Malgré un faible taux de retrait de leurs cartes d’électeurs, les Maliens de l’extérieur entendent participer activement au processus électoral 2018. Même si, en fonction de leur lieu de résidence, cette participation sera plus ou moins importante, ils sont déterminés à jouer leur rôle de citoyens pour l’élection du 29 juillet 2018.
« Je n’ai jamais vu la population malienne aussi déterminée. En 2013, ce n’était pas pareil », témoigne Samba Gassama, Secrétaire général du collectif « Mains propres », qui réside en France depuis une vingtaine d’années. S’il déplore « l’anarchie » autour de la distribution des cartes d’électeurs, la sienne ne se trouvant pas au lieu indiqué, cela n’a pas entamé sa volonté d’exercer son devoir de citoyen. Mais récupérer sa carte au prix de plusieurs heures de trajet entre différents points de distribution n’est pas aisé et peut en décourager certains, reconnaît t-il.
L’engouement autour de la présidentielle 2018 va au delà d’un « éveil de conscience ». « Les gens savent que s’ils ne vont pas voter, rien ne peut pas changer », ajoute M. Gassama.
« Jamais les Maliens n’ont autant été engagés ». C’est aussi la conviction de Tiéfing Sissoko, Président de l’Association des professionnels et universitaires maliens de France (APUMAF). S’il constate l’engouement réel qui existe aussi grâce « aux réseaux sociaux, où les gens s’informent et s’impliquent », M. Sissoko regrette l’absence de débat entre les candidats pour « permettre aux citoyens de faire leur choix ».
Engouement à géométrie variable Estimée à quelques centaines de milliers de personnes, la diaspora malienne en France est très active, selon Mme Fatoumata Brunet, fondatrice de l’association « Tous à l’école au Mali ». Plusieurs organisations participent même à la sensibilisation pour « inciter » les Maliens à aller chercher leurs cartes, selon elle.
C’est grâce à l’engagement des Maliens vivant à Philadelphie que le « taux de retrait des cartes est élevé » dans cet État des USA, selon Moussa Ba, qui y réside depuis 15 ans. Membre d’un parti politique, il note que c’est grâce à la cohésion entre partis et société civile que « le retrait des cartes se passe bien ». Les 640 électeurs maliens de cet État entendent jouer pleinement leur partition lors de ce scrutin.
Plus que la motivation, il faut une véritable détermination pour obtenir sa carte. Zéïni Moulaye Haïdara, résident en Côte d’Ivoire depuis 40 ans, a dû faire plusieurs aller-retour. « J’ai retiré ma carte mais 8 membres de ma famille n’ont pas eu les leurs. Pourtant ils ont été recensés », déplore ce chef de famille. Il pointe du doigt l’absence de motivation de ceux qui sont chargés de distribuer les cartes et le manque d’engouement pour le scrutin. « Avant, on voyait les hommes politiques. Maintenant, même quand ils viennent, ils se limitent à un petit cercle ». M. Haïdara habite à Yopougon, l’une des plus grandes communes d’Abidjan. Pourtant, tout a été mis en œuvre pour une bonne organisation, assurent les autorités consulaires maliennes de Bouaké.
Trop peu d’électeurs ? S’ils ont encore quelques jours pour retirer leurs cartes, certains électeurs maliens de l’étranger désespèrent de ne pouvoir exercer devoir civique cette année. Ceux qui sont installés en Thailande, relèvent, comme ceux de 8 autres pays asiatiques, de New Delhi en Inde et doivent se déplacer dans cette capitale. « Tout le monde est mobilisé, mais il faut prendre l’avion pour aller chercher sa carte. Personne ne l’a fait », regrette M. Sylla résident dans le pays depuis 20 ans. Selon les responsables du ministère de l’Administration territoriale, cette juridiction compte 346 électeurs, ce qui justifie qu’il n’y ait qu’un bureau de vote.
Estimé à 19,72%, le taux de retrait des cartes des 452 900 électeurs maliens de l’étranger, est le plus faible enregistré au 15 juillet 2018. S’il ne traduit pas leur désintérêt, il souligne des insuffisances dans le processus électoral et même un « manque de confiance », selon certains.
Journal du mali