La politique est devenue désormais l’affaire de tous. Un artiste, en tant que citoyen lambda, doit se préoccuper des problèmes de son pays ainsi que de son devenir. Certains utilisent même leur art, l’humour, la comédie, le théâtre, la sculpture ou la musique, pour promouvoir un candidat.
Comme tout citoyen, un artiste, au-delà de sa profession, peut se présenter aux élections et voter, car la vie de la cité est une combinaison harmonieuse de toutes ses composantes, sans discrimination de sexe, de profession ou de religion. « Si l’artiste se met en marge de sa société et si jamais il est gouverné par n’importe qui, le politique peut prendre la décision d’interdire tel ou tel art, comme nous le voyons dans certains pays », souligne le Dr Bréhima Ely Dicko, chef du département Socio-anthropologie à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako.
De nos jours, les artistes maliens sont de plus en plus intéressés par la politique. Certains apportent même leur soutien à un candidat bien déterminé, comme Salif Keïta, Sidiki Diabaté, Iba One, Gaspi ou encore Tal B. « Nous sommes dans un gouffre. Est ce que Soumaïla ne peut pas nous faire sortir de là ? », dit Salif Keïta, qui lance un appel à tous ses fans pour un changement de gouvernance.
Parmi les jeunes de la génération montante, Gaspi précise « il y a un temps pour tout, actuellement, c’est l’heure des choses sérieuses » et Iba One et Sidiki ont décidé de joindre leurs forces au pouvoir en place, en laissant le choix à leurs fans de voter pour qui ils veulent. « Notre pays n’est pas un gâteau à partager, il nous faut mettre de coté nos intérêts égoïstes au profit de tous », s’insurge le professeur Issouf Diallo.
Certains humoristes, dont Petit Guimba et Claba, ont pris parti, tandis que d’autres, comme Souleymane Keïta dit Kanté, se veulent neutres. Certains jeunes bamakois voient ces artistes comme des mobilisateurs, car un artiste a toujours un public derrière lui, souvent prêt à suivre ses orientations politiques, sociales ou culturelles. « Un candidat ne peut pas convaincre les probables électeurs s’il ne les voit pas en face. La présence d’un artiste lui permet de drainer les foules », affirme Dr Brehima Ely Dicko. Mais ces prises de positions peuvent avoir des retombées néfastes sur les carrières. « Quand un artiste prend position et que son candidat ne passe pas, il est possible qu’on ne l’invite plus à des cérémonies officielles », conclut le professeur.
Mobilisateurs. De nombreux artistes aident les partis à remplir les espaces publics à travers le Mali. « J’ai assisté au lancement de la campagne d’un candidat à l’élection présidentielle, pas parce que c’est mon candidat préféré, c’est la présence de mon artiste chouchou qui m’a décidée » témoigne Mariam Diallo. Certains artistes entre autres, Master Soumy, Fouken J, Mylmo ont quant à eux, fait le choix du silence. Pour ces jeunes, les Maliens doivent mettre l’intérêt de la nation devant les intérêts personnels, estimant qu’aucun candidat parmi les 24 n’a réellement besoin du soutien des artistes pour être élu. « Nous devons mettre le Mali devant tout, l’absence d’une preuve, n’est pas l’absence de la vérité » déclare, Mohamed Soumano dit Mylmo.
Beaucoup d’artistes qui avaient soutenu des candidats sont décédés depuis, comme Moutchatcha (Alpha Oumar Konaré), Mangala Camara (Amadou Toumani Touré) et Bako Dagnon et Fantani Touré (Ibrahim Boubacar Kéita). Avis aux superstitieux…
Journal du mali