Le parquet de Bamako a requis vendredi une peine de trois mois de prison ferme à l’encontre d’un vice-président de l’organe législatif de la transition jugé en flagrant délit pour « troubles à l’ordre public ». Une réunion d’urgence des membres du Conseil National de la Transition est attendue ce lundi 1er novembre à huis clos, dont l’ordre du jour porte sur le démêlé judiciaire du 4e vice-président de l’institution. L’infortuné pourra-t-il être sauvé de la prison ?
L’avenir de Kaou Dijm en tant que membre du CNT sera envisagé ce lundi 1ernovembre après la réunion ad hoc du Conseil National de la Transition. Une réunion qui intervient à la suite de l’arrestation du 4e vice-président pour atteinte a l’ordre public et au crédit de l’État. Appelé à la barre le vendredi dernier, après des débats houleux, le délibéré de son procès est attendu le 3 décembre prochain. La question fondamentale est de savoir si le quatrième vice-président perdra son statut de député avant cette date. Si celui-ci venait à être levé à l’issue de la réunion ad hoc que pourrait craindre Kaou Dijm? Déjà que le délit pour lequel il est poursuivi est passible de 3 mois à deux années d’emprisonnement, selon des sources judiciaires. Le parquet a en tout cas demandé trois mois de prison à l’encontre de Issa Kaou Dijm.
Son jugement, mis en délibéré au 3 décembre prochain par la présidente du tribunal de la commune IV de Bamako, Diarra Fatoumata Sidibé, sera régulièrement commenté, le personnage était devenu une des grandes bouches du landerneau politique. La magistrate a rejeté la demande de liberté provisoire de M. N’Djim qui va donc rester en prison. « Je n’ai jamais voulu déstabiliser le pays. Ça n’a jamais été mon objectif », s’est défendu le prévenu qui conteste les faits. « J’ai démontré durant tout le procès que mon client ne pouvait pas être poursuivi », a déclaré à l’AFP l’avocat de M. N’Djim, Me Kassoum Tapo, faisant valoir qu’en tant que membre du CNT, il bénéficiait d’une immunité parlementaire. Il a annoncé qu’il déposerait une nouvelle demande de liberté provisoire. Un vice-président du CNT, Modibo Sidibé, a par ailleurs annoncé vendredi « une séance plénière à huis clos » de cette instance ce lundi, qui sera consacrée à « la mise en place d’une commission ad hoc relative à l’affaire, dans un communiqué. Issa Kaou N’Djim a été interpelé mardi soir à Bamako pour « propos subversifs » sur « les réseaux sociaux », selon une source judiciaire et inculpé jeudi pour « troubles à l’ordre public, et atteinte au crédit de l’État ».
Personnage connu de la scène politique malienne, Issa Kaou N’Djim a été le porte-parole de l’imam Mahmoud Dicko, figure de la mobilisation populaire qui a précédé le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020. Il est également connu pour son soutien au chef des putschistes, président de la transition, le colonel Assimi Goïta, ainsi que pour ses critiques acerbes contre le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga. Il avait notamment critiqué M. Maïga après la décision, lundi, de déclarer « persona non grata » le représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à Bamako, Hamidou Boly, accusé par le gouvernement d’ »agissements incompatibles avec son statut ».
Lansine Coulibaly
Source : LE COMBAT