Pour une affaire foncière entre deux familles du village de Bananzolé, il y a eu une altercation entre Bourama Tidiane Traoré, député RPM, originaire dudit village et le Juge de paix à compétence étendue de Ouéléssébougou, Amadou Diadié Touré, le mardi 25 novembre. Actuellement en garde à vue au Camp I, le député nous a livré sa version des faits.
Cette histoire qui se mue de plus en plus en affaire d’Etat a poussé votre journal préféré à écouter les deux protagonistes. D’après l’honorable Traoré, pour un litige foncier qui oppose deux familles de Bananzolé, en tant que représentant du peuple, il s’est rendu à Oueléssébougou chez le Juge de paix à compétence étendue, afin de s’imprégner de l’évolution du dossier.
Car le dossier serait pendant devant la justice depuis le temps du juge Dramane Diarra. «Arrivé dans le bureau du juge, explique-t-il, je lui ai dis l’objet de ma visite tout en lui demandant si je pouvais lui être utile en fournissant des informations qui l’aideraient dans la manifestation de la vérité». Chose que le juge n’a pas refusé. Au cours de l’entretien, le député aurait voulu recouper une information incriminant le juge. Lors de l’audition d’une des parties au litige en question, le juge aurait demandé le montant que cette dernière a donné au géomètre.
Le député Traoré aurait exprimé son incompréhension face à cette situation, estimant que le métier de géomètre est une profession libérale. Cette question a, semble-t-il, heurté la sensibilité du juge Touré qui a demandé à l’honorable d’interpeller le ministre de la Justice pour comprendre ce qui lui paraissait flou. «N’ai-je pas le droit de vous poser la question ?», aurait demandé le député Traoré.
C’est là où les choses ont dégénéré. «Si c’est comme ça, sors de mon bureau », aurait ordonné le juge. «Ne me chasse pas comme une vulgaire personne quand même», aurait répliqué le député. «C’est à partir de là qu’il s’est mis à me pousser vers la sortie, en me donnant des coups de poing auxquels je n’ai pas riposté. Comme si cela ne suffisait pas, il a appelé son aide de camp pour me mettre au cachot. Ce dernier m’a ceinturé et le juge Touré continuait à m’infliger des coups de poing à telle enseigne que je saignais du nez et de la bouche.
Entre temps, il a appelé le chef de Brigade de la Gendarmerie pour dire qu’il a été agressé dans son bureau. Ainsi, le CB s’est présenté avec des agents qui m’ont conduit à la brigade dans une Mercedes190, je crois, car il faisait nuit», expliquera Bourama Tidiane Traoré. A en croire l’élu, le CB a voulu l’auditionné, mais à condition que la foule qui l’accompagnait déguerpisse.
Entre temps, affirme-t-il, le CB annonce avoir reçu un coup de fil du Directeur général de la Gendarmerie nationale. Ce dernier aurait recommandé à son subordonné d’envoyer Traoré au Camp I de Bamako. L’instruction, si l’on en croit l’honorable Traoré, serait venue du Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Tessougué.
Arrivé au Camp I, il a été auditionné de 22 heures à 1 heure du matin, soit pendant plus de 3 heures. Soulignons que cette nuit a été mouvementée, car il y avait un balai de députés dont le Président de la commission Défense, Karim Keïta, Mahamadou Hawa Gassama Diaby ainsi que des vice-présidents de l’Assemblée nationale.
Au moment où nous mettions sous presse, Traoré était toujours en garde à vue au Camp I. et des députés avaient décidé d’arrêter toute activité pour une mobilisation générale en faveur de leur collègue. De sources proches du dossier, l’honorable Abdrahamane Niang, président de la Haute cour de justice, aurait demandé d’écrire au Président de la République afin que ce dernier donne instruction pour la libération de leur collègue.
Oumar KONATE
Source: Le Prétoire