Le sport est ingrat. Une fois qu’un sportif prend sa retraite, il tombe dans l’oubli. Ce que vit l’ancien international Moctar Sidibé, qui a perdu la vue, il y a trois ans, illustre cette triste réalité. Comment expliquer et, surtout, comprendre qu’un footballeur qui a évolué dans les deux plus grands clubs du Mali, le Djoliba et le Stade malien, et porté plusieurs fois le maillot de la sélection nationale, se retrouve, lui et sa famille, abandonnés par tous et sans lueur d’espoir. Loin de nous toute prétention de faire la morale à qui que ce soit, mais disons-le sans ambages, ce que vivent Moctar Sidibé et sa famille, depuis trois ans, est révoltant et indigne, pas seulement pour le monde du sport de notre pays, mais pour notre société, tout court.
à voir les conditions de vie de l’ancien international et de sa famille, on ne peut s’empêcher de se poser ces questions : qu’a fait l’homme pour mériter ce sort ? Les instances et les autorités sportives du pays sont-elles au courant de la situation de l’ancien international ? Qu’ont fait ses anciens clubs, le Djoliba et le Stade malien depuis 2017, date à laquelle Moctar Sidibé a perdu la vue, en pleine prière dans une mosquée d’Hamdallaye ?
Nous n’avons pas cherché à le savoir et pour une raison toute simple : le témoignage poignant de l’homme et ses conditions de vie prouvent, à suffisance, l’ingratitude du monde du sport. Mais allons-nous laisser Moctar Sidibé passer le reste de sa vie en location et dans cette situation ? Aujourd’hui, l’homme, son épouse et ses enfants traînent six mois d’arriérés de location et peuvent être expulsés à tout moment. La pension de l’ancien agent de la défunte Somiex est insignifiante et ne peut nourrir la famille, a fortiori, payer le loyer et assurer les autres dépenses.
En bon croyant, Moctar Sidibé s’en remet à Dieu et si nous avons réussi à faire parler l’homme, c’est grâce à un collègue. C’est lui qui, sans prévenir l’ancien international, a attiré notre attention sur son cas. Nous n’avons pas le complexe de dire que sans ce dernier, nous n’aurions certainement pas eu vent de l’épreuve douloureuse de Moctar Sidibé et des siens.
Mais si nous avons décidé de nous intéresser au cas de l’ancien joueur du Djoliba et du Stade malien, c’est parce que nous estimons qu’il est de notre devoir d’informer nos concitoyens et, en même temps, réveiller la conscience collective et pousser les décideurs à réagir. «Le sport malien a toujours été comme ça. Il ne renvoie jamais l’ascenseur», s’agace un ancien international qui connaît bien Moctar Sidibé. Un autre s’énerve : «Ce qui arrive, aujourd’hui, à Moctar Sidibé aurait pu arriver à n’importe quel ancien joueur. Nous sommes tous interpellés. Quelqu’un qui a défendu le Drapeau du pays ne mérite pas ça».
Souleymane Bobo TOUNKARA
Source : L’ESSOR