Dans un communiqué lu, le 25 janvier 2018, dans le journal télévisé de 20 heures de l’ORTM, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dénonce l’ouverture précoce de la campagne pour l’élection présidentielle de 2018. A l’origine de la plainte de l’institution de régulation de l’organisation des élections, les affiches supposées publicitaires dans les espaces publics à Bamako. Si la CENI s’est montrée trop généraliste dans son communiqué, elle braque les radars sur le candidat déclaré de Alliance Kayira 2018 à l’élection présidentielle, Dr Hamadoun Touré, en mentionnant : «la Commission électorale nationale indépendante (CENI) constate que certains candidats potentiels à l’élection du président de la République commencent à inonder les espaces publics d’affiches ou slogans qui s’assimilent à des affiches et slogans de campagne ». Plus de détails !
De l’avis général, avec les indices de son communiqué, la CENI pointe du doigt Dr Hamadoun I. Touré, le premier prétendant au fauteuil présidentiel à avoir eu l’audace de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle de 2018. Que lui reproche-t-on?
Il est sans doute reproché au candidat de Alliance Kayira 2018 de présenter ses vœux de nouvel an aux Maliens sur des affiches que l’on aperçoit sur certaines grandes artères de la ville de Bamako et sur lesquelles il est écrit : « Dr Hamadoun Touré vous souhaite une très bonne année 2018 ». Comme vérifiable sur les affiches du candidat, nulle part il n’est fait mention de vote ou d’élection présidentielle. C’est d’ailleurs pourquoi la CENI, dans le même communiqué, tâtonne sur le qualificatif « affiches de campagne » en ajoutant : « En effet, ces supports VANTANT LES MERITES OU LES CAPACITES d’un potentiel candidat RESSEMBLENT à des affiches de campagne alors que le Collège électoral n’est pas encore convoqué ».
Dans cette phrase, l’institution « tire à côté », car les affiches de vœux de nouvel an de l’homme ne font aucun éloge sur lui. Pas plus que d’autres panneaux du même type dressés dans la ville. Alors question : le candidat de l’Alliance Kayira 2018 est-il victime de sa popularité qui monte en flèche. Qui est derrière cette fausse alerte lancée par la CENI ? Le Dr Hamadoun Touré est-il déjà craint par ses adversaires avant même le coup d’envoi de la course vers Koulouba ?
« La CENI rappelle qu’aux termes de l’article 70 de la loi N°2016 00 48 du 17 octobre 2017 portant loi électorale, la campagne électorale est ouverte à partir du 21ème jour qui précède le jour du scrutin pour l’élection du président de la République et des députés, le 16ème jour précédant le scrutin référendaire, l’élection des conseillers nationaux et des Conseilleurs des Collectivités territoriales. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) constate que certains candidats potentiels à l’élection du président de la République commencent à inonder les espaces publiques d’affiches ou slogans qui s’assimilent à des affiches et slogans de campagne. En effet, ces supports vantant les mérites ou les capacités d’un potentiel candidat ressemblent à des affiches de campagne alors que le Collège électoral n’est pas encore convoqué. L’article 16 de la loi électorale dispose que la CENI veille à ce que la loi électorale soit appliquée aussi par les autorités administratives que par les partis politiques, les candidats et les électeurs. Ceux qui aspirent gérer l’Etat aux plus hautes fonctions ne doivent pas être les premiers enclin à la violation des lois de la République. La CENI invite la classe politique et les potentiels candidats à la retenue et au respect rigoureux de la loi électorale notamment en ses dispositions relatives à la campagne électorale », dit le communiqué signé par le président de la CENI, Amadou Ba.
En apprenant la nouvelle, les esprits de l’opinion ont tourné en rond avant de comprendre qu’il s’agissait du candidat de l’Alliance Kayira 2018 dont les affiches de vœux de nouvel an sont visibles dans certaines grandes artères de la capitale. Car, Dr Hamadoun Touré est, jusque-là, le seul candidat officiellement déclaré à l’élection présidentielle 2018.
En juillet 2018, il fera face à des candidats qui manquent toujours d’audace à se lancer officiellement dans la course.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, logiquement candidat à sa propre succession, continue de scruter l’horizon en attendant un éventuel consensus des partis de la Convention de la Majorité présidentielle autour de sa candidature.
Quant à l’opposition, la mayonnaise n’a pas encore pris par rapport à la question d’une candidature unique. On accorde, doucement, les violons.
Qu’en est-il des supposés prétendants indépendants au fauteuil présidentiel ? Modibo Koné, Kalfa Sanogo, Clément Dembélé et, dans une moindre mesure, Dramane Dembélé, peinent toujours à poser un acte officiel confirmant leur présence dans la future joute électorale.
Bref, le courage politique manque dans la classe politique malienne au moment où le candidat de l’Alliance Kayira impressionne les Maliens par son audace et sa vision pour le Mali.
Est-il un pêché de ménager sa monture pour qui veut aller loin ? Le candidat Touré serait-il aujourd’hui combattu pour son courage et sa vision pour le Mali ? Pourquoi fait-il si peur ? Est-ce un crime de souhaiter « Bonne année 2018 » aux Maliens ? Qui veut abattre ce nouveau venu dans la scène politique qui, pourtant, fera face à des vieux dinosaures dont les candidatures seront portées par des partis qui existent depuis 1991 ?
En tout cas, la CENI a tellement raté sa sortie médiatique que des observateurs politiques se demandent encore si elle n’est téléguidée?
Youssouf Z KEITA
Info Soir