Malamine Touré était un latéral droit dont la pointe de vitesse commandait sa rapidité et sa capacité de débordement. Il savait se positionner par rapport à l’adversaire direct. Logiquement Mala devait se contenter de défendre parce que le Réal avait un ailier droit virevoltant, en la personne de Boubacar Diallo dit Bol. Celui-ci avait un rôle de piston sur des passes ou des ouvertures judicieuses du géomètre feu Sory Ibrahim Touré dit Binké. Mais Mala jouait également sa partition dans l’animation de l’attaque des Scorpions par ses allers et retours sur son couloir. Il prenait le relais chaque fois que Bol récupérait son souffle.
En plus de ses qualités offensives, l’homme savait aussi défendre par ses tacles réguliers, parfois agressifs, une façon de signifier aux attaquants la dangerosité de sa zone. Par son endurance Mala épousait toujours la grande forme. Ce qui lui a valu une sélection en équipe nationale junior en 1988. Titulaire durant la phase préparatoire des éliminatoires de la Can, il a été expulsé de l’internat par l’entraîneur Idrissa Touré dit Nany. Que s’était-il passé ? “Tout est parti d’un match amical contre les Aigles. A la suite d’un corner, Cheick Diallo marqua un but sur lequel j’étais fautif. Nany, non content, n’a pas hésité à vociférer sur moi. J’ai répliqué à ma manière, sans m’adresser directement à lui. A notre retour à l’internat, il m’a dit qu’il se passe de mes services, et que je pouvais rentrer. Du coup, j’ai pris mes bagages pour la maison. Voilà comment j’ai été exclu. Malgré l’intervention des dirigeants et des supporters du Réal, le coach n’est pas revenu sur sa décision”.
La page de son histoire avec l’équipe Nationale junior se ferma à ce niveau. Mala continuera cependant d’opérer dans le couloir droit des Scorpions, avec la conviction qu’il re-émergera avec les Aigles. Effectivement les entraîneurs Kidian Diallo et Molobaly Sissoko l’ont sélectionné pour les éliminatoires des Can de Sénégal 1992, et de Tunis 1994. Principalement les Maliens retiennent une prestation de Mala lors de la rencontre Cameroun-Mali le 19 août 1990, au lendemain du Mondial joué en Italie où les Lions Indomptables ont créé la sensation avec un certain Roger Albert Milla. Le doyen Djibril Traoré qui commentait ce match n’a cessé de faire l’éloge du jeune latéral droit malien.
Le tournant
Un mal du genou l’éloignera des terrains d’entraînement à deux journées de la fin des éliminatoires de la Can de Tunis. Il a logiquement raté la compétition et s’est résolu à s’aventurer en France. Comme évoqué plus haut, Mala finit par abandonner le football pour travailler à Vision Sécurité Privée de 2000 à 2004. Dans cette entreprise, son audace d’empêcher le directeur de sortir avec un produit sans passer par la caisse, lui donna l’opportunité de créer sa propre entreprise.
Comment ? Malamine estime qu’il a évité le piège tendu par son patron parce qu’il l’invita dans son bureau quelques instants après pour le féliciter et l’encourager surtout à créer sa propre entreprise dans l’avenir. C’est ainsi qu’il créa MALA SÉCURITÉ, soutenue par des contrats avec le Consulat du Mali à Paris, l’Université de Nanterre, la Sorbonne, l’Opéra, la Cour des comptes, les Magasins Peny Market.
Pendant sept ans, l’enfant de Bozola mènera la cadence pour assurer son indépendance et entretenir des Maliens en difficulté. En 2002, l’entreprise MALA SÉCURITÉ a chuté dans une zone de turbulences avec la rupture de certains contrats. La raison ? Ses partenaires qui lui sous traitaient les marchés ont été relevés de leur poste ou mutés ailleurs. Face à cette nouvelle donne Malamine Touré a tourné dos à ce domaine, pour se lancer dans le transport. A présent il y opère. Malamine qui aime dans la vie le travail, tout en détestant l’hypocrisie est marié et père de sept enfants.
Dans son adolescence Mala jouait dans l’Africa FC, un club du quartier populaire de Bozola, avant de transférer au Hafia pour les coupes de vacances. Grandi avec une certaine maturité juvénile, les aînés ont jugé nécessaire de le sélectionner dans l’équipe du quartier en prélude aux compétitions organisées à l’époque par l’UDPM dans les différentes communes.
Il est l’un des rares joueurs de sa génération à ne pas passer par le centre de formation du Réal. Il a intégré directement la catégorie senior. En 1985, à la faveur de la Coupe Corpo, un supporter des Scorpions, Salia Koné le confia à l’encadrement technique. Certes Mala a réussi son test dès le premier jour, mais un coup de théâtre et un coup de foudre se produisent. En cinq jours d’entraînement, il est titularisé contre le Djoliba au tournoi d’ouverture BMCD.
Prise du pouvoir
Au cours de la rencontre il est victime d’une rupture du ligament. Conséquence : il sera indisponible pendant un an. Sur ordre de son père, grand sympathisant du Djoliba, sa convalescence le conduira directement dans la famille Rouge. Une moto, une somme d’argent suffisaient-elles pour un jeune qui avait envie de jouer au ballon à temps plein ? Non. Or le constat amer était que l’enfant de Bozola devait s’abonner au banc de touche ou se contenter de simples convocations d’avant-matches. L’équation n’était pas facile à résoudre, le Djoliba regorgeait de vedettes, et Kéké avait une vision pour ce groupe. Dans ce cas Mala ne pouvait être qu’une réserve immédiate pour un avenir promoteur. Cette logique n’arrangeait pas l’enfant de Bozola. Il fallait alors retourner au Réal, dont la défaite face au Sigui de Kayes en finale de la Coupe du Mali a démotivé les ténors. En octobre 1987, les jeunes dont Mala, profiteront du tournoi d’ouverture de la saison pour se déclarer héritiers du temple des Scorpions de Bamako. Aujourd’hui Mala arrive à la conclusion que sa mise à l’écart au Djoliba, et la défaite du Réal contre le Sigui ont été l’occasion pour lui de se faire un chemin. Et il ne pouvait rêver mieux. A l’AS Réal de Bamako, il a remporté deux coupes du Mali (1989 contre le Djoliba et 1991 face la vaillante équipe de l’AS Mandé de la Commune IV).
Autre remarque, Mala n’a jamais été défaillant durant son parcours au Réal, marqué par de bons souvenirs : sa première sélection avec les Aigles face à des mondialistes contre lesquels il a réalisé l’un des meilleurs matches de sa vie, la demi-finale de la Coupe du Mali, remportée face à l’AS Commune II en 1991, et ce match de championnat contre le Stade malien de Bamako en 1990. Au rayon des mauvais souvenirs, il met sa première blessure contre le Djoliba en 1985, son expulsion de l’internat des Aiglons par l’entraîneur Nany.
O. Roger Tél (00223) 63 88 24 23
Source: Aujourd’hui-Mali