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Quand Idriss Déby menace de rétablir la cour martiale au Tchad, son ministre de la Sécurité s’est déjà substitué à la justice

Au moins une centaine de personnes sont mortes au mois de mai dans l’est et le sud du Tchad, au cours de plusieurs affrontements distincts qui ont opposé agriculteurs autochtones ouaddaïens et éleveurs membres de tribus arabes dans l’est du pays et les communautés Moundang et Mousseye dans le Mayo-Kebbi Ouest suite à un conflit foncier. «Nous devons impérativement mettre un terme à cette cruauté inhumaine», a réagi Idriss Déby s’adressant ce mardi 3 juin aux leaders du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Tchad (CSAI) à l’occasion de l’Aid El Fitr 2019. Le dictateur tchadien a indiqué que « toutes les options, allant de la révision totale de la « Dia » appelée communément « prix du sang », à l’instauration de la Cour martiale, si cela doit être considéré comme une alternative durable à ces actes criminels,  seront étudiées et traduites en acte. »

La cour martiale, supprimée en 1993, était compétente pour juger militaires et civils. Le Tchad a aboli fin 2016 la peine de mort à l’exception des affaires de «terrorisme». Depuis plusieurs dizaines d’années, l’Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre Ouaddaïens et Arabes. En novembre 2018, des affrontements meurtriers s’étaient déjà produits: une dizaine de personnes avaient été tuées à une soixantaine de kilomètres d’Abéché, la capitale du Ouaddaï, province de l’est du Tchad.

Selon les chercheurs, l’augmentation de la sécheresse dans les région du Ouaddaï et du Sila et la pression démographique a eu pour effet d’intensifier les tensions liées à la transhumance. Et à ces changements structurels, sont venus se greffer des problèmes ethniques instrumentalisés par le régime d’Idriss Déby. Selon les autorités traditionnelles, les forces de l’ordre s’interpose avec beaucoup de « partialité » lors de conflits. Par un communiqué publié il y a quelques jours, le Sultan du Dar-Ouaddaï a interpellé le gouvernement afin de « s’impliquer davantage dans la gestion transparente de la crise et de nommer des responsables militaires neutres dans les régions pour assurer la sécurité des populations ».

Sans aucun cadre juridique, le ministre de l’Administration du territoire, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, Mahamat Abali Salah, a envoyé au bagne de Koro-Toro plusieurs centaines de personnes présumées impliquées dans les affrontements intercommunautaires à l’est et dans le sud du pays. Plusieurs chefs traditionnels dont le Sultan du Dar-Ouaddaï ont été démis de leurs fonctions ou suspendus par le Général Mahamat Abali Salah. « Je ne veux plus entendre parler de conflits. Votre rôle est de faire sentir à la population la présence de l’autorité de l’Etat », a-t-il déclaré au cours d’une rencontre à Pala.

TchadConvergence

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