Ag Bakabo, 1m75 environ, proche des 40 ans, est connu depuis 2010 par les services de renseignement comme étant à la fois un bandit, un trafiquant et un jihadiste. Pour les Maliens, Ag Bakabo est à la solde d’Aqmi, et plus précisément de la katibat de Abdel Karim Targui, lui-même originaire de Kidal. Mais pour les habitants de cette ville qui le connaissent, il fournit surtout depuis 2006 de l’essence venant d’Algérie aux jishadistes.
Le rapt de Hombori
Né dans la localité de In-Tibzaz (à 100 km environs au Sud-Est de Kidal), Ag Bakabo a été arrêté en 2010 avec un groupe de trois autres personnes pour le vol de véhicules qu’ils revendaient à Abdel Karim Targui. Après quatre mois de prison à Bamako, Baye Ag Bakabo et ses complices présumés sont libérés en catimini par les autorités de l’époque.
Très vite, le clan de Ag Bakabo reprend du service. Au mois de novembre 2011, on retrouve sa trace dans l’affaire du rapt des deux Français à Hombri, (centre) Philippe Verdon et Serge Lazarevic. Deux de ses complices sont arrêtés à Gao quelques jours après l’enlèvement puis transférés à Bamako. Mais Ag Bakabo réussit disparaître des radars. “On pense que c’est lui qui a amené les deux otages de Hombori à Aqmi”, souffle une source sécuritaire malienne basée à Gao.
Nom de guerre “Abdel Nasser “
Début 2012, Ag Bakabo réapparaît à nouveau dans les rangs des combattants d’Ansar Eddine, le groupe jihadiste d’Iyad Ag Ghali. Il combat alors sous le nom de guerre de Abdel Nasser contre les soldats français et tchadiens dans le massif des Ifoghas, jusqu’au mois de février 2013. Il parle et écrit d’ailleurs parfaitement bien l’arabe, ayant fréquenté une école coranique de l’adrar des Ifoghas.
Après la défaite des unités d’Aqmi, Ag Bakabo commet cependant l’erreur de prendre la poudre d’escampette avec les “économies” de ses compagnons d’armes. Puis il se dirige vers Kidal où il se présente en jihadiste repenti. Issue de la tribu touarègue de Taghate-Malate, il peut profiter de ses liens familiaux avec certains leaders du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) pour se faire accepter.
Il mène alors une vie très discrète. Mais en avril dernier, il reçoit un appel de son ancien patron, Abdel Karim Targui, qui le menace de mort pour le vol de l’argent de la katibat. “Quelques temps jours plus tard, Ag Bakabo tente de demander pardon au chef jihadiste, mais ce dernier lie un éventuel pardon au retour de l’argent volé”, affirme la même source sécuritaire malienne.
Dette de sang
Aqmi voulant sa tête, Ag Bakabo reste à Kidal, jusqu’à ce jour d’octobre où “il reçoit un autre coup de fil de Abdel Karim Targui, qui lui demande de préparer le rapt des deux journalistes français, avant même leur arrivée à Kidal. C’était pour lui le seul moyen de payer sa dette envers Aqmi, car il avait déjà dépensé l’argent volé”, assure une autre source au sein des services de renseignement maliens à Kidal.
Habitué de ce genre d’opération, Ag Bakabo constitue une équipe de trois jeunes kidalois pour préparer le rapt. Puis, après le meurtre des envoyés spéciaux de RFI dans des circonstances pas éclaircies, il disparaît à nouveau sans laisser de traces. Vraisemblablement pour rejoindre ce qui reste de ses anciens compagnons jihadistes. Et préparer de nouvelles opérations terroristes.
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