Le Centre Régional AGRHYMET en partenariat avec l’Agence nationale de la Météorologie du Mali (Mali-Météo), le Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement (ACMAD) et les organismes des bassins organise, du 21 au 24 avril à Bamako, le forum régional de prévision saisonnière des caractéristiques agro-hydro climatique pour les zones sahélienne et soudanienne de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel (PRESASSS).
La cérémonie d’ouverture était présidée, le lundi 21 avril, par la Directrice générale de Mali-Météo, TANDIA Fanta TRAORÉ, qui avait à ses côtés le responsable de AGRHYMET, le Dr Abdou ALY.
Ce forum a enregistré la présence d’éminents experts climatologues, hydrologues et agronomes de la sous-région.
L’objectif de ce forum de quatre jours est l’optimisation des dispositifs de prévention et de gestion des risques, ainsi que la mise en œuvre de mesures novatrices pour tirer profit des potentialités des saisons agricoles. Il est également l’occasion pour les participants de poser les jalons pour assurer une sécurité alimentaire durable dans une région comme le sahel, zone de transition fragile entre le désert et les zones humides.
Le Dr Abdou ALY a rappelé que le Mali faisait partie des pays pionniers qui ont expérimenté le processus de prévisions saisonnières. Il a affirmé avec satisfaction que les différentes prévisions faites par les experts météorologiques se réalisaient le plus souvent. Ce qui fait que les services Météo gagnent de plus en plus la confiance des populations.
Le Dr Abdou ALY a souligné que ce forum se tenait au moment où l’on assiste à la combinaison à la fois des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur. Un contexte qui pousse à travailler davantage pour produire des prévisions météorologiques fiables afin d’orienter les populations.
Selon les explications du chef service observations et prévisions météorologiques de Mali-Météo, Amadou DIAKITE, ce forum permet d’étudier et de préparer les éléments en vue d’avoir des informations sur la tendance de la saison des pluies qui pointe à l’horizon.
« Comme vous le savez, si la saison des pluies est bonne, cela veut dire qu’il y aura de bons rendements et que l’économie sera plus performante. Par contre, si la saison des pluies se passe mal, les États font face à beaucoup de problèmes comme la sécheresse. Donc il est important pour les autorités de connaître le caractère de la saison pour prendre certaines dispositions », a détaillé M. DIAKITÉ.
Il a informé que cette rencontre sera sanctionnée par le forum des prévisions saisonnières et dont les résultats seront diffusés à grande échelle. Des informations qui permettront aux autorités, aux organisations sous régionales, aux ONG et aux partenaires techniques et financiers de prendre des dispositions de manière coordonnée.
La directrice de Mali-Météo, TANDIA Fanta TRAORÉ, a déclaré qu’au Sahel la conversation avec la nature n’a jamais cessé.
’’Elle s’observe dans le ciel, s’écoute dans le vent, se ressent dans la terre, se lit dans le comportement des êtres vivants que nous sommes ! Elle est transmise de génération en génération, souvent sans mots, mais avec attention’’, a affirmé la directrice de Mali-Météo.
Elle s’explique en soulignant ceci : « Quand les fourmis ailées surgissent, quand les oiseaux migrateurs passent, on sait que la pluie approche. Quand les chèvres grattent le sol, quand les bœufs s’agitent, ce ne sont pas de simples caprices, c’est le signal d’un changement d’état de l’eau, de l’atmosphère. Quand le karité fleurit ou que le néré s’ouvre, le calendrier de la nature se met en route. Et ce vent venu du sud-ouest, gorgé d’humidité… Il annonce l’arrivée de la saison des pluies. Et cette odeur si particulière, que nous connaissons tous… l’odeur de terre mouillée… elle ne ment jamais. Elle nous dit : «Préparez-vous, la pluie est là ! ».
TANDIA Fanta TRAORÉ a ajouté que dans le tumulte du monde moderne, dans le vacarme du changement climatique, ces voix s’effacent.
’’On consulte des écrans, mais on oublie le ciel ! On cherche des modèles, mais on néglige l’expérience’’, a-t-elle déploré.
Elle a appelé les experts à établir et à consolider le pont entre la rigueur scientifique et la sagesse ancestrale ; les satellites et les regards expérimentés ; les radars et les signes de la nature ; les modèles climatiques et les mémoires vivantes.
Selon la directrice, chaque prévision est une opportunité d’agir tôt et chaque échange que les experts vont faire au cours de ce forum se doit d’être une graine de résilience pour nos communautés d’usagers finaux, nos politiques, nos conjoncturistes qui attendent impatiemment les résultats de ces délibérations.
PAR MODIBO KONÉ