Si, de part et d’autre, les opinions ne divergent pas tant sur les solutions (juridiques ou politiques) à apporter aux autres revendications portées par le M5-RFP, à savoir, la dissolution de l’Assemblée Nationale et la recomposition de la cour constitutionnelle, celle relative à la demande de démission du Président de la République quand ce n’est pas sa destitution, n’a toujours pas bénéficié d’un vent –très- favorable au sein de l’opinion nationale et internationale. Inquiète par la tournure que prend la crise socio-politique dans notre pays, la communauté internationale n’a cessé de solliciter les différentes parties à privilégier les voies du dialogue et de la retenue. Se faisant, les responsables du M5-RFP ne souhaitant décevoir ni la communauté internationale ni les maliens qui exigent, sans autre forme de procès, le départ immédiat du Président de la République, ont pu, finalement, trouver une solution ni…ni. Ni pour la démission pure et simple du Président de la République ni pour son maintien au pouvoir.
L’un des principes de base dans toute négociation, réside dans la concession, pour chacune des parties en discussion, de certains points de revendication auxquels elle tenait. Cependant, au regard de la proposition mise sur la table de négociation par le M5-RFP, relative à la nomination d’un Premier ministre de pleins pouvoirs, dans leur rang, ni choisi par le Président de la République ni possibilité d’être demis par ce dernier, et bénéficiant du coup, de toutes les prérogatives constitutionnelles offertes au Président de la République (démocratiquement élu par le peuple), nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que le M5-RFP, fait semblant de concéder sur un de ses points de revendication et demande au Président de la République, non pas de concéder, mais plutôt de céder ses pouvoirs, et tous ses pouvoirs !
Nous dira-t-on certainement : « Mais c’est bien le Président de la République, seul, face à son peuple. Il lui revient de faire plus et de donner plus ». Nous répondrons que bien évidemment le Président de la République doit offrir plus à son peuple, mais faudrait-il qu’on ne lui propose pas un plan d’humiliation et quoi d’autre !
S’il était établi, jusque-là, que le M5-RFP a privilégié les voies pacifiques, à travers des manifestations populaires, pour demander « la démission du Président de la République et de son régime », ceci pour lui donner une chance de « sortir par la grande porte de l’histoire », il est difficile de comprendre cette nouvelle offre du M5-RFP, qui consiste à dépouiller le Président de la République de tous ses pouvoirs, et à l’humilier jusqu’à la fin de son mandat constitutionnel. Il aurait été préférable, sous ce schéma, de continuer à exiger la démission pure et simple du Président de la République, plus directe et moins malicieuse.
Garder le Président de la République en lui ôtant tout ce qui fait de lui ce qu’il est, c’est lui « faire sortir par la petite porte de l’histoire ».
Oui, il est possible de proposer au Président de la République, de nommer, dans le consensus, un premier ministre qui fera appel aux intelligences maliennes ; un gouvernement moins politique et plus technocratique, qui conduira toutes les réformes nécessaires pour l’émergence d’un Mali nouveau. Mais non à un Premier ministre, tel que présenté par le M5-RFP, qui viendra bousiller toutes nos bases juridico-institutionnelles.
A croire que finalement, le M5-RFP veut signifier, à travers son plan, qu’il n’a pas bougé d’un iota, sur sa revendication première, la démission pure et simple du Président de la République.
La balle est désormais dans le camp du Président de la République, qui soit, marquera un but dans son propre camp, soit, relancera la balle dans le camp du M5-RFP. En tout cas, le match semble loin d’être fini. Wait and see !
Lamissa Diarra