L’amazone de l’armée malienne, le Colonel Néma Sagara, seule femme militaire malienne au front, a positivement joué son rôle en cette période cruciale pour le pays. Cette héroïne s’est battue au même titre que les hommes. Numéro 2 des opérations à Gao, après le Colonel Major Didier Dackouo, son dévouement et son engagement lui ont valu d’être nommée au poste de directrice du centre d’instruction de Koutiala.
Nema Sagara
Néma Sagara ne cache pas son amour pour son pays en ce sens qu’elle est guidée par sa motivation d’aller sur le champ de bataille et se battre au même titre que les hommes. » J’ai fait l’armée par amour et par vocation. J’ai décidé d’aller au nord au lieu de rester au sud, parce que c’est là-bas que ça se passe. Je me sentais plus utile sur le front, pour me battre contre les terroristes, les djihadistes, les indépendantistes et tous les ennemis du Mali « , dit-elle fièrement à Celestin Edjangué, chef de l’information de Africa 24.
En effet, le Lieutenant Colonel Nema Sagara est une héroïne de guerre. On se souvient qu’elle a fait la guerre en Sierra-Leone, avant de retourner aux Etats-Unis pour de nouvelles études militaires en Alabama. Pendant que l’occupation battait son plein, l’amazone était admise à la National Defence University, à Washington DC, la plus grande école de guerre des États-Unis. Preuve qu’elle est suffisamment expérimentée en la matière. » L’armée malienne se battait bien avant l’arrivée des forces étrangères, mais ce qui a manqué, c’est la logistique. Comme vous le savez, un médecin par exemple, pour sauver un malade, doit avoir du matériel. L’armée malienne avait la volonté de se battre, mais sans logistique c’est compliqué. J’étais sur le terrain avec les militaires. Je les voyais se battre avec le cœur. Prenez l’exemple sur le Vietnam qui a été attaqué par presque toutes les grandes puissances, mais avec le cœur, ils ont toujours su se défendre » a-t-elle rappelé.
L’enfant du pays dogon qui a été nommée directrice du centre d’instruction de Koutiala reconnait que l’armée a besoin de plus de ressources humaines, surtout avec ces envahisseurs. « Je suis en train de former présentement des jeunes combattants, je dis bien des combattants, qui recevront une formation à l’échelle internationale. Il faut reconnaître que vu l’ampleur de la situation sécuritaire, le Mali a besoin de ressources humaines capables. Et ces jeunes qui seront prêts d’ici peu de temps n’ont besoin que du soutien de la population » précisera-t-elle.
De nos jours à Gao, Néma est la personnalité la plus aimée des Maliens. Selon une de nos sources, la population de Gao aurait demandé à l’amazone de se présenter à l’élection présidentielle, preuve qu’elle est vue comme le sauveur d’un peuple. On se souvient aussi du témoignage fait par le Lieutenant-colonel Aldo des forces Serval, à un de nos confrères, qui s’est dit admiratif du dévouement de cet officier qui respecte l’uniforme. » Notre collaboration avec le lieutenant-colonel Néma Sagara, pour le travail qu’on a réalisé ensemble auprès des autorités et des populations de Gao, était exceptionnelle. J’ai toujours trouvé en Néma un soldat qui est disponible et très dynamique au profit des Maliens. Nous avons établi un véritable partenariat. Nous étions vraiment ensemble, côte à côte, elle et toute mon équipe pour organiser les réunions de conciliation sur les problèmes qui pouvaient exister éventuellement entre les communautés. On était aussi côte à côte, pour organiser la campagne de prévention contre les munitions non explosées.
Qu’il s’agisse du passage dans les écoles pour expliquer aux enfants ce qu’il fallait faire pour se passer des minutions non explosées ou de la campagne qui nous a permis d’afficher les panneaux d’information pour les populations sur les minutions non explosées. Elle a été également d’un très grand appui pour la réalisation des travaux de réhabilitation du marché de Gao qui avait été détruit en février pendant les combats. Et que nous nous sommes attachés à réhabiliter sur fonds financiers français. Donc, par ses excellentes connaissances et ses relations avec différentes personnalités de la ville et les populations, elle nous a facilité pour la réhabilitation de ce marché. Je suis très admiratif du travail du lieutenant Nema. C’est une femme militaire qui n’a pas hésité une seule seconde à aller sur la ligne de front. Dans notre esprit d’homme, ce n’est pas du tout facile, à plus forte raison une femme. Ce sont des conditions de vie très particulières « .
Après la promotion au grade de généraux de certains officiers à l’issue du conseil des ministres du mercredi 14 Août dernier, un lecteur nous a confié être satisfait de ces promotions, mais regrette le fait que le Lieutenant Colonel Néma Sagara ne soit pas dans cette vague. » Néma Sagara nous a prouvé qu’elle est capable de se battre pour son pays, elle a été au Nord sans même l’accord de sa hiérarchie, par amour pour la nation. Elle méritait d’être promue. J’espère que son tour ne tardera pas à venir » dira-t-il avec espoir.
On a beau le dire, seul le travail paie et nous sommes convaincus que le Lieutenant Colonel Néma Sagara, présentement directrice du centre d’instruction de Koutiala et qui a longtemps été numéro 2 du Colonel Major Didier Dakouo, aujourd’hui récompensé et promu au grade de général, tout comme le Colonel Ould Méïdou, actuellement conseiller militaire au ministère de la défense et le Colonel-major Aladji Gamou méritent eux aussi d’être élévés au grade supérieur.
Clarisse NJIKAM
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