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Que sont-ils devenus ? Moctar Sidibé malade

L’ancien gardien de but international souffre de plusieurs maladies chroniques et a perdu la vue

Notre rubrique que sont-ils devenus consacrée aux anciens sportifs s’intéresse, aujourd’hui, à un ancien footballeur. Moctar Sidibé, puisqu’il s’agit de lui, a fait les beaux jours de l’équipe de la Société malienne d’importation et d’exportation (SOMIEX), du Stade malien, du Djoliba et de l’équipe nationale. L’ancien international, né le 16 octobre 1948 à Sikasso, habite à Hamdallaye, dans la même rue que la grande famille de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, en Commune IV. Ce mardi 8 décembre, notre équipe de reportage arrive au domicile de Moctar Sidibé à 11h.

Accueillis par sa femme, Véronique Koné, et ses deux garçons, Mohamed et Alassane, nous avons été conduits au salon pour rencontrer le vieux Moctar Sidibé, cheveux et barbe blancs. Il est assis sur un petit lit. Vêtu d’un boubou multicolore jaune et orange ainsi que d’un pantalon kaki, il nous invite à prendre place. L’ancien pensionnaire du Djoliba insiste pour que votre serviteur s’asseye à ses côtés. «Soyez les bienvenus, les journalistes de L’Essor. Votre présence ce matin (mardi 8 décembre, ndlr) dans mon salon me fait chaud au cœur. Cela fait trois ans que je passe toutes mes journées ici. Si je ne suis pas dans cette pièce, je suis à l’hôpital pour mes soins. Je ne vois rien et je souffre de beaucoup de maladies comme l’ulcère et le hoquet», raconte-t-il. Et d’enchaîner la gorge nouée : «J’ai une femme et beaucoup d’enfants. Ils ne travaillent pas, ma femme non plus. Nous ne vivons que de ma petite pension. C’est insuffisant. Je suis en location. Avec cette petite somme, s’il faut payer mes soins, ma location et prendre en charge la famille, c’est très difficile».

«à chaque fois, poursuit-il, c’est mon épouse qui sollicite ses parents pour m’aider à faire face aux différentes charges. De temps en temps, mes anciens coéquipiers qui ont un peu de moyens me dépannent pour permettre de payer mes ordonnances». «Aujourd’hui, c’est difficile. Je souffre. Je ne vois rien, je ne peux donc rien faire. En tant qu’ancien international qui a mouillé le maillot de l’équipe nationale, tout donné au pays, sur les terrains de football, je pense que je mérite d’être soutenu par les autorités et des personnes de bonne volonté», ajoute l’ancien keeper international.
«J’ai commencé à jouer au football, quand j’étais à l’école, en 1958. En ce moment, l’ancien président de la République, feu Modibo Keïta, était notre professeur. Tous les enseignants m’appréciaient et m’encourageaient, mais mon père n’aimait pas le football. Il m’a obligé à abandonner l’école pour m’occuper de ses bœufs. J’ai fait le berger pendant trois ans», se souvient l’ancien joueur du Stade malien. «Ensuite, je suis parti à Abidjan, en compagnie de mon beau-frère transporteur, avec bien sûr l’accord de mon père. En Côte d’Ivoire, je jouais au football dans la rue, en même temps que j’étais apprenti chauffeur. Après, je suis revenu au Mali pour passer mon permis de conduire et repartir en Côte d’Ivoire», raconte notre interlocuteur. «Quand je suis devenu chauffeur, un jour mon véhicule est tombé en panne et a mis du temps avant d’être réparé. J’ai profité de cette pause pour m’entraîner avec l’ASEC (Association sportive des employés de commerce) d’Abidjan en 1971. J’ai joué deux matches amicaux avec les Mimosas. à l’époque, j’étais attaquant. Les clubs ivoiriens ont commencé à me contacter», explique Moctar Sidibé.

«Quand feu Tiécoro Bagayoko (ancien directeur national de la sureté et qui était un grand supporter du Djoliba, ndlr) a entendu cela, il a tout fait pour me faire retourner au pays. Il a fait faire un communiqué à Radio-Mali pour me demander de rentrer au Mali. Je pensais que c’était pour un problème familial, mais à ma grande surprise, quand je suis arrivé à la frontière, les policiers m’ont reconnu à travers mes documents de voyage et m’ont conduit au commissariat. J’ai passé la nuit là-bas, mais pas dans une cellule (rire). Le matin, on m’a présenté au commissaire du nom de Bakary Berthé qui était un grand frère à moi. À son tour, il m’a conduit chez le gouverneur de la Région de Sikasso, Abdoulaye Ouologuème. Le gouverneur m’a accueilli avec beaucoup de soulagement, en me disant : ‘’Moctar, si on ne t’avait pas retrouvé, on allait, tous, perdre nos postes’’ puisque l’ordre de te chercher est venu de Tiécoro Bagayoko», relate-t-il. «Le directeur régional de la SOMIEX était Modibo Niaré. Quand il m’a vu jouer, il m’a proposé un contrat de travail dans son entreprise pour que je puisse jouer avec l’équipe de la SOMIEX lors des Coupes Corpo. Je lui ai donné mon accord. C’est ainsi qu’on s’est rendu à Bamako pour rencontrer le directeur général de la SOMIEX, Amadou Diatigui Diarra. à la direction de la SOMIEX, ils m’ont donné une licence de Corpo que j’ai signée. J’ai commencé à jouer avec l’équipe de la SOMIEX à Sikasso en tant qu’avant-centre».

DU POSTE D’ATTAQUANT À CELUI DE GARDIEN – «Un jour, lors d’un tournoi régional à Sikasso, notre gardien s’est blessé. Je me suis proposé de le remplacer puisqu’on n’avait pas de gardien remplaçant. J’ai fait un très bon match. Lors du tournoi inter ligue, l’équipe de Sikasso devait affronter celle de Kayes. Notre gardien titulaire était un médecin. Il avait trop de patients et n’a pas pu effectuer le déplacement. Là-bas aussi, j’ai gardé les buts et fait un bon match. C’est à Kayes que les gens ont commencé à dire que l’équipe de Sikasso a un gardien extraordinaire. Dès lors, j’ai décidé de poursuivre ma carrière en tant que gardien», explique Moctar Sidibé avant d’évoquer la raison qui l’a poussé à jouer avec le Stade malien. «Étant un agent de la SOMIEX, mon directeur général Amadou Diatigui Diarra qui était un Stadiste m’a proposé de jouer avec le Stade malien. J’ai commencé à jouer avec les Blancs, sinon j’avais dit à feu Tiécoro Bagayoko que je voulais jouer pour le Djoliba. Il m’a demandé de rester au Stade malien. à l’époque, il m’a assuré, que bien joueur du Stade malien, il est disposé à me soutenir financièrement. J’ai joué pendant trois ans avec le Stade malien de 1974 à 1976», indique Moctar Sidibé.

Ses très bonnes relations avec Tiécoro Bagayoko ont rendu difficiles les rapports entre Moctar Sidibé et les supporters stadistes. L’ancien international raconte : «Un jour, quand je quittais la pharmacie, feu Tiécoro Bakayoko m’a vu de passage. Il m’a appelé pour me demander ce que je faisais à la pharmacie. Je lui ai expliqué que j’avais un parent malade. Ce jour-là, il m’a remis 50.000 Fcfa. Cela s’est passé en présence de certains supporters qui sont ensuite allés mal interpréter. Le jour même, les Stadistes m’ont chassé de l’entraînement et le courant n’est plus passé avec les dirigeants et les supporters stadistes. C’est ainsi que j’ai décidé de rejoindre le Djoliba». Et de préciser, «le 1er août 1977, j’ai signé au Djoliba et j’ai joué 6 ans (1977 à 1982). Avec le Djoliba, j’ai remporté deux Coupes du Mali et plusieurs titres de champion. Mais au Djoliba aussi, j’ai eu quelques problèmes avec l’entraîneur de l’époque Karounga Keïta ‘’Kéké’’ qui me gardait sur les bancs même quand j’étais en forme. En équipe nationale aussi, Kéké ne me donnait pas ma chance. En tout et pour tout, je n’ai disputé que trois matches internationaux. J’étais toujours dans le groupe, mais je ne jouais pas Mon premier match amical international, c’était au stade Modibo Keïta contre la Guinée que nous avons battu 2-1. Le deuxième, c’était contre le Cameroun, que nous avons battu par le minimum, 1-0. Et le troisième contre le Sénégal qui s’est soldé par un 0-0», détaille l’ancien international.
Comme tous les anciens joueurs, Moctar Sidibé a de bon et des mauvais souvenirs. «Mon meilleur souvenir, c’était contre Kayes, lors du tournoi inter ligue. J’ai fait un grand match. Pour mon premier match international contre la Guinée également, j’ai fait une bonne prestation. Je n’oublierai jamais les trois rencontres internationales que j’ai jouées avec les Aigles». «Comme mauvais souvenir, conclura Moctar Sidibé, je citerai mon accident de moto intervenu un jeudi, alors qu’on devait jouer contre le Stade malien 72h plus tard. Kolokani Pélé, Mbappé et moi partions à l’hôpital Gabriel Touré pour rendre visite à un parent hospitalisé et l’accident s’est produit devant l’hôpital. Quand on informé Karounga, il a décidé de prendre en charge les soins. J’étais triste mais fier de la réaction de Kéké».

Boubacar THIERO

Source : L’ESSOR

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