Après de bons et loyaux services rendus à la nation en tant qu’enseignant mais surtout Chef du Service du Courrier des Archives et de la Documentation du Secrétariat Général de la Présidence de la République, Emmanuel Sagara tire sa révérence. Recruté dans la Fonction publique depuis 1978, Emmanuel Sagara est un homme très modeste qui pourra désormais se reposer pour savourer les bons moments de sa retraite bien méritée. Agé de 63 ans, c’est un modèle dont la nation entière a reconnu les mérites. Il a ainsi été désigné porte-parole des partants à la retraite de la Présidence de cette année pour présenter les meilleurs vœux de tous ses collègues au Président de la République. Ainsi, M. Sagara a tenu un discours digne d’un grand poète pouvant faire couler les larmes des personnes les plus sensibles. Lisez donc, in extenso, son allocution à l’occasion de cette cérémonie grandiose tenue le 15 Janvier 2015 à Koulouba.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Mesdames, Messieurs,
Lorsque le soir tombe,
Alors que le chasseur est exténué,
Et que le gibier lui aussi est à bout de souffle
S’installe alors, de toutes parts, le doute.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Au soir de tant d’années de services rendus,
Au nom de mes compagnons, partant à la retraite :
– Monsieur Seydou Nourou Keita, Administrateur Civil, Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République, recruté dans la Fonction publique depuis 1980,
– Monsieur Bourama Diarra, Planton, recruté à la Présidence de la République depuis 1980,
– Mme Oumou Bane, Standardiste, recrutée à la Présidence de la République depuis 1992,
– Monsieur Makono Traoré, Chauffeur, recruté à la Présidence de la République depuis 2001,
– Et moi-même, Emmanuel Sagara, Enseignant, Chef du Service du Courrier, des Archives et de la Documentation du Secrétariat Général de la Présidence de la République, recruté dans la Fonction publique depuis 1978.
Tous encore dans nos fonctions, il y a seulement quelques jours.
Il me revient de prononcer la traditionnelle bulle de départ.
« Celui que l’on a vu venir un jour avec son large front,
Celui-là, on le verra repartir avec sa large nuque ».
La civilité est exigeante.
Quand on a eu le privilège de dire
Bonjour,
On voudrait avoir le bénéfice de dire
Bonsoir,
Quand on a salué en arrivant de quelque façon
On dit au revoir,
Ce pourrait être un adieu !
Mais selon la qualité des moments vécus et partagés,
On se fait des vœux les uns aux autres,
Plus ou moins sincères.
Il me revient donc,
Au moment où nous allons, sans partir,
Il me revient de signifier que l’heure du bilan est venue.
Comment vous la traduire voici la tentative !
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Par Décision, par Arrêté ou par Décret, nous avons été sollicités pour servir la Nation selon nos capacités, nos diplômes et nos talents.
Nous sommes, selon, Cadre A de la Fonction Publique ou conventionnaires d’un moment. Chacun à sa façon a servi ici et ailleurs, à travers le pays avec plus ou moins de rigueur et de patriotisme.
Seules vous le traduisent les différentes notations administratives dont nous avons été l’objet au fil des années et des services.
C’est au total 34 voire 40 années de nos 58 ou 62 ans de vie que nous avons données.
Notre dernier poste – pour certains le seul de leur carrière – est la Présidence de la République, où nous avons passé de 02 à 34 années selon les cas.
Nous avons vécu beaucoup de joies :
En résultats,
En contacts,
En connaissance,
En affection,
En expérience,
La connaissance des femmes et des hommes,
La connaissance des collègues et des collaborateurs.
Que de jours et de semaines,
Que de mois et d’années,
Mais aussi que de joies et de peines
Pour tous les combats gagnés
Mais aussi pour tous les échecs humains.
Pour tout, et à toutes et à tous
Nous disons merci.
Merci pour l’accueil,
Merci pour l’assistance et l’aide,
Merci pour la présence et les conseils.
Accepterez-vous le pardon que nous implorons ?
Nous avons mille et une raisons de demander pardon.
Pardon d’avoir manqué quelques fois à nos devoirs,
Pardon d’avoir manqué de courtoisie à nos collègues,
Pardon, dès fois, pour n’avoir pas été simplement présents là où nous étions attendus.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Mesdames, Messieurs
Que nous allions ou que nous partions,
Pas de Requiem ni de Te deum,
Pas de Lauda Te ni de lauriers,
Encore moins d’épitaphe,
Car nous n’aurions fait que notre devoir.
La meilleure façon de pleurer un ami, c’est de cultiver son champ à son absence. Nous avons ensemencé des champs, nous vous les confions !
En espérant que malgré nos départs des bureaux, nous poursuivrons nos commerces des hommes,
En souhaitant que nous demeurions toujours des voisins de cœurs,
Que le Tout Puissant qui connaît la justesse de nos actes et de nos pensées, guide nos pas !
A bientôt donc !!!
Je vous remercie !
Emmanuel Sagara, Officier de l’Ordre National du Mali
Réalisé par Alfousseini Togo
Source: Canard de la Venise