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Presse : briser l’omerta sur les violences envers les femmes journalistes au Mali

Stéréotypes, harcèlement ou attouchement sexuels, les violences à l’égard des femmes sont légion dans l’univers des médias au Mali. Il est temps de briser l’omerta sur la question.

« Vous avez de jolies fesses »« vous avez de jolis seins », « avoir un coup avec vous n’est pas haram » …Voilà quelques-uns des messages que reçoivent quasi quotidiennement, dans les couloirs des rédactions ou sur leurs téléphones portables, des femmes évoluant dans l’univers des médias au Mali et avec qui Benbere a parlé. Dans le pire de cas, celles qui résistent sont sauvagement licenciées. D’autres renoncent purement et simplement à la profession.

Le harcèlement sexuel se définit comme un enchaînement d’agissements hostiles et à connotation sexuelle, dont la répétition et l’intensité affaiblissent psychologiquement la victime. En plus des stéréotypes et préjugés auxquels font face les femmes qui décident de faire du journalisme au Mali, elles s’exposent également au harcèlement sexuel.

« Si j’en parle, je mets mon travail en danger »

Le harcèlement et les attouchements sexuels dirigés contre des femmes dans les médias demeurent des sujets tabous au Mali. Celles qui se disent victimes sont nombreuses, mais rares sont celles qui acceptent d’en parler. « J’en ai subi mais si j’en parle, je mets mes patrons et mon travail en danger, témoigne une journaliste d’une chaîne de télévision privée malienne. C’est quotidien, je ne connais pas une collègue journaliste qui n’en a pas été victime.»

Une autre ancienne stagiaire dans une télé rapporte sa mésaventure avec son patron : « Je montais un élément de reportage dans le ‘box’, quand il est rentré en refermant la porte. Il s’est approché et a commencé à me toucher. Choquée, sur le coup je n’ai rien pu dire. Quand j’ai réalisé ce qui se passait, je l’ai repoussé ».

« Si tu n’acceptes pas ça ici, tu le feras ailleurs »

Il y a 6 ans, celle que nous appelons Fati (le prénom a été modifié) a dû quitter son poste à cause de « propos déplacés » de son patron qu’elle ne supportait plus. Avant de se quitter, son employeur lui aurait dit : « Si tu n’acceptes pas ça ici, tu le feras ailleurs ».

Dans son nouveau service, elle subit également les avances incessantes de son manager. Ce qui lui ôtera définitivement le goût de la profession dans laquelle on considère les femmes, pour reprendre ses mots, comme des « objets sexuels ».

Se taire par « devoir de confraternité »

Aujourd’hui, Fati évolue loin de l’univers des médias. Mais elle n’est toujours pas prête à évoquer publiquement son passé de journaliste, par « devoir de confraternité », comme elle aime à ironiser.

Au Mali, en dehors de  One Stop Center, un service de prise en charge holistique, mis en place par le Fonds des Nations unies pour la population en partenariat avec le ministère de la Santé et du Développement social, il n’existe pas encore de service spécifique de lutte et de prise en charge de cas de violences basées sur le genre (VBG) dans le secteur des médias.

Prendre des précautions

« La Maison de la presse prendra des précautions nécessaires si elle est saisie par des femmes journalistes victimes de harcèlement ou d’attouchements sexuels », tente de rassurer le nouveau président de la Maison de la Presse du Mali, Bandjougou Danté.

Quant à Mariétou Koné, la présidente de l’Alliance des professionnelles de la presse écrite au Mali (l’APPEM), elle recommande à ses consœurs le « port d’une alliance » au doigt donnant ainsi l’image d’une femme mariée et de privilégier des « habits décents ».

Par ailleurs, elle plaide pour une formation des femmes des médias sur les moyens de se protéger dans les rédactions et sur le terrain dans le cadre de leurs activités.

Il est important de lever le tabou autour de cette question, pour au moins dissuader les auteurs de ces violences.

Source: benbere
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