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Prise en charge des malades du covid-19 À kayes: la colère de la population et du personnel soignant

Des populations de la ville de Kayes ont manifesté ce lundi contre les mauvaises conditions de travail des agents de santé mobilisés dans la lutte contre le coronavirus. Sans combinaison médicale ni masque adapté, ils continuent de travailler avec tous les risques.

 

A l’appel de la société civile de la région de Kayes, des dizaines d’individus ont défié les mesures-barrières pour tenir un sit-in devant l’hôpital régional Fousseyni Daou. L’objectif de la manifestation : exiger du gouvernement plus de moyens, de matériels à l’équipe de prise en charge du covid-19.

Scandant des messages hostiles aux autorités maliennes, on pouvait lire sur des affiches des manifestants : « Trop de mensonges », « Kayes face à un danger », « Kayes fait partie du Mali », « Nos vies ont été mises en danger », « Kayes ne mérite pas ça », « Nos patients souffrent ».

Le rappel de l’État à l’ordre

Ibrahim MAIGA, l’un des manifestants joints par nos soins, explique : « Nous avons été choqués, indignés par une sortie d’un responsable sanitaire sur les conditions difficiles de travail de l’équipe de prise en charge du covid-19. C’est pourquoi nous avons décidé de sortir pour rappeler à l’Etat ses engagements en décrétant l’état d’urgence sanitaire ».

Pour lui, il est inadmissible que le personnel de la santé de Kayes continue de travailler sans des conditions minimums de protection face à une pandémie ravageuse. La région de Kayes est solidaire avec tout le personnel soignant, se solidarise-t-il.

À ce jour, près de dix personnes sont alitées à l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes du coronavirus, dont sept du personnel soignant. Les conditions de leur prise en charge sont effroyables. Et pour le personnel sanitaire, les conditions de travail sont pires. L’appui promis par l’État se fait attendre encore un mois après que les autorités aient décrété l’état d’urgence sanitaire.

Pour le Secrétaire général des travailleurs de l’hôpital Fousseyni Daou, Gueladjo TRAORE : « Il n’y a aucun dispositif sanitaire en place dans l’hôpital de Kayes contre le coronavirus. Les conditions de travail et de traitement sont très difficiles pour le personnel et même pour les patients. Je ne peux pas comprendre que l’État ne nous donne pas de matériels, d’équipements. La formation, on n’en parle pas ».

Abandon des familles des agents contaminés

Conséquence, a-t-il affirmé, les familles de sept agents de santé contaminés et sous traitement du COVID-19 sont abandonnées pour compte. Pour autant, ils ont été infectés en mission de l’État malien. « Aucune compassion des autorités locales », s’indigne M. Traoré la gorge nouée. Pis, il ajoute « ce qui se passe à Kayes est inhumain ».

Même pas un seul geste social, selon lui, consistant à venir reconnaître le travail de l’équipe de prise en charge.

« Ni préfet, ni Gouverneur, ni le directeur régional de la santé, ni président de l’Assemblée nationale ne s’est déplacé pour venir nous voir », a-t-il déploré.

Face aux conditions de travail déplorables, à l’absence de combinaison médicale, le traitement des malades ne se fait pas convenable parce qu’il faut éviter d’être en contact avec les patients.

« Depuis le dimanche dernier, on est obligé de faire le tour du bâtiment (où les malades sont logés) et c’est par la fenêtre que les patients sont servis à manger. Parce qu’on n’a aussi de masques adaptés », déclare le syndicaliste.

Rupture de médicaments

De même, il a déploré le fait qu’ils soient en manque de médicaments. Depuis le début de la pandémie, ils attendent les dotations du département de la Santé comme promis. À défaut de les avoir, l’équipe de prise en charge se débrouille avec ses moyens de bord pour acheter les médicaments avec l’argent de la caisse de l’hôpital.

« On prend les médicaments à la pharmacie de l’hôpital qui ne sont pas des spécialités. À défaut, c’est le caissier qui prend l’ordonnance pour aller acheter les médicaments dans les pharmacies de la ville », dénonce-t-il.

Ces dépenses supplémentaires ont presque asséché la caisse de l’hôpital. Et maintenant les prélèvements font deux jours souvent avant d’être envoyés à Bamako, à cause des difficultés de trésorerie.   

Paradoxalement, relève-t-il, des milliards sont annoncés par le gouvernement pour la prise en charge de cette maladie alors qu’eux (les agents de la santé) sont dans les conditions « bizarres-là ». Pour lui, tout se passe comme si la région Kayes ne fait pas partie du Mali.

En revanche, le directeur adjoint de la santé, le Dr Abdoulaye Guindo, que nous avons pu joindre par téléphone est lui surpris de la nouvelle. Selon lui, toutes les dotations pour la région de Kayes sont envoyées normalement.

« Mais je ne sais pas sur place, quelle gestion a été faite des envois », a-t-il souligné.

Ces réalités, en tout état cause, sur le terrain contrastent avec le discours du président Ibrahim Boubacar KEITA de mettre les moyens à la disposition des structures sanitaires pour la prise en charge du coronavirus.

Aussi, sur la page Facebook du gouvernorat, les autorités régionales de Kayes démentent toute rupture d’équipements et de médicaments pour la prise en charge des patients du COVID-19, dont nous vous proposons l’éclairage en encadré.

Par Sikou BAH

INFO-MATIN

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