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Que sont ils devenus : Mariam Diarra : Bozo – Soumaïlaba : Ton pied, mon pied

Un adage dit que ce sont les oiseaux du même plumage qui s’envolent ensemble. C’est-à-dire que l’amitié et la complicité de Fatoumata Berthé dite l’Homme et Mariam Diarra alias Bozo ne font l’objet d’aucune ambiguïté. Elles ont les mêmes qualités : amabilité, courtoisie, gentillesse et jovialité. Nous avons eu cette preuve en rendant visite à Bozo, dans le cadre de la rubrique ” Que sont-ils devenus ? “. Autre constat : les deux ont grandi sous la protection de deux ex complices du Stade malien de Bamako, Aïssata Guinto et Salimata Dembélé. Si la première veillait sur la réussite de l’Homme, Bozo passait la journée chez Sali, où elle dorlotait sa fille du surnom de Mamy.  Native de Medina Coura, Mariam Diarra a suivi les traces de ses ainés qui ont mis à profit la proximité du stade omnisports, pour pratiquer le football, le basketball, l’athlétisme, ou encore la natation. Nous l’annoncions déjà dans notre précédente parution, Bozo est l’épouse de l’ancien footballeur international de l’AS Réal et  du Djoliba AC Soumaïla Traoré dit Soumaïlaba. C’est au Stade malien de Bamako que Mariam Diarra a appris les B.A.B.A du basketball, à l’école de l’infatigable Amadou Daouda Sall. Elle finira sa carrière au Djoliba avec un long séjour en équipe nationale. Certes, ce sont les mêmes questions standards de la rubrique qui ont agrémenté notre entretien avec Mariam Diarra, mais il fallait au moins satisfaire une curiosité. Comment a-t-elle rencontré Soumaïlaba, de l’amourette au mariage ? Ce dernier a-t-il influé sur son transfert au Djoliba ? Très à l’aise, Bozo ne s’est pas gênée à donner des réponses précises à toutes ces questions.

Son surnom “Bozo” est relatif à son ethnie, revenue fraîchement du marché, Mariam Diarra s’est excusée pour le temps qu’elle nous a fait attendre. Mais ce qu’elle ignorait, c’est que cela nous a permis d’apprendre beaucoup de choses avec son mari Soumaïla Traoré qui a meublé ce temps avec les infos que nos lecteurs ont bien pu ingurgiter vendredi dernier.

Mon cœur à Soumaïlaba

Premier acte de Bozo : un verre de Lipton chaud pour nous permettre de résister au froid intense de la veille du Noel (l’interview a été réalisée le 24 décembre 2018).

Deuxième acte : elle s’affaire à préparer un bon plat de sauce tomate, en attendant que l’interview d’avec son mari prenne fin.

Troisième acte : Bozo se met à notre disposition. L’atmosphère était vraiment ambiante entre beau-frère et belle-sœur, seulement la présence du grand frère Soumaïla nous handicapa par rapport à certaines questions. Quand il s’est levé pour intimer aux enfants de faire moins de bruit, nous avons saisi l’opportunité, en demandant à Bozo de nous dire comment elle a rencontré Soumaïlaba pour une relation amoureuse qui a abouti au mariage ? Et comment les tractations de son transfert au Djoliba ont été menées ?

Bozo : ” Soumaïla ne m’a pas toujours dit comment et quand est-ce qu’il a décidé de s’intéresser à ma personne. Ce qui est sûr, c’est que tout est parti d’un grand frère de quartier, qui était aussi l’ami de Soumaïla. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dits sur ma personne. Mais à chaque fois  qu’il venait, le grand frère  m’appelait et à trois nous prenions du thé, tout en discutant de tout et de rien. J’ai compris à un moment donné que Soumi avait des intentions à mon égard. Mais, il fallait le laisser venir. Evidemment, il a mis sa compétence en jeu pour m’aborder. Le reste a roulé comme sur des rails.

Pour ce qui est de mon transfert au Djoliba, c’est le président de la section basketball, Alou Sanogo qui m’a fait une proposition. Il était l’ami de mon père, et c’est moi qui faisais leur thé. Donc forcément, une familiarité s’est créée entre nous. Mais, la crainte de mon père, qui est stadiste, le freinait dans sa tentative de me débaucher au profit du Djoliba. Puisque j’épousais la grande forme, Alou Sanogo a finalement bradé sa peur pour me donner rendez-vous au quartier du fleuve. Clairement, il me dit ses intentions de me transférer dans son club mais  il craignait la réaction de mon père. J’ai demandé un temps de réflexion. Quand j’ai parlé de cette rencontre à Soumaïla Traoré, il a beaucoup influé. Comme je l’aimais beaucoup, donc la logique voudra forcément que je lui fasse plaisir au profit d’un club dans lequel il évolue. Ce qui m’a d’ailleurs surprise, c’est la bonne compréhension des dirigeants du Stade malien de Bamako. Ils n’ont opposé aucune résistance, en affirmant que le foyer est le dernier rempart d’une femme. C’est-à-dire le plus grand bonheur pour une femme dans notre société. Pour mon transfert, les Djolibistes m’ont offert une moto et la somme de cinquante mille francs CFA “.

Bozo-L’Homme : un duo infernal

La vivacité, le bon moral et l’inspiration de l’entraineur Cheick Oumar Sissoko dit Yankee dépendaient surtout de la forme de Bozo et de Fatoumata Berthé  “l’Homme”.Face au Djoliba, il demandait au duo si le Stade malien gagnerait ? Les deux, au firmament de leur carrière, n’hésitaient pas à rassurer leur coach.

Mariam Diarra était une joueuse courageuse, efficace avec une qualité naturelle : les bras roulés.  Cette technique constituait d’ailleurs son arme fatale dans les ultimes instants, et à chaque fois que le Stade malien avait le dos au mur. Parce que, soit elle marquait, soit elle bénéficiait des lancers francs.

Confronté à un problème d’effectif, après le départ pour diverses raisons d’Aïssata Guinto, de Sali Dembélé et d’Aïssata Haïdara ” Fouky “, les blancs de Bamako pouvaient compter sur Bozo pour tenir tête au Djoliba, en très grande forme et quasiment insaisissable. Bref, elle a marqué les esprits à un bon moment.

La pratique du basketball relève de la volonté de sa tante, Ténin Diarra. C’est elle qui l’a confiée à Amadou Daouda Sall ; à l’époque entraineur du Stade malien de Bamako. Le technicien l’affecte directement à l’équipe B où elle trouve sur place Fatoumata Berthé, Mansa Diallo, Sacko, Fanta Diallo. Il faut reconnaitre que le Stade disposait d’une équipe homogène et de qualité. Et cette génération de l’équipe B constituait logiquement un avenir certain pour porter le flambeau. Bozo est restée en état d’alerte à ce niveau pendant quatre ans (1980-1984). Pour des raisons de famille, elle rejoint le Niger en 1984. Durant les deux ans qu’elle a passés à Niamey, Bozo n’a pas joué au basketball. Elle a repris le train à son retour au Mali en 1986, et enchaîne les entrainements. Sall n’était plus là. C’est Dramane Coulibaly dit Draba qui dirigeait la barre technique des Blancs de Bamako, et Sogoré s’occupait de l’équipe B. La même année Draba a juste demandé au coach des réservistes de lui passer l’Homme et Bozo pour une séance d’entrainement dans le but de compléter son effectif. Ce jour, il s’est dit que les deux jeunes n’ont plus leur place dans l’équipe B. Voilà comment Bozo et l’Homme ont régné en maitresses absolues, dans  la Maison Blanche après le départ pour diverses raisons du trio infernal : Guinto, Sali et Fouky       .

Après avoir remporté sept coupes du Mali et de titres de champion, Mariam Diarra “Bozo” décide de transférer au Djoliba en 1992,  dans les conditions que nous avons évoquées plus haut. Chez les Rouges de Bamako, elle est devenue également cette joueuse à tout faire, et aux qualités exceptionnelles. Surtout qu’elle était déjà une cadre de l’équipe nationale, qui portait dans ses bagages des tournois internationaux de la CEDEAO, deux championnats d’Afrique de Basketball (Maputo 1991, et Tunis 1996) et les éliminatoires des clubs champions de clubs. Au Djoliba elle n’a pas eu la chance de remporter de trophée de coupe du Mali, mais trois titres de champions.

Au même moment, elle jouait avec l’équipe de la Commune II pour les compétitions de handball parce qu’à son bas âge, elle pratiquait cette discipline. Donc, malgré le fait qu’elle ait  atteint un niveau supérieur dans le basketball, Bozo n’a pas voulu tourner dos à sa commune. C’est dans ce cadre qu’elle a toujours répondu à l’appel des dirigeants communaux.

Le temps du foyer

Les exigences du foyer influencèrent sur la suite de sa carrière. Ce qui l’obligea à arrêter définitivement le basketball. Son mari, Soumaïla Traoré, ne voulait pas du tout qu’elle continue à jouer. Dans le but de la garder toujours dans la famille, les dirigeants du Djoliba l’ont démarchée afin qu’elle encadre les jeunes. Cette initiative vis-à-vis de Bozo échouera également. Pourquoi ? Elle explique : “Mon mari a dit que le job d’entraineur est incompatible avec le foyer. Parce que le coach doit être libre de toute activité. Dans ce cas, comment je pouvais m’occuper de mon foyer ? Il a ses raisons et je n’ai pas du tout voulu insister. Depuis lors, je gère mon foyer avec un enfant qui a dix ans et fait la 6ème Année”.

A-t-elle vécu de bons souvenirs ? Bien sûr que oui, et elle pense au tournoi de Dakar en 1989 où elle a enlevé le trophée de la meilleure marqueuse. S’ajoutent  à cette belle aventure tous les bons moments passés avec son entraineur Cheick Oumar Sissoko dit Yankee.

Parmi toutes les joueuses de l’époque, pourquoi elle a choisi Sali Dembélé comme idole ? Bozo dit qu’elle a été séduite par la façon de jouer de Sali, surtout sa pénétration et sa simplicité sur le  plancher .Elle soutient même que cette idolâtrie a beaucoup influé sur sa réussite, parce qu’elle s’était fixée un objectif : mener une carrière à la dimension de Sali. Cela passait par un sacrifice de tous les jours. C’est-à-dire ne pas relâcher un seul instant. Ce pari, Bozo pense l’avoir réussi même si elle n’a pas la prétention de dire qu’elle a atteint le niveau qualitatif de Salimata Dembélé.

Aujourd’hui, Mariam Diarra “Bozo” s’occupe de son foyer. Son garçon rêve aussi d’être un sportif de haut niveau comme ses parents. Parviendra-t-il à relever ce défi ? Le temps appréciera.

O. Roger Sissoko

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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