Enfin le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) a été officiellement lancé, le mardi dernier, à partir de la Cité des Askia, Gao. C’est en présence d’une foule nombreuse d’autorités politiques, de représentants des groupes armés de partenaires de la Minusma, de l’UE, de l’UA et de la Cédéao. Certes, c’est une étape importante qui est ainsi entamée, mais, force est de constater qu’étant donné que le calendrier caché des membres de l’Azawad et leurs acolytes tapis dans l’ombre, n’est autre que la partition du Mali, force est d’affirmer à qui voudrait l’entendre que ce programme démarre sur fond de scepticisme réel.
Le mardi 6 novembre, à Gao, sera retenu dans les annales de l’histoire du processus de rétablissement de la paix et de l’intégrité territoriale du Mali en crise multidimensionnelle et sécuritaire depuis 2012. En fait, il s’agit du démarrage officiel du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR). Cependant, à l’instant même où la communauté internationale fondait beaucoup d’espoir au démarrage des présents travaux, les groupes armés, dans une lettre adressée au gouvernement, formulent des nouvelles préoccupations. Ce qui suscite de vives inquiétudes chez bien d’observateurs avertis qui estiment que ce programme ne saurait entraîner à l’immédiat des effets escomptés au plan sécuritaire.
Dans leur courrier, les leaders politiques et l’aile militaire des groupes armés expriment une série de préoccupations qu’ils exigent de prendre en compte avant le début d’exécution de la teneur de la feuille de route du DDR. En effet, selon nos informations, il s’agit de la question des grades des anciens combattants, de leur indemnisation en cas de blessure ou s’ils sont tués sur le champ des opérations, du nombre de personnes devant intégrer l’Armée nationale, du projet des réformes attendues au sein de l’Armée, etc.
En effet, les groupes signataires de l’accord d’Alger, la Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme exigent que leurs éléments conservent une fois au sein des effectifs des forces armées et de sécurité les mêmes grades qu’ils avaient quand ils étaient combattants de la rébellion. A ce propos, les membres de la commission nationale du programme DDR se sont concertés, le mardi dernier à Gao, pour prendre en compte ces vives préoccupations de nos frères rebelles.
En tout cas, selon une source proche du DDR au sein de la Minusma, ce problème de grades a trouvé solution. Et, selon des sources concordantes, c’était l’épineuse question du nombre de combattants devant intégrer les effectifs de l’Armée régulière qui reste posée. Toutefois, force est d’avouer que pour la réussite de ce démarrage du DDR, les responsables des groupes armés doivent consentir des sacrifices. Aussi, il va falloir qu’il y ait moins d’interlocuteurs autour du dossier soumis en discussion. Ce, même en cas de blocage autour de certains points clés.
Selon un officier d’un pays africain, membre de la Minusma, ayant requis l’anonymat, ce démarrage de l’opération de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants doit engendrer des progrès dans le processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali; mais, toutefois, selon l’officier, avec ces revendications multiples du côté des groupes armés, il risque d’y avoir des facteurs de blocage des travaux difficiles à lever.
Sur les 36.000 ex-combattants, il est prévu pour marquer le démarrage effectif de l’opération du DDR 1600 éléments des groupes signataires issus du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc), qui doivent rendre leurs armes pour intégrer l’Armée régulière. “L’intégration est effective à condition de remplir un certain nombre de critères dont l’âge requis, la qualification, l’expérience militaire et le niveau d’études. Les personnes qui ne répondent pas à ces critères bénéficieront d’un programme de soutien à la réinsertion dans la vie civile”, selon une déclaration officielle rendue publique la semaine dernière.
Amadou N’djim
Source: Le Point