Soumaïla Cissé, député élu à Niafunké, sera-t-il le président de l’Assemblée nationale pour la législature 2013-2018 ? Nous le saurons, en principe, aujourd’hui à l’issue des Journées parlementaires de la majorité présidentielle. Mais, si le nom du parrain de l’Urd et non moins challenger du président Ibrahim Boubacar Kéïta à la Présidentielle 2013 est cité, c’est que la majorité présidentielle semble avoir du mal à dégager en son sein un « présidentiable » digne de ce nom.
Soumaïla Cissé, futur président de l’Assemblée nationale ? La rumeur n’a jamais autant enflée que ces derniers jours. Pourtant, la question ne devrait pas se poser. Pour plusieurs raisons.
Primo, à l’issue des Législatives 2013, le Rpm, le parti du président de la République, compte (pour le moment) 70 députés dont 66 élus sous ses propres couleurs. Sur la base du fait majoritaire, le président de l’Assemblée nationale doit être issu naturellement et logiquement de ce parti, mais impérativement de la majorité présidentielle.
Secundo, l’Urd, parti membre du Fdr qui a porté la candidature du challenger d’Ibrahim Boubacar Kéïta à la dernière présidentielle, s’est positionnée comme la deuxième force politique du Mali avec 17 députés. En sa qualité de membre du regroupement Fdr, son appartenance à l’opposition va de soi. Et le leader de ce parti est naturellement le chef de l’opposition.
Tertio, lors des Journées parlementaires de l’Urd tenues le 13 janvier denier, le parti de la poignée de mains a formellement décidé d’animer l’opposition parlementaire. Les 17 députés du parti ont accepté le principe.
Alors, sur la base de ces trois raisonnements, Soumaïla Cissé peut-il être, malgré tout, président de l’Assemblée nationale ? Non ! répond un haut cadre de l’Urd (joint au téléphone), se fondant sur les textes et sur la pratique démocratique à travers le monde.
« C’est seulement dans le cadre de la cohabitation que le chef de l’opposition peut être président de l’Assemblée nationale », nous précise-t-il. Dans tout autre cas de figure, il perd son statut d’opposant et donc de chef de l’opposition.
Pourquoi le nom de Soumaïla revient sans cesse dans les débats et discussions à propos de la présidence de l’Assemblée nationale ? Notre interlocuteur répond : « Comme vous, les rumeurs nous parviennent ici sans cesse. Mais jusque là, Soumaïla n’a été saisi par personne sur la question. Lorsqu’il sera contacté, ça fera l’objet d’une réunion spéciale au sein du parti ».
Notre contact a d’autant plus raison que même par rapport à la participation d’un parti de l’opposition au gouvernement, les textes sont clairs. L’article 5 de la Loi n°00-047 du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition en République du Mali stipule que « …tout parti politique appartenant à l’opposition peut participer à la formation du gouvernement ou soutenir l’action gouvernementale. Dans ces cas, il perd d’office sa qualité de parti de l’opposition ».
L’homme providentiel ?
Comme nous l’écrivons plus haut, si l’option Soumaïla Cissé est avancée, c’est parce que la majorité présidentielle peine à trouver en son sein l’homme providentiel. De Abdrahamane Niang (élu à Ténenkou) à Karim Kéïta (élu en commune II du district de Bamako), en passant par Issaka Sidibé dit Isaac (élu à Koulikoro) et Pr. Kalilou Ouattara (élu en commune III du District de Bamako), tous les noms y passent et repassent, mais invariablement éliminés pour une raison ou une autre. Comme si le parti présidentiel et ses alliés manquaient de cadres capables de porter le manteau de 3è personnalité du pays et de potentiel président par intérim.
Dans tous les cas, le débat sera définitivement clos aujourd’hui, s’il ne l’est déjà depuis vendredi à l’occasion de la réunion d’échange des membres du groupe parlementaire Rpm. Ce jour là, le secrétaire général du Bpn/Rpm, Dr Bokary Tréta, a été formel par rapport au fait que le futur président de l’AN ne viendra pas d’un parti autre que le Rpm. Il a affirmé en substance : «Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita est le porteur du projet politique du Rassemblement pour le Mali. Chacun des députés, des ministres et tous les cadres doivent concourir à la réalisation de ce projet de société qu’IBK porte. Quand il y a vacance du pouvoir, ou empêchement définitif du président de la République, c’est le président de l’Assemblée Nationale qui assure l’intérim. De ce fait, l’avis du porteur du projet est important et déterminant. Par conséquent, son candidat sera notre candidat.
Il faut donc quelqu’un du parti, qui a la confiance absolue de notre porteur de projet, qui a été en complicité avec lui pendant nos années de lutte et quelqu’un qui a les compétences requises et avérées pour défendre avec lui le projet de société».
Sékou Tamboura