Les Soglo. Les Béninois entendent ce nom depuis plus de 30 ans. Nicéphore, le père, fut président de 1991 à 1996 puis maire de Cotonou entre 2003 et 2012. Rosine, la mère, est la fondatrice du parti Renaissance Bénin (RB). Léhady, leur fils, a succédé à son père à la mairie de Cotonou en 2015 et à sa mère à la tête de la RB en 2010. Alors que le 1er tour de l’élection présidentielle, le 6 mars, approche, cette famille incontournable du Bénin s’est cette fois fait remarquer en étalant au grand jour ses dissensions internes.
Léhady soutient Zinsou
Tout a commencé le 12 janvier quand Léhady Soglo officialisa sa décision de ne pas se porter candidat et d’accorder son soutien au Premier ministre et candidat des FCBE, Lionel Zinsou. Pour justifier son choix, Léhady expliqua avoir agi « pour préserver la stabilité et la paix ». Faute de candidat en interne, il a aussi décidé de suivre la majorité des élus locaux de la RB qui avaient opté pour soutenir la candidature du Premier ministre. La réponse de Nicéphore et Rosine fut immédiate. Trois jours plus tard, l’ancien couple présidentielle pondait un communiqué pour se désolidariser du choix de leur fils.
Leur réaction ne fut pas une surprise. Depuis l’annonce de la candidature de l’ancien banquier, ces derniers avaient multiplié les attaques à l’encontre du Franco-Béninois. La députée Rosine Soglo a ainsi affirmé : « Lionel Zinsou est un Blanc et aucun Blanc ne peut diriger le Bénin ». À la tête d’une coalition d’hommes politiques et de syndicalistes béninois, l’ancien chef de l’État a pris position, le 6 janvier, contre une candidature « imposée », considérant qu’il s’agissait là d’un « parachutage » téléguidé par la France.
Ajavon ou Talon ?
Depuis, une question agite tout le pays : vers qui penchera le couple Soglo ? Convoités par Sébastien Ajavon et Patrice Talon, Nicéphore et Rosine, qui se sont retirés depuis deux semaines dans leur fief d’Abomey (Centre) avec leur autre fils Ganiou, un ancien ministre aujourd’hui agriculteur, se font désirer. Si le couple est en contact avec les partisans et l’entourage des deux opérateurs économiques, certains doutent qu’ils se positionnent publiquement. Invité à le faire fin février lors d’une rencontre avec les soutiens de Patrice Talon à Abomey, l’ancien chef de l’État a botté en touche.
Ganiou, lui, a déjà fait son choix en soutenant publiquement Sébastien Ajavon : « Séba est votre président, parce que, ce que mon père n’a pas pu faire, lui, il va le réaliser », a-t-il déclaré fin février lors d’un meeting de l’homme d’affaires.
Source: Jeune Afrique