Le président rwandais Paul Kagamé a achevé sa tournée ouest-africaine par la République de Guinée où un accueil chaleureux lui a été réservé. Il a d’abord rendu visite à ses homologues du Bénin et de la Guinée-Bissau dans leur pays respectif. Que peut-on vraiment retenir de cette tournée ?
Coopération militaire
M. Kagamé a entamé sa tournée par une visite de 48 heures au Bénin. Patrice Talon et son homologue rwandais ont longuement échangé sur plusieurs sujets dont la sécurité.
Le nord du Bénin est depuis peu la cible d’attaques meurtrières menées par des hommes armés. Une menace que le pays tente de contenir hors de ses frontières afin d’éviter la prolifération de cette menace sur le reste du pays.
Le Rwanda de Paul Kagamé a déjà fait preuve de son expérience dans ce domaine notamment au Mozambique. Ce pays a reçu un soutien de l’armée rwandaise pour venir à bout de l’insurrection armée qui a sévi au nord du Mozambique.
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« Nous sommes prêts à travailler avec le Bénin pour prévenir tout ce qui se peut produire dans la zone autour de ses frontières », a déclaré Paul Kagamé.
Kabinet Fofana, analyste politique et directeur de l’association guinéenne de sciences politiques, voit en cette tournée « une dynamique d’expansion de la diplomatie rwandaise. »
« Au Bénin, nous avons vu qu’il a parlé de sécurité, du numérique avec le Bénin. Il y a même une possibilité de mettre en place une joint-venture qui va consister à vendre l’expertise militaire rwandaise », explique M. Fofana.
Une expansion numérique aussi
Au-delà de la coopération militaire avec le Bénin, le Rwanda souhaite également se positionner sur le marché du numérique en Afrique de l’Ouest.
En République de Guinée, les gouvernements rwandais et guinéen ont signé un protocole d’entente entre les deux pays « dans le domaine des postes et télécommunications et des technologies de l’information et de la communication, la digitalisation de l’État et du numérique en général », informe Mory Sanda Kouyaté, le ministre des Affaires étrangères.
Paul Kagamé a exhorté la Guinée et le Rwanda à œuvrer pour une synergie basée sur les partages de connaissances et d’expérience.
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« Le Rwanda se positionne comme une espèce de Silicon Valley africain et ceci s’affirme depuis ses années », déclare Kabinet Fofana à la BBC.
Avec son Kigali Innovation City, situé à une dizaine de kilomètres de la capitale, le Rwanda souhaite devenir un centre d’innovation et de créativité high-tech en Afrique.
Selon Kabinet Fofana, le secteur minier constitue également un domaine qui intéresse de le chef de l’Etat rwandais. Le pays a inauguré en 2019 sa première raffinerie d’or.
« Le pays n’a pas suffisamment d’or et donc il faut trouver donc ce débouché dans les pays africains et je pense qu’un pays comme la Guinée en a suffisamment. Le Mali, également, a de l’or. Ces pays peuvent bien donc intéresser des industries rwandaises qui ont besoin de débouchés dans ces pays africains », explique Kabinet Fofana.
La RDC « s’invite » dans la tournée
Cette tournée a cependant été écornée par une petite polémique déclenchée par le président Kagamé. Ses propos selon lesquels le conflit qui sévit à l’est de la République démocratique du Congo est dû aux frontières tracées à l’époque coloniale n’ont pas été appréciés à Kinshasa.
Le gouvernement congolais a rapidement réagi en dénonçant ce qu’il considère comme une provocation de la part de Kagamé.
Selon le Porte-Parole du gouvernement de la RDC Patrice Muyaya, M. Kagamé ne cherche qu’à « travestir l’histoire ».
Le Rwanda est régulièrement accusé par son voisin de soutenir le mouvement armé du M23 qui mène des actions à l’est de la R. D. Congo.
Cependant, Kigali a toujours nié les accusations de Kinshasa.
Source : BBC