déplacées au centre de santé de Médine pour tous les soins médicaux et les consultations prénatales, mais que cette prise en charge discontinue a pris fin ». Malado Dicko regrette qu’elles soient désormais « abandonnées à leur sort ».
A lire : Les défis de l’hygiène menstruelle chez les déplacées https://www.studiotamani.org/181835-181835
Et pourtant, le service de développement social soutient le contraire. Pour venir en aide aux femmes déplacées internes enceintes, il procède par leur enregistrement qu’elles bénéficient d’une prise en charge médicale. Yacouba Diallo, administrateur de l’action sociale au service local du développement social de Sikasso, explique la procédure : « Nous assistons les jeunes filles enceintes déplacées en les inscrivant au RAMED, le Régime d’Assistance Médicale pour leur permettre d’accéder aux soins médicaux. Nous envoyons leurs dossiers à Bamako pour leur immatriculation afin qu’elles puissent bénéficier des soins de santé pendant leur grossesse »
Le suivi médical est gratuit à Bankass pour les femmes enceintes déplacées internes
Sur place, l’ONG MSS (association malienne pour la survie au Sahel) fournit gratuitement les services de prise en charge, de suivi et de planification. Aissatou Yaro, déplacée interne à Bankass, confirme cette prise en charge gratuite. Elle explique la procédure : « MSS a réservé une salle pour les soins aux femmes déplacées. Le CSRF a déployé une sage-femme pour leurs consultations gratuites. Elles bénéficient d’un suivi complet, y compris pour le traitement des infections et autres problèmes. Nous avons conclu une convention avec le CSRF pour prendre en charge intégralement celles qui sont enceintes ».
A noter que, selon des avis médicaux, les soins de santé manquants pour les accouchements dans les zones de conflit augmentent la mortalité infantile et le risque de fistule obstétricale chez certaines femmes enceintes.
