Le directeur général de l’Agence malienne de Presse et de Publicité (AMAP), Abdoulaye Traoré et le directeur de la Presse communautaire, Amadou Diallo, ont co-animé, samedi dernier, une conférence de presse à l’occasion de la célébration du 46è anniversaire de la création du journal Kibaru.
Au cours de cette rencontre avec les hommes des médias, qui s’est déroulée dans les locaux de la Direction de la Presse communautaire, au Quartier du fleuve, plusieurs points étaient au centre des échanges, notamment les questions relatives à la dynamisation du journal Kibaru et au renforcement de son personnel rédactionnel ainsi qu’à l’élargissement de son champ d’action.
Rappelons que Kibaru, pionnier de la presse en langue nationale au Mali, est un journal de la Direction de la Presse communautaire de l’AMAP. Son numéro zéro date du 10 mars 1972. «Mais avant le lancement, il y a eu deux ans de préparation si bien que l’on peut affirmer que l’idée du journal remonte véritablement à l’année 1970», a rappelé le directeur de l’AMAP.
Abdoulaye Traoré a ensuite indiqué que Kibaru compte essentiellement ses lecteurs en milieu rural. Mais il enregistre aussi des abonnements venant de centres urbains. Au départ, a expliqué le DG de l’AMAP, le journal Kibaru s’intéressait à tout ce qui contribuait à l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales, notamment en matière de vulgarisation agro-pastorale, de santé humaine et animale, de droits et devoirs du citoyen, d’éducation, d’environnement. Toutes choses qui, selon lui concernaient le développement en général.
A l’invers des journaux classiques, a ajouté M. Traoré, Kibaru a su favoriser un échange fécond avec ses lecteurs en leur réservant, à chaque parution, deux pages du courrier. De nos jours encore, a-t-il poursuivi, le journal comprend deux catégories de rédacteurs qui sont, d’une part, les communicateurs traditionnels du siège, et d’autre part, les lecteurs qui, avec leurs contributions, assurent une bonne partie de la publication. «Ça, c’est une particularité de Kibaru dans la presse malienne, et dans la presse en général», a souligné Abdoulaye Traoré.
Par ailleurs, M. Traoré a expliqué que le succès de Kibaru a conduit au lancement de deux autres journaux communautaires, à savoir Kabaaru (en peul créé en 1983) et Xibaare (en soninké créé en 1989). «C’est le succès de Kibaru qui a entrainé la création de ces deux journaux», a confié le patron de l’Agence malienne de Presse et de Publicité. Il a ajouté qu’au plan africain, le journal Kibaru a également connu un succès retentissant. Ce qui lui a valu d’être choisi par l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) comme le centre de formation des cadres de la presse rurale des pays africains, rappelant que le siège du journal a aussi été choisi pour abriter l’Association des réalisateurs des journaux ruraux africains.
Le temps a toutefois fait son effet et la situation est aujourd’hui loin d’être reluisante. Et Abdoulaye Traoré de déplorer la situation actuelle du journal en langue nationale bambara. «Il faut reconnaitre que 46 ans après, le dynamisme qui nous caractérisait dans les années 1970, n’est plus qu’un vieux souvenir. La presse communautaire était très dynamique au Mali dans ces années-là. A défaut d’avancer, nous avons stagné», a déploré le directeur de l’AMAP avant de lancer un appel aux partenaires à venir en aide à la presse communautaire en vue de sa redynamisation.
Dans son intervention, le directeur de la presse communautaire, Amadou Diallo, a rappelé qu’en 1968, notre pays a ouvert les premiers centres de formation en alphabétisation qui, au départ, étaient au nombre de 26. Deux ans plus tard, on comptait 1.544 centres de formation, ce qui a motivé la création du journal Kibaru. «Dès le premier tirage, Kibaru a été tiré à 8 000 exemplaires, et 22 ans après, il est passé à 18 000 exemplaires. Le besoin était là car il fallait donner un instrument de lecture aux néo-alphabétisés. Le journal Kibaru a beaucoup aidé les structures de l’Etat qui travaillent dans le secteur du développement rural, notamment les services de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche», a-t-il détaillé, ajoutant que ce succès a fait que la production de la version peulhe du journal a été, un moment, délocalisée à Mopti où il y avait un rédacteur en chef, une équipe de reportage et un service financier. A cette époque, Kibaru travaillait avec l’Office du Niger, la CMDT, les Offices Riz de Mopti et de Ségou et beaucoup d’autres structures de développement rural, a poursuivi M. Diallo.
Tout ceci n’est qu’un souvenir lointain, a regretté le directeur de la presse communautaire en expliquant que les difficultés du journal Kibaru ont commencé avec l’entrée en vigueur des politiques d’ajustement structurel et l’arrêt du financement des partenaires (UNESCO, CMDT, Office du Niger). Heureusement, s’est réjoui Amadou O. Diallo, que des lecteurs restent toujours attachés au journal sans compter la volonté du gouvernement de le maintenir en vie. «On est aujourd’hui à plus de 6.000 exemplaires encore. Ce qui veut dire que le journal tient toujours», a conclu M. Diallo.
Bembablin DOUMBIA
Source: Essor