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Que sont-ils devenus… Mamadou Damaravy Coulibaly dit DAV : Footballeur et entrepreneur incompris

L’ancien international du Stade malien de Bamako, Mamadou Damaravy Coulibaly dit Dav est notre héros de la semaine pour entretenir nos fidèles lecteurs. Il s’était lancé dans l’aventure dans l’Hexagone en 2008 estimant que l’Etat après lui avoir donné l’opportunité et les moyens d’étudier, a été incapable de lui donner du travail, à cause de la corruption. Que s’est passé ? Dav est un sortant de  l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI). Ingénieur du génie civil, il a créé sa propre entreprise de BTP pour soumissionner aux dossiers d’appel d’offres relatifs à la construction. Désapprouvant le pot-de-vin comme moyen de décrocher des marchés, Dav en a raté des dizaines malgré la qualité technique irréprochable de ses offres. Il ne gagnait que les marchés aux confins du Mali, la distance n’arrangeant pas les entreprises prêtes à accepter  les compromis des différentes commissions de dépouillement. Finalement DAV a compris qu’il n’avait pas sa place dans le système de son pays. A présent l’homme est remonté contre les pratiques qu’il juge inacceptables et qui bloquent l’avancée du pays et l’insertion des jeunes diplômés sans emploi.

Une fois en France, Dav a entrepris des études supplémentaires pour une mise à niveau de son diplôme. Il a travaillé pendant deux ans dans une entreprise de construction, avant de basculer dans la rénovation et la réhabilitation. Depuis quatre ans il évolue dans le bâtiment modulaire au compte d’une entreprise privée.

Il est marié et père de cinq enfants, dont trois filles. Les deux  garçons jouent en 3e division. Il dit avoir transmis leurs documents aux différents entraîneurs de catégories d’âge du Mali. Qui est Mamadou Damaravy Coulibaly ? Son parcours au Stade malien de Bamako ? A L’AS Réal de Bamako ? En équipe nationale ? Qu’est-ce qui a entravé sa carrière ? Son avis sur la situation pénible des anciens joueurs ?

Dav est un ancien pensionnaire du Centre de formation du Stade malien de Bamako. Il a commencé avec les cadets en 1985, puis les juniors deux ans après. Il a été sélectionné en équipe nationale  pour les éliminatoires de la Can Sénégal-92.

Dav était un milieu de terrain défensif très physique. Un atout qui s’expliquait par sa position dans le cœur du jeu. Autrement dit, les dégagements des défenseurs adverses et du gardien atterrissaient très souvent dans sa zone. Son rôle dans le médian stadiste était clairement défini, avec des duels et des touches de balles innombrables. Capable de multiplier les efforts et d’être toujours près des ballons, Dav imposait son impact physique tout en maîtrisant son engagement au risque de prendre des cartons.

L’entraîneur des Aigles Kindia Diallo n’appréciait pas trop cette méfiance de Dav. Vouloir se débarrasser du ballon limitait l’option offensive de l’équipe. Certes le technicien a vite compris que Dav évitait les pertes de balles, par ses passes anticipées alors qu’il avait toujours l’opportunité de s’engouffrer ou de déclencher un tir. Jouer en équipe nationale très jeune n’était pas une situation facile à l’époque. La pression était trop forte et le risque de se casser les dents était patent. Paradoxalement, cette sélection  en équipe nationale a été plutôt un handicap pour Dav.  La raison ? Il ne s’entraînait avec le Stade malien que pendant trois jours, le reste du temps avec les Aigles.

Logiquement il devait figurer dans l’équipe type du vendredi pour le match du week-end. Au lieu de cela, le coach le faisait courir. Une situation qui irrita même feu Dramane Diakité, quand celui-ci demanda à l’entraîneur s’il a d’autres milieux de terrain plus en forme que Dav et lui Dramane.

Feu le doyen Demba Coulibaly ne s’est pas gêné de poser la problématique de la mise à la touche d’un espoir du football malien. Et l’entraîneur de répondre que le petit n’épousait pas la grande forme.

Injustice

En 1994 Mamadou Damaravy Coulibaly n’a pu contenir sa colère face à un scénario qu’il a qualifié de mépris, d’injustice. L’encadrement technique l’ignora carrément au moment de doter les joueurs en chaussures.  Siré Diallo, un ancien international des Blancs, lui conseilla de se calmer en attendant de voir clair. Mais le jeune rouquin était au bout de ses nerfs. Il va transférer à l’AS Réal de Bamako à l’ouverture de la saison 1994-1995.

Pourtant cette décision radicale ne résoudra pas son problème, mais le compliqua même à telle enseigne que les dirigeants du Stade malien vont bloquer sa licence.

Dav ne cédera pas cependant à la pression. Il passera une saison blanche pour être un joueur libre au bout du fil.  La saison suivante, dès les premières semaines, il s’affirmera chez les Scorpions avec l’ambition de retourner en équipe nationale, et décrocher un contrat ? La deuxième journée du championnat national devait opposer le Stade à l’AS Réal. DAV s’est dit que le temps est venu pour lui de faire payer aux Blancs leur “injustice”. Voilà qu’une fois de plus, il est déçu par un fait. Lequel ?

“Dès mon transfert au Réal, j’ai commencé les séances d’entraînements individuels pour maintenir la grande forme, afin de passer une très bonne saison.

A la programmation du derby contre mon ancienne équipe, il fallait quand même redoubler d’effort pour relever le défi. Le jour de la rencontre j’ai eu la surprise désagréable de ne pas être retenu sur la feuille de match. Quel autre coup ! Je suis resté jusqu’à la fin du match, parce que mon engin était dans les vestiaires. Cela a sonné également la fin de mon séjour au Réal”.

Dav a dès lors rompu avec les Scorpions pour rejoindre l’AS Commune II pour le reste de la saison. Là au moins il s’est fait valoir avec une multitude de victoires jusqu’à la fin de la saison avant que toute l’équipe ne rentre en rébellion. La raison ? Ils se sont rendu compte selon Dav du détournement par certains dirigeants de la subvention accordée au club par la mairie.

Avec une succession de déception et de circonstances désagréables, Mamadou Damaravy Coulibaly a finalement compris que le mieux pour lui serait de signer sa retraite footballistique pour se consacrer à son entreprise. Là aussi les pratiques liées aux réalités du monde des affaires le perturbent. Alors que faut-il faire ? Injustice sur les terrains de football, corruption sur le marché de l’emploi. Dav se résigna à  quitter le pays, en 2008 et cela en l’instar d’autres internationaux maliens.

En France, il vit avec d’autres anciens sportifs internationaux maliens. Ceux-ci après leur carrière ont opté pour l’aventure afin de donner une nouvelle orientation à leur vie. Ce phénomène très fréquent est dû selon Dav au fait que la plupart des sportifs en dehors de leur carrière n’entreprennent rien pour assurer leur indépendance dans le temps. Au pire des cas ils sont obligés de quitter le pays.

Parce que l’avenir est sombre. Or il faut de même vivre et subvenir aux besoins de la famille. Malheureusement ceux qui n’ont pas eu la chance de décrocher un emploi, tirent le diable par la queue.

La carrière de Dav est aussi liée aux bons  souvenirs : son passage en équipe nationale,  la Super coupe de 1992, son premier match contre le Djoliba. Sa blessure au genou est son seul mauvais souvenir.

 O. Roger Tél (00223) 63 88

Source: Aujourd’hui-Mali

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