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Qu’est- il devenu? Pérignama Sylla, ‘‘Nul n’est prophète en son pays’’

Mais que devient donc Pérignama Sylla ? Celui que d’aucuns surnomment par sympathie non sans admiration ‘‘Lénine’’ ou par le diminutif de son prénom ‘‘Peri’’. Nous avons cherché à le savoir…

À force d’énumérer les citations du grand dirigeant révolutionnaire russe, Vladmir Illich Oulianov dit Lénine, lors des Assemblées générales de la vaillante Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), les élèves du Lycée Technique de Bamako lui collèrent ‘‘Lénine’’ comme sobriquet.

Peu connu par la jeune génération, Pérignama est pour autant, une figure majeure de la gauche révolutionnaire malienne. Ce senoufo bon teint, a non seulement été aux avants postes dans la longue et glorieuse lutte de notre peuple pour l’avènement d’une société démocratique, de justice, de progrès économique et social, mais aussi participé à tous les combats pour la défense des intérêts vitaux de notre pays contre l’impérialisme et ses valets locaux.

Né le 10 décembre 1961 à Zambédougou, dans le cercle de Kadiolo, ce patriote géant a subi diverses brimades pour ses convictions politiques progressistes.

Fortement imprégné des idées communistes, marxistes léninistes, Pérignama entré au Lycée Technique de Bamako, en 1979, n’a pas tardé à s’imposer dans le mouvement estudiantin. Ses camarades qui lui vouaient une admiration certaine au point d’en arriver à l’idolâtrie, l’élurent secrétaire à l’information du Comité UNEEM du Lycée Technique en 1980 en remplacement de Seydou Diarra dit ‘‘Toto’’.
En classe de 3ème année à l’École nationale d’ingénieurs (ENI), durant les années épiques de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), où celle-ci croisait le fer avec la dictature militaire du général Moussa Traoré ‘‘Peri’’ se voit contraint d’emprunter les routes de l’exil face au danger d’une arrestation certaine.

Pour cause, le bulletin de l’UNEEM (organe de presse du mouvement estudiantin) publia un article de soutien au Mouvement étudiant Burkinabé. Cet article dénonçait le capitaine Thomas Sankara, à l’époque président du Burkina Faso, réprimant violemment les manifestations estudiantines.

Exilé au Burkina Faso et pleinement engagé dans la révolution Burkinabé, en décembre 1985, l’intrépide Djiguiba Keïta dit PPR, mécontent de cette prise de position de ses camarades, rédigea une missive sans destinataire (par excès de précaution) qu’il remit à son camarade Burkinabé Bindy Geoffroi pour expédition au Mali.

Le caractère suspect du courrier pousse les autorités à mettre aux arrêts celui-ci.
Face aux dangers que représentait une telle situation, connaissant le degré de cruauté de la soldatesque au pouvoir qui ne blaguait point, ‘‘Peri’’ emprunta les routes de l’exil qui le conduiront au Sénégal. Au pays de la Teranga, il s’inscrit en première année à l’École d’architecture et d’urbanisme (EAU) de Dakar.

Là-bas, à son grand dam, arrivé en classe de 3ème année, le gouvernement décide, en octobre 1990 de fermer les écoles suite à des séries de grèves du mouvement étudiant, inflexible sur ses revendications catégorielles. C’est ainsi qu’il se retrouva au Togo, où il décrocha finalement son parchemin à l’École africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme de Lomé (EAMAU).

‘‘Un nomadisme Patriotique’’
De retour au pays, à la faveur de la révolution démocratique du 26 mars 1991, il choisit tout naturellement le parti Congrès national d’initiative démocratique- Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT) comme espace d’évolution au sein duquel militaient déjà ses camarades de luttes (Cheick Oumar Sissoko, Tiébilé Dramé, Djiguiba Keïta dit PPR, Oumar Mariko) et dont la ligne politique lui semblait incarner espoir.
Suite à l’exacerbation des contradictions internes entre la fraction libérale et progressiste du parti du soleil levant, il quitta celui-ci au profit du Parti de la renaissance nationale (PARENA) né sur fond de crises au CNID-FYT.

Aussitôt, les mêmes contradictions surgirent au PARENA, l’intransigeant Pérignama se détacha de l’enclos du bélier blanc pour fonder avec le Pr Yoro Diakité, le Bloc des alternatives pour le renouveau africain (BARA), en 1999.

Secrétaire chargé de la Décentralisation, puis Secrétaire général du BARA, ce dur à cuire se retira deux fois de celui-ci. Premier retrait en 2002, lorsque la direction du parti entrepris des démarches pour entrer dans le gouvernement d’Amadou Toumani Touré (ATT), alors qu’elle avait par devers Amadou Toumani Touré, soutenu Moussa Balla Coulibaly, porte étendard de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) à l’élection présidentielle de 2002.

Le second de 2013 à 2016, au sortir d’une conférence de presse du Mouvement populaire du 22 mars (dans lequel il représentait le BARA) sur les risques de l’intervention militaire française, il se fait publiquement désavoué par son président.

Brillant analyste politique, avisé expert des questions de défense et de géostratégie, notre héros, qui travaille pour son propre compte dans son cabinet d’architecture, ‘‘Agence Architecture Nouvelle’’ (ARNO), créé en 1995, est depuis 2013, sevré de marches publics.

Loin d’émousser sa conscience militante, ces dures épreuves vécues ont plutôt renforcé la fibre patriotique et révolutionnaire du combattant Pérignama, qui a soixante et un (61) ans révolus, poursuit son combat au nom du Bloc des alternatives pour le renouveau africain (BARA) avec lequel il s’est réconcilié et au sein du Mouvement Espoir Mali Koura (EMK), partie intégrante du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Alpha Sidiki SANGARÉ

Source : L’Inter de Bamako

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